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plufieurs paffages épars dans les Auteurs anciens : ils expliquent ce que ceux-ci ont dit fouvent par tradition, & qu'ils n'entendoient pas eux-mêmes. Nos neveux, en profitant de la lecture de ces deux Sçavans modernes, iront affurément plus loin que nous fur cette partie de l'antiquité, jufques ici chargée des plus grandes obfcurités. Pour moi je n'ofe m'étendre fur les Aborigènes, ni fur les Etrufques, par rapport à leur établissement dans l'Italie : je ne fuis point affez fçavant pour appuyer mes convictions; j'avouerai feulement que le paffage ou la tranfmigration, enfin, l'origine de ces Peuples me paroît venir des Celtes; que les connoiffances & la pratique des Arts qu'on ne peut refufer aux Etrufques, ne doivent être attribuées qu'à la communication facile qu'ils ont eue avec les Egyp tiens, & principalement à la curiofité & au goût naturel de ce Peuple, fur l'efprit duquel le climat de l'Italie, c'est-à-dire, un dégré de chaleur modérée & convenable ont influé. J'ajoûterai toujours, en parlant très-généralement, que les hommes étant fufceptibles de l'impreffion d'un climat, fe reffemblent fucceffivement, & que par conféquent ils fe répetent. Ainfi la marche des Huns que M. de Guignes a fi bien développée, me paroît une répétition plus moderne, mais pareille à celle des Scythes: ces derniers ont trouvé des circonftances plus favorables, c'est-à-dire, des pays incultes, déferts ou médiocrement habités, aucun obstacle n'a pû les empêcher de s'étendre; tandis que les Huns, partant du même pays, occupés du même projet, ont rencontré des difficultés qu'ils n'ont pû furmonter & qui les ont empêché de pouffer leurs. conquêtes, ou plutôt leurs marches, jufques à l'Océan.

PLANCHE XXIII

N. I.

QUELQUE inutiles que puiffent être pour l'inftruction ces figures anciennes, foit Aborigènes, foit Etrufques,

je ne me laffe point de les rapporter : j'ai peut-être plus de plaifir en regardant celle de ce n°, qui ne peut être plus éloignée de l'art, que je n'en aurois en voyant celle d'un Mime: je me représente qu'une pareille figure a conftamment été admirée dans le tems qu'elle a paru. Cette comparaison de l'applaudiffement & de l'ignorance eft un amufement réel. Quelle que foit cette figure, je la crois une des premières faites ou dans l'Etrurie ou dans l'ancienne Italie, conféquemment à l'idée nationale; & dès lors je la trouve intéreffante & délicieufe à rapporter: fa confervation n'a de mérite qu'autant que l'on fe repréfente fon antiquité. Hauteur de ce bronze, un demi-pied moins de quatre lignes.

Nos. II. & III.

Rien ne me fait autant de plaifir que la rencontre des monumens qui prouvent ou du moins qui indiquent les fources premières ; celui-ci me paroît Aborigène ou ancien Etrufque: il ne veut rien dire par lui-même; mais le travail, la fonte & le deffein ne pouvant être foupçonnés de l'Egypte, je vois avec plaifir une imitation si marquée, produite par une autre Nation : elle eft d'autant plus agréable à rencontrer qu'elle fournit plufieurs idées. Les Etrufques, en imitant les pofitions des figures des Egyptiens, ne paroiffent point avoir admis leur culte; & c'eft ce qu'on a pû remarquer dans le grand nombre des monumens de cette Nation, que j'ai rapportés précédemment. Celui que l'on voit fous ce no, représente une figure d'homme avec une tête de loup ou de chat, affife dans une pofition empruntée de l'Egypte; elle pourroit feule perfuader que le culte Egyptien avoit fait des progrès égaux; mais un feul exemple ne fuffit pas pour convaincre.

Hauteur de cette figure très-informe, un pouce huit lignes.

Nos. IV. & V.

Je ne puis regarder cette figure de bronze mutilée de fes deux pieds, que comme celle d'une jeune femme qui fait une offrande. Son action eft peu intéreffante en elle même; mais la position de ses bras & celle de fon voile qui retombe devant elle, & qu'elle foutient d'une de fes mains, présente un des exemples dont les Romains ont le plus profité pour la difpofition de leurs figures, & celle de leurs draperies. Le n°. V, fera pleinement fentir cette source originale, le feul avantage que l'on puiffe retirer de ce petit monument.

Hauteur deux pouces cinq lignes.

PLANCHE XXIV.

Nos. I. & II.

