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fainte Melanie n'eurent pas plûtôt renoncé au hecle, pour fervir Dieu dans la folitude & dans les exercices de la penitence, qu'on parla d'elles en mauvaife part, & qu'on déchira leur répu tation, dit que c'eft la coutume des gens du monde de fe declarer contre ceux qui fuient leurs modes & leurs vanitez, & de les perfecu ter; & que tous ceux qui embraffent une veritable pieté, doivent s'attendre à un pareil traitement. O que l'envie, dit-il, eft aveugle, elle e devient fon propre tourment, & elle le fait du « mal à elle-même, avant que d'en faire aux au- « tres! que la malignité de Satan eft grande & « Epiff pernicieufe! Il perfecute toûjours la fainteté. « 99. On laiffe en repos à Rome les autres Dames « Romaines; il n'y a que Paule & Melanie qui foient l'objet de la fable & de la médifance pu- ce blique, parce qu'ayant méprifé les biens de la « terre, & quitté leurs enfans & tout ce qu'elles avoient de plus cher, elles fuivent l'étendart de la croix de Jefus-Chrift. Si elles frequentoient les bains, fi elles ufoient de parfums & de pom- ce mades,fi elles faifoient fervir leurs richeffes à leur ce luxe & à leurs diffolutions, fi elles regardoient e leur viduité comme un état qui leur donne tou- « te forte de liberté, & qui leur permet de faire « tout ce qu'elles veulent, on les honoreroit, & « en les appelleroit des Saints. Mais maintenant ec qu'elles portent un fac & un cilice, qu'elles fe couvrent de cendre, qu'elles jeûnent & qu'elles vivent dans la craffe & dans l'ordure, on médit d'elles : On les accufe d'affecter de paroître belles, & l'on publie qu'elles fe damnent; c'eft- « à-dire, qu'il ne leur eft pas permis de périr & ce de fe perdre comme les autres, & d'être en mê- ce me-tems louées & approuvées des mondains. e Si c'étoit des Païens, fi c'étoit des Juifs qui cenfuraffent ainfi la vie fainte qu'elles menent elles pourroient fe confoler en confiderant qu'el

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les ne déplaifent qu'à ceux à qui Jesus-Chrift » lui-même déplaît. Mais ce qui fait horreur, ce » font des Chrétiens qui les blâment & qui les » condamnent. Ils abandonnent le foin de leurs » propres maisons ; ils negligent d'arracher une

poutre qui leur creve les yeux, & ils ne pensent » qu'à une paille legere qu'ils s'imaginent apper» cevoir dans ceux de leurs freres. Ils décrient un » genre de vie très-faint, & ils regardent comme » une espece de confolation pour eux au milieu de » leurs debauches & de leurs crimes, de faire croi» re qu'il n'y a point de Saints fur la terre, & » que tout le monde vit dans le peché & sa damne.

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Saint Jean Chryfoftome prouve par l'excmple de Lazare, que les afflictions & les tribulations font le partage des Juftes & des Saints : car cet homme étoit jufte & ami de JesusChrift, & cependant il fut affligé d'une grande maladie qui lui donna même la mort. » Plu61. in fieurs, dit-il, font troublez, lors qu'ils voient Joan. qu'un homme Jufte & agreable à Dieu fouffre quelque mal, comme des maladies, la pauvre» té, ou quelque chofe de femblable. Mais ils ne fçavent pas que c'eft ainfi que font traitez les amis de Dieu : En effet Lazare étoit en mêmetems aimé de Jefus-Chrift, & tourmenté d'une perilleufe maladie cela paroît avec évidence. » par le difcours de fes foeurs qui envoïerent vers Joan. 1, le Sauveur pour implorer fon fecours: Seigneur, 3. lui firent-elles dire, celui que vous aimez eft » malade. L'Evangelifte dit fouvent, ajoûte faint

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Chryfoftome, que Jefus aimoit Lazare & fes fœurs, voulant nous marquer par là qu'il ne faut point s'étonner, ni trouver étrange, que les honnetes gens, que les amis de Dieu foient fujets à des maladies & à d'autres infirmitez.

Ce faint Docteur enfeigne même que c'est le propre des Apôtres & de tous les bons Pasteurs d'être perfecutez & expofez à une infinité de

Corinth

tribulations. Les Juifs, dit-il, perfecutoient « Apôtre faint Paul, les Gentils lui faifoient une » Hond, guerre ouverte, les faux freres s'élevoient con- » 25. 2+ tre lai; les foibleffes des fideles, les scandales » qu'ils fouffroient, lui caufoient une affliction « tres-fenfible. Il étoit environné de troubles & « de tumulte, il avoit à fouffrir de la part, non « feulement des étrangers, mais des enfans de « l'Eglife: & c'eft par là que l'on reconnoiffoit qu'il étoit un veritable Apôtre.

