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omettre ici. Après avoir dit que lorf- J. Des que ce Cardinal connoiffoit un bel MARETS. efprit, qui ne fe portoit pas par fa propre inclination à travailler en ce genre, il l'y engageoit infenfiblement par toutes fortes de foins & de careffes il ajoute :» Voyant que » M. Des-Marefts en étoit très-éloi- »› gné,il le pria d'inventer du moins un fujet de Comédie, qu'il vouloit » donner, difoit-il, à quelqu'autre » pour le mettre en vers.M.Des-Ma- »` refts lui en porta quatre bien- tôt »: après. Celui d'Afpafie,qui en étoit » l'un, lui plûr infiniment; mais » après lui avoir donné mille loüan-» ges, il ajouta : Que celui-là feul qui »› avoit été capable de l'inventer, feroit capable de le traiter dignement, &»: obligea M. Des-Marefts à l'entre- »› prendre lui-même, quelque chofe » qu'il pût alléguer. Enfuite ayant »› fait repréfenter folemnellement >> cette Comédie devant le Duc de »: Parme, il pria M. Des- Marefts de ». lui en faire tous les ans une fem-> blable. Et lorfqu'il penfoit s'en ex- » cufer fur le travail de fon Poëme » Héroïque de Clovis, dont il avoit ››

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J. Des déja fait deux livres, & qui reDES D MARETS. gardoit la gloire de la France & celle du Cardinal même, le Cardinal répondoit qu'il aimoit mieux » jouir des fruits de fa Poëfie autant qu'il feroit poffible, & que ne croyant pas vivre affez long-tems » pour voir la fin d'un fi long Ouvrage, il le conjuroit de s'occuper » pour l'amour de lui à des piéces » de Théatre, dans lefquelles il pût fe délaffer agréablement de la fatigue des grandes affaires. De cette forte il lui fit compofer l'inimitable » Comédie des Vifionnaires,laTragicomédie de Scipion, celle de Roxane, Mirame & l'Europe.

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Il fut de l'Académie Françoife dès fes commencemens, & on le choifit pour en être le premier Chancelier; Charge dans laquelle il fut continué pendant quatre ans, c'est à-dire depuis le 13.Mars 16 34. jufqu'au onze Janvier 1638.

Chapelain parle ainfi de lui dans fon Memoire des gens de lettre vivans

en 1662.

» C'eft, dit-il, un des efprits faciles de ce tems,& qui fans grand

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fond fçait une grande quantité de » J. DESchofes & leur donne un meilleur » MARETS. jour. Son ftile de profe eft pur, " mais fans élévation: En vers il eft o élevé & abbaiffé, felon qu'il le défire; & en l'un & l'autre genre » il eft inépuifable & rapide dans l'é- » xecution, aimant mieux y laiffer » des taches & des négligences, que » de n'avoir pas bien-tôt fait. Son » imagination eft très- fertile, & fou- » vent tient la place de jugement. Au- » trefois il s'en fervoit pour des Ro- » mans & des Comédies, non fans » beaucoup de fuccès; dans le retour" de fon âge, il s'eft tout entier tour- » né à la dévotion, où il ne va pas » moins vite qu'il alloit dans les lettres prophanes.

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On verra plus bas ce qu'on doit penfer de fes Romans & de fes Comédies. Pour ce qui eft de fa dévotion, Chapelain en a parlé trop favorablement; il devoir dire qu'il devint Vifionnaire & Fanatique comme on le reconnoitra fans peine par ce que je rapporterai dans la fuites de fes derniers Ouvrages. La maniere même, dont il en ufa dans l'af

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J. DES- faire de Simon Morin, fait affez voir MARETS..quefa prétendue dévotion,manquant de cette droiture & de cette bonne foi, qui font inféparables de la véritable,n'étoit qu'une dévotion d'humeur & de temperament. On peut voir ce que j'en ai dit dans l'article de ce Fanatique, tome 27. de ces Mémoires, p. 52.

Il mourut le 28. Octobre 1676. âgé de plus de 80. ans, & fut enterré à S. Paul. Il étoit alors attaché au Duc de Richelieu. & ce fut chez lui qu'il mourut.

Catalogue de fes Ouvrages.

1. Ariane, Roman. Paris 1532. in40. It. ibid. 1632. in-12. Deux vol. It. ibid. 16-39. in-4°. It. ibid.1666.in12. Deux vol. L'Edition in-4°.. eft accompagnée de belles figures gravées par Boffe. lt. Traduite en Flamand par J. J. Schipper. Amfterdam. 1641. in-80. Des-Marefts s'eft éloi gné dans ce Roman des idées de vertu qu'on repréfentoit alors dans ces fortes d'Ouvrages. C'eft une chofe dont Gueret l'a raillé agréablement dans fon Parnaffe Réformé, lorfqu'il· met cette plainte dans la bouche

d'Ariane,

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d'Ariane, fon Héroïne. « Ce n'eft « J. DES pas une chimére que l'injure qu'on a MARETS. m'a faite. On ne trouve chez moi « que des lieux infames; chaque li- « vre en fournit un pour le moins, & « les Héros du Roman font fi bien « accoutumés à fréquenter ces en droits, qu'on les prendroit pour «< des Soldats aux Gardes, ou des a Moufquetaires. Me rendre vifite, « & aller au(vous m'entendez bien) « n'eft plus qu'une même chofe, on « confond maintenant l'un avec l'au a tre, & je fuis devenue le répertoire & de tous les bons lieux. Je ne m'é- « tonne point après cela, fi l'on me « fait paroître nuë, il y auroit eu de «< l'irrégularité d'en avoir ufé d'une << autre forte; & puifqu'Aftrée, qui « n'avoit pas l'avantage du lieu com- « me moi, fe montre à Celadon en « cette pofture, il étoit d'une nécef « fité indifpenfable que j'en fiffe a u-« tant. Je ne fçai pas fi mon Aute ure fait cette réflexion; mais je vou-☛ drois bien qu'elle ne fût pas fi jufte, mon honneur & le fien s'en trou- « veroient mieux. »

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2. Afpafie, Comédie. Paris. 1636.
Tome XXXV.

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