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dre la réputation de fon pere, crut y contribuer en traduifant ce poëme La- TRADUCtin en vers François, & il fit réimpri- POET.LAT mer ce poëme en 1605. avec fa tra- Mod. duction, qu'il adreffa par une Epître, en vers François, à Catherine de Lorraine, femme de Charles de Gonzagues de Cleves, Duc de Nevers & de Retelois. Mais il auroit mieux fait de traduire en profe le poëme de fon pere, puifqu'il vouloit le faire connoître à ceux qui ignoreroient la langue Latine, que de lui faire parler un langage que les Mufes n'avouerent certaine-. ment pas, & par lequel il rifquoit d'effaroucher, plutôt que d'attirer les

lecteurs.

Hugues Grotius, favant Hollandois, trop connu par la multitude de fes ouvrages, & la variété des matieres qu'il a traitées, pour que je m'étende ici sur son sujet, étoit auffi Poëte, & l'on a dans le recueil de fes poëfies Latines plufieurs pieces très-eftimables, qui ne nous déplairoient pas fi elles étoient bien traduites en notre langue. Vous en avez un exemple, dans les onze vers Latins que ce Savant fit dans fa jeunesse fur Ofende. C'est une Profopopée de cette ville, qui

TIONS DES

de Holl. de

Obfervat. de

Malh. in-8°.
P. 422.

avoit déja fouffert un fiege de trois TRADUC- ans. On attribua ces vers à tous les POET.LAT. grands hommes qui vivoient alors. MOD. Gaffendi, dans fa vie de Peiresc, dit Vie de Grot. que celui-ci crut d'abord qu'ils étoient dans les Mém. de Jofeph Scaliger: Matthieu les lui M. du Mau- attribue auffi dans fon Hiftoire des rier, p.398. fept années de paix. On apprend du Mén. fur les Mercure François de Pierre-Victorpofies de Palma Cayet, que l'on en faifoit honneur à Dominique Baudius. On en fit encore préfent à d'autres. A la fin Grotius voyant que ces vers étoient généralement approuvés & admirés ne put réfifter à la tentation de s'en déclarer l'Auteur, & il eut la fatisfaction de les voir traduits en vers François par quatre de nos Ecrivains d'un mérite diftingué Guillaume du Vair, Garde des Sceaux, Nicolas Rapin Etienne Pafquier qui les croyoit de Scaliger, & enfin par le célebre Malherbe, qui a fait oublier les trois autres traductions. Je ne vous la rapporte pas, parce qu'elle fe trouve dans le recueil des poëfies de Malherbe dont on a plufieurs éditions, & que M. du Maurier a donné auffi cette même traduction dans fon abrégé de la vie de Grotius, qui eft à la fin de fes

TRADUC

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POET.LAT

Mémoires pour fervir à l'Hiftoire de Hollande, &c. imprimés en 1680. in-8°. A l'exception de cette piece de Grotius, je ne connois point d'autres poë- Mo D. fies de ce grand homme traduites en notre langue, que fon Elégie fur les agrémens de l'hyver, plus imitée que traduite en vers François par M. d'Ifs, Gentilhomme de Normandie, membre de l'Académie de Caën, le même dont je vous ai parlé à l'occafion des poëfies de M. de Thou mifes en vers François par fon pere. L'Elégie de Grotius eft trop libre; & M. d'Ifs avoit trop fuivi fon original lorfqu'il lut fon imitation dans l'Académie de Caën, au mois d'Avril 1742. On le lui fit remarquer il y fit de legers changemens qui ne la rendent guére Nouv. litt. plus décente, & c'eft ainfi qu'elle a 1743.p. 61, été imprimée dans les Nouvelles littéraires que l'on publie à Caën depuis quelques années.

Si ces traductions de quelques poëfies de Grotius ne vous fuffifent pas pour vous faire connoître le mérite poëtique de cet habile Ecrivain, vous pouvez lire les Jugemens que les Savans en ont portés, & que M. Baillet a recueillis. Ce Critique auroit pû ap

pour l'année

T. v. in-4%

1

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Epift. è Mu

1702. in-8°.

2. vol. in-12.

porter encore en témoignage la lettre TRADUC- de Jean-Gafpar Gevartius, adreffée à POET LAT. Grotius, & datée de la Haye le 13. MOD. Janvier 1613. fi cette lettre eût éré Clar. viror. plutôt rendue publique. Gevart y parfeo Joann. le des poëfies de Grotius, comme il Brant. Amft. eût pû faire de ce qui a été écrit de Epift. 4. P. plus-eftimable en ce genre dans les 17. beaux jours de la poëfie Latine. Il dit Vie de Gro- que celui avec qui il les lifoit, & qu'il tius, par M. Levefque de donne pour un homme de goût, enBurigni, en flammé par cette lecture, n'avoit point d'autres expreffions pour les louer comme elles le méritoient, que deles nommer divines. Pour moi, ajoute Gevart, j'oferai du moins dire que depuis Claudien on n'a point fi bien écrit en vers, foit que l'on faffe attention à la matiere de ces poëfies, foit que l'on en pefe le ftyle & les expreffions. Elles vivront, oti elles vivront, & au lieu que les poëfies des autres n'ont d'autre mérite que celui de nous causer du plaifir, les vôtres, dit-il à Grotius, allient P'utilité la plus grande, à la fatisfaction la plus complette.

Je pourrois vous produire des témoignages auffi avantageux en faveur des poëfies d'un Savant ami de Grotius le pere Denys Pétau, Jéfuite, Ecri

TRADUCTIONS DES

vain trop diftingué en tout genre d'érudition, pour que j'entreprenne d'en faire l'éloge. Mais excepté fes hymnes POET.LAT. à la louange de fainte Genevieve, Pa- MOD. trone de Paris, je ne crois pas que l'on ait traduit en notre langue aucune de Les poëfies.

Environ dix ans avant là mort de ce favant Jéfuite, Victor Pallu, qui avoit été Médecin du Comte de Soiffons, celui qui fut tué à la journée de Sedan en 1641. s'étant retiré dans la folitude pour ne plus s'occuper que de l'éternité, compofa un fort beau poëme Latin, qu'il intitula fon Adieu au monde. Ce poëme où la piété n'affoiblit point les graces de la poëfie, fut extrêmement goûté de ceux qui le virent alors. On fe contenta cependant d'en prendre des copies; & je ne crois point qu'il ait été imprimé avant 1735. où M. le Fevre de Saint Marc l'inféra dans un recueil de pieces concernant l'ancien Monaftere de Port-Royal des Champs qui ne fubfifte plus. Cet habile Editeur, Auteur lui-même de plufieurs pieces d'efprit & de goût qui ne font guéres connues que de fes amis ajouta deux traductions de ce poëme, J'une en profe, fidelle & littérale, l'au

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