J'AI tant parlé des anciennes figures des Aborigènes & des Etrufques, que je ne puis ni ne dois en rien dire ici. Le peu de différence que l'on remarque dans ces monumens, eft médiocrement fenfible pour le Lecteur. Cependant je ne puis m'empêcher de rapporter cette figure, dont le trait conferve une idée Egyptienne, fans préfenter d'autre vêtement que des fouliers pointus & un bonnet dont la fimplicité prouve qu'on étoit alors éloigné de toute recherche : les deux mains de cette figure de bronze font caffées, mais leur perte eft légère. Če monument a été

trouvé en Tofcane.

Hauteur trois pouces huit lignes.

N°. III. & IV.

Cette figure, conftamment Etrufque & conftamment encore celle d'une Divinité, eft plus moderne que la précédente; une plus grande idée de travail & de mouvement le prouve beaucoup plus qu'une augmentation de parure & de draperie, qui donne occafion à l'examen fuivant.

Je croirois affez que ce monument nous préfente une Minerve, & cette opinion n'eft cependant fondée que fur le devant de la coëffure; car le derrière, comme on le voit au no. IV, n'a aucun rapport avec le cafque de cette Déeffe. D'un autre côté, ce bras élevé & orné d'un braffelet ne convient guères à Minerve, non plus que l'affectation avec laquelle elle tient le bout de fon fouet. Du reste fa draperie eft élégante & affez bien traitée : les deux afpects du deffein font fentir le mérite ou plutôt le mouvement de cet habillement, qui pourroit auffi engager le Lecteur à regarder ce monument comme une repréfentation de Vénus, quoique le chaperon femble s'y opposer: la main élevée & les deux pieds manquent à cette figure trouvée dans la Toscane; les autres parties font très-diftinctes & très-apparentes.

Hauteur quatre pouces fept lignes.

Nos. V. & VI.

J'ai rapporté dans le Ve Volume un pied de vafe de Planc. xL, n°. v. bronze représentant un char à quatre chevaux avec fon conducteur. Depuis ce tems j'ai reçu de Rome un morceau trouvé nouvellement en Tofcane, & c'eft celui que préfente ce numéro. Le travail de ces deux monumens eft pareil, & je les crois du même tems; mais celui dont il eft queftion, préfente un cavalier pied à terre, appuyé fur fon cheval. Ces compofitions prouvent que dans ce tems où les arts étoient un peu plus développés chez les Etrufques, ils aimoient affez les chevaux & les exercices qui en dépendent, pour les introduire dans leurs ornemens. Le morceau du Ve Volume indique facilement fon ancien ufage; mais la place que celui-ci occupoit autrefois, quoique de la même dif pofition & de la même proportion, me paroît impoffible à concevoir. L'homme & le cheval font placés à l'extré mité du morceau chargé d'ornement, tel qu'on le voit au n°. VI: ce plan eft percé pour être attaché. Le total ne pouvoit former une anfe; le cheval & l'homme auroient:

été pofés fur le plat; ce morceau ne pouvoit être employé pour les pieds d'un vafe, l'homme & le cheval auroient été placés abfolument à la renverfe; à quelque ufage que les Etrufques l'ayent deftiné, fa confervation eft très-belle. Sa largeur eft de dix-fept lignes, & fa hauteur de dix-neuf lignes.

PLANCHE XXV.

Nos. I. & II.

On pourroit donner ce Jupiter de bronze aussi bien confervé que mal deffiné, aux Gaulois, comme aux Etrufques; mais le piédestal fondu avec la figure, & fa forme, appartiennent à ces derniers; d'ailleurs l'arrangement des cheveux que l'on peut voir au no II, me paroît conferver une impreffion Egyptienne, que les ouvrages de la Gaule ne préfentent point: il est toujours conftant que ce monument n'eft pas des plus anciens de l'Etrurie; tous ceux que j'ai raffemblés dans ce Recueil peuvent le

certifier.

Je ne fçais par quelle raifon les figures de Jupiter travaillées par les Etrufques ne font pas communes. Hauteur avec le piedestal, deux pouces dix lignes.

No. III.

Le foldat ou l'athlète Etrufque gravé en creux fur une agate blanche, eft représenté dans l'action de combattre, ou dans une bataille ou dans les jeux; mais en quelque endroit qu'il ait voulu donner des preuves de fon courage, il paroît s'avouer vaincu, car il baiffe la pointe de fon épée: du refte il eft nud & n'a d'autre défense que fon cafque & fon bouclier. Les caractères écrits d'un côté dans le tour de la pierre, nous inftruiroient peut-être un peu plus s'il étoit poffible de les lire: mais à qui s'adreffer pour en avoir l'intelligence?

Le travail de cette pierre eft affez foible; il me paroît

de

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