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TRADUC

TIONS DES

le grand Poëte. Dès 1478. Bernard
de Sienne publia fur cet ouvrage un
commentaire trop diffus qui parut à POETES
Venile in-folio.

Nous avons des fix triomphes une ancienne version en profe, dont l'Auteur eft nommé George de la Forge, Bourbonnois, dans le catalogue, page XI. des livres de Madame la Princeffe trouvés après fon décès, l'an 1723. au Château d'Anet. Cet ennuyeux Traducteur voulant faire montre de fon érudition & de fes lectures, ne s'eft pas contenté de paraphraser son original, il l'a commenté, & il a inféré fon commentaire dans le texte. Souvent il entre dans le détail de la vie des perfonnages que le Poëte fe contente prefque de nommer. Auffi a-t-il tellement enflé l'ouvrage de Pétrarque, qu'il feroit très-difficile aujourd'hui d'en fupporter la lecture par le dégoût que caufe fa prolixité, fi fon ftyle, très fouvent inintelligible, pouvoit permettre d'entreprendre cette lecture. Il y a lieu de croire que l'Auteur vivoit dans le quinzieme fiecle, & que fa traduction n'a paru que plufieurs années après la mort.

La Bibliothéque du Roi en poffede
Ον

ITALIENS.

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deux exemplaires, l'un de 1514. & TRADUC-l'autre de 1519. Le premier est un voTIONS DES lume in-folio, avec des figures en bois ITALIENS. qui repréfentent groffierement les fu

POETES

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jets principaux chantés par le Poëte. Cette édition fut faite à Paris pour Barthélemi Vérard, Libraire, & achevée le vingt-troifieme jour de Mai. On lit à la fin Cy finiffent les triumphes de Meffire François Pétrarche très - illustre Poëte, & fouverain & élégant Orateur nouvellement rédigées de fon langaige Tufcan, en noftre diferte langue Françoife. L'autre exemplaire, imprimé pareillement à Paris, petit in-folio, eft fur velin, avec des figures enluminées. J'ai vu une troifieme édition de cette traduction, imprimée correctement, & d'un caractere affez agréable en 1531. in 80. à Lyon par Denys de Harsy avec les mêmes figures en bois. Environ fept ans après, en 1538. Jean Ménier, ou Meynier, Baron d'Opéde, qui fut depuis premier Préfident du Parlement de Provence, après la mort de Barthelemi de Chaffeneux, publia à Paris une nouvelle traduction des fix Triomphes de Pétrarque, avec des gravures en bois. Cette traduction eft en vers François. Les quatre premiers

TIONS DES

Triomphes font en vers de dix fyllabes: M. d'Opéde emploie des vers de TRADUCdifferente mesure dans le Triomphe POETES du Tems, & celui de la Divinité eft ITALIENS. en vers héroïques. Pour vous donner une idée de fa verfification, je vous rapporterai l'éloge de Laure qui eft à la fin du Triomphe de la Renom

mée :

Par deffus tous vis venir vistement
Madame Laure eftant mignonnement,
De blancs habits veftue en la maniere
D'une grand Royne ou Dame fingulliere,
Tenant maintien de doulx contentement:
Elle a le bruyt par tout le firmament,
Entre le monde auffi pareillement,
Que de vertus elle eft la tréforriere
Par deffus tous, &c.

Le Baron d'Opéde a dédié cette traduction à Anne de Montmorency, Connétable de France, & fon Epître dédicatoire écrite en Latin, eft une espece de difcours fur les Triomphes des anciens, principalement des Romains. Le Traducteur figne Joannes Amaynerus Baro Opede. Je fuis furpris que la Croix du Maine qui écrivoit en 1584. ait dit que l'ouvrage dont je viens de parler, étoit encore manuscrit alors. Vous venez de voir qu'il

avoit été imprimé par Charles l'Ange

TRADUC- lier dès 1538. in-8°.

TIONS DES La Croix du Maine avoit connu POETES ITALIENS. avant l'impreffion la traduction des mêmes Triomphes de Fétrarque, par Jean Ruyr, Charméfien, Secretaire du Chapitre de Saint Diez, puifqu'il a fait des vers à la louange du Traducteur. Cette verfion eft de l'an 1588. imprimée à Troyes en Champagne. Elle eft en vers, mais nullement littérale. Ruyr a mis l'ouvrage de Pétrarque en dialogues,& il y a beaucoup ajouté du fien. Sa verfification eft moins mauvaise que celle du Baron d'Opede. Son style eft plus aifé, & fon expreffion eft beaucoup moins barbate. Le grand Prévôt de Saint Diez étoit alors Gabriel Reinette, & c'est à lui & à tout le Chapitre de Saint Diez que Ruyr adreffe fa traduction, & les poëfies diverfes qui la fuivent. Je vous parlerai ailleurs de celles-ci. L'Auteur dans fon Epître dédicatoire dit que fon imitation des Triomphes de Pétrarque eft l'Essai de sa Muse; mais on voit par les autres poèfies qu'il veut dire feulement, que c'eft par là qu'il s'eft effayé fur des fujets moraux, puifqu'il fe repent ailleurs des poefies

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amoureufes qu'il avoit données dans fa jeuneffe, & qu'il defire qu'on les TRADUCoublie.

TIONS DES
POETES

On lit avec encore moins de défa- ITALIENS. grément le peu que Clément Marot, Jacques Peletier, & Jérôme d'Avoft ont traduit en vers des poëfies de Pétrarque. Le premier s'eft amufé à mettre en vers François une chanfon où le Poëte Italien raconte avec beaucoup de naturel fix vifions qu'il feint avoir eues, & fix des Sonnets du même sur la mort de fa Dame Laure. Peletier a traduit de même douze Sonnets de ce Poëte, fept de ceux que Pétrarque fit du vivant de Laure, & cinq de ceux qu'il compofa fur la mort de cette fille tant célébrée. Peletier dit qu'il les a traduits vers pour vers, & il s'en glorifie lui-même, comme s'il eût fait en cela un ouvrage dont la difficulté auroit arrêté tout autre que lui : c'est ce qu'il veut dire par ce Sonnet qui précéde fa traduction:

Qui d'un Poëte entend fuivre la trace
En traduifant, & proprement rimer,
Ainfi qu'il faut la diction limer,
Et du François garder la bonne grace,

Par un moyen lui conviendra qu'il face

Egale au vif la peinture eftimer,

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