le mieux qu'il put fans trop s'expo- S. CLARfer, & comme un homme qui voyoit K E. de loin l'orage qui alloit fondre fur

lui.

Cependant il ne fe rétracta point, & il fit même en 1713. une chofe qui marquoit bien qu'il perfeveroit toujours dans les mêmes fentimens. Pour n'être point obligé de lire la Collecte du Dimanche de la Trinité, qui renferme expreffément ce dogme, & qui fait partie du fervice de la Communion, qu'on a coutume de donner ce jour-là dans toutes les Paroiffes, il negligea d'adminiftrer ce Sacrement dans fon Eglife, & en renvoya de fa pure autorité la célébration à un autre Dimanche. Cela excita un murmure général parmi fon troupeau, & fit même tant de bruit, que la Reine en étant informée le raya du nombre de fes Chapelains.

En 1714. la Chambre Baffe de l'Affemblée du Clergé porta fes plaintes contre lui à la Chambre Haute, l'accufant d'avoir enfeigné ou favorifé l'Arianifme dans fon Livre fur la Trinité. La Chambre Haute

K E.

S. CLAR-chargea la Baffe de fournir les preuves de cette accufation ; & celle-ci le fit en tirant du Livre diverfes propofitions qu'elle qualifia d'hérétiques. Clarke fut admis à y répondre, mais fa réponse ne fut pas trouvée fatisfaifante.. Les efprits s'échaufferent, & quoiqu'il eût beaucoup d'amis zelés, fur-tout dans la Chambre Haute on ne parloit pas de moins que de le dépofer.

من

Enfin fes amis craignant que les chofes n'en vinffent à quelque fàcheufe extrémité, lui perfuaderent de préfenter aux Evêques un écrit, dans lequel il déclaroit qu'il croyois que le Fils de Dieu étoit engendré de toute éternité par la puiffance & la volonté éternelle & incomprehenfible du Pere; que le S. Efprit procedoit aufi éternellement du Pere par le Fils. Il y promettoit outre cela, de ne plus prêcher, & de ne plus écrire. fur la Trinité, fe foumettant, au cas qu'il le fît d'une maniére contraire à la doctrine de l'Eglife Anglicane, à tout ce que l'Affemblée du Clergé jugeroit à propos de lui infliger. Il fimiffoit en affurant qu'il étoit très

fâché

faché d'avoir donné du fcandale CLAR-
S.
& qu'il feroit à l'avenir en forte
qu'on n'auroit plus aucun fujet de
fe plaindre de lui.

Cet écrit, qui avoit tout l'air d'une retractation, déplut fort aux Ariers; ils reprocherent hautement à Clarke de s'être fervi des termes de génération & de proceffion éternelle. qu'il avoit jufqu'alors fagement évités, & d'avoir employé à cet égard le mot d'éternel, fans aucune reftriction, comme s'il l'eût pris dans le même fens, que lorfqu'il l'appliquoit à la puiffance & à la volonté du Pere; ce qui étoit directement contraire à la doctrine, qu'il avoit établie dans tout fon Livre. Ils ajouterent que s'il avoit entendu ce not dans un autre fens, il en avoit impofé à fes Juges, & à tout le Public, pour fe mettre à couvert de la perfécution. Clarke fut très fenfible à ces reproches, & pour rétablir fon honneur à leur égard, il fit remettre à l'Evêque de Londres une explication du précedent écrit, telle à peu près que fes partifans pouvoient le fouhaiter, le priant inTome XXXV

Gg

KE.

S. CLAR-1 tamment de la communiquer à la Chambre Haute de l'Affemblée du Clergé. Mais, ou ce Prélat ne le jugea pás à propos, ou lá Chambre Haute, dont la plupart des membres defiroient de voir terminer au plûtôt cette affaire fans bruit, n'eut aucun égard à cette explication; quoiqu'il en foit, il n'en fut point parlé, & l'on s'en tint au premier écrit de Clarke.

La Chambre Haute declara par un Acte du 5. Juillet, qu'elle en étoit fatisfaite, & arrêta toutes les pourfuites, malgré les oppofitions de la Chambre Baffe, qui vouloit une retractation plus ample & moins équivoque. Ce fut ainfi que finit cet

te affaire.

Cependant un de fes amis fit imprimer peu de temps après fon Apologie, dans laquelle il tâcha de faire voir qu'il ne s'étoit point retracté; Clarke lui même n'oublia rien pour le faire croire au Public. Il défendit publiquement fes premiers fentimens contre trois ou quatre nouveaux Antagonistes,qui l'attaquerent prefque tous à la fois. Dans une fe

T

conde édition, qu'il donna quel- S. CLAR ques années après de fon livre fur la xɛ. Trinité, il retrancha avec foin tout ce qu'il avoit dit pour juftifier ou excufer la coûtume de foufcrire aux Confeffions de foy & aux Liturgies aufli bien que l'explication qu'il avoit donnée du Symbole de S. Athanafe, pour l'accommoder à fon systeme. Il fit plus, il ne voulut jamais accepter depuis aucun benefice qui l'engageât à une nouvelle figna

ture.

En 1718. il s'avifa de changer pour l'Ecole de charité de fa Paroiffe, la doxologie, qui eft à la fin de chacun des Pfeaumes en vers, & que l'on chante communément dans l'Eglife Anglicane ; & au lieu de ces mots qu'on y lit: A Dieu le Pere, le Fils, & le S. Efprit, &c. il mit ceuxci:ADieu, par Fefus-Chrift fon Fils Notre Seigneur, &c. Mais l'Evêque l'ayant appris en fut extrêmement irrité, & après l'avoir obligé à retablir les chofes fur l'ancien pied il écrivit une Lettre circulaire à tous les Curés de fon Diocèfe › pour leur défendre de faire à cet égard