Ce grand Saint en parlant de la forte, faivoit exactement ce que Jefus-Chrift lui-même avoit autrefois declaré à Ananie: car ce divin Sauveur pour lui faire connoître que faint Pau! feroit un jour à venir un grand Apôtre, lui avoit dit: Cet homme eft un inftrument que j'ai choifi pour porter mon nom devant les Gentils, devant les Rois, & les enfans d'Ifraël: car je lui montreray combien il faudra qu'il fouffre pour mon nom.

Ce Pere pretend encore que le moien le plus für pour juger fi nous fommes agreables à Dieu, & fi ce que nous entreprenons eft droit & legitime, & peut contribuer à la gloire de fon nom c'eft de confiderer fi le démon nous fufcite des perfécutions, s'il traverfe nos entreprifes, s'il s'y oppofe. Car nous pouvons alors nous promettre de plaire au Seigneur, & que ce que nous faifons eft bon & agreable aux veux de la fouveraine Majefté. L'oppofition que cet efprit infernal y forme, les efforts qu'il fait pour nous en détourner, les perfecutions qu'il nous fafcite, en font autant de preuves: parce qu'il ne tourmente & n'afflige que ceux qui l'incommodent, qui lui font la guerre, & qui tra vaillent à ruiner & à détruire fon empire: pour tous les autres il les laiffe en repos, & il évite de les troubler, de peur que les maux dont il les accableroit, ne leur fiffent ouvrir les yeux,

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& ne les portaffent à fecouer fon joug, & à fe tirer de fa fervitude.

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Vous devez fçavoir, dit auffi faint Cefaire 10. & » d'Arles, que le démon ne perfecute que les mais qu'il ne fait rien fouffrir aux méchans, aux impudiques, aux avares, aux fuper, parce qu'ils font fes amis, & qu'ils obéïífent à toutes fes volontez. Bien loin de les per» fecuter, il fe fert d'eux pour perfecuter les autres: il les tient en fa main comme des verges & des marteaux dont il frappe ceux qui ne font » pas à lui; & c'eft toûjours par leur miniftere qu'il pourfuit & qu'il perfecute les bons: il fe fert des avares pour ravir le bien des Juftes; il fufcite les impies pour femer la difcorde parmi ceux qui vivoient en paix & dans une union parfaite.

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C'eft en fuivant les mêmes principes que faint Mo al Gregoire dit que le démon n'excite des perfeculib. 13. c. tions que contre ceux qu'il croit utiles à l'Eglife, & être en état de contribuer à la converfion des peuples.

Ce faint Pontife declare même à un Reli

Epift. lib. gieux que faint Paul ayant dit, que tous ceux 6. Epift. qui veulent vivre dans la pieté, feront perfecu-, tez, il doit craindre de ne pas vivre lui-même dans la pieté, lors que perfonne ne le perfe

27.

In octowor. II.

cute.

Saint Ambroise enfeigne auffi qu'il y a un, jufte fujet de craindre que ceux-là ne fuivent pas, fincerement la vertu, qui ne fouffrent aucune Pfal. 118. perfecution.

Le Pape faint Leon établit non feulement. cette maxime generale, que ceux qui obfervent Serm. 9. religieufement tous les devoirs de la pieté, ne de Qua manquent jamais d'éprouver des tribulations & dragefima des perfecutions; mais il foutient qu'un Chrétien qui vit toûjours en paix, & qui eft exempt de toutes fortes de troubles & de perfecutions,

Serm. 19. de Paffion

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eft certainement plein de froideur & de lâcheté, & qu'il ne fatisfait pas à toutes fes obligations; parce qu'il n'y a que les amateurs du monde qui foient toûjours bien avec le monde, & qu'il ne peut y avoir de focieté entre la juftice & l'iniquité, entre la verité & le menfonge, entre la lumiere & les tenebres.

Cette doctrine des faints Peres eft fondée fur l'Evangile car Jesus-Chrift y dit à fes difciples: Si vous étiez du monde, le monde aimeroit ce qui feroit à lui: mais parce que vous n'êtes point du monde, & que je vous ai choifis & feparez du monde, c'eft pour cela que le monde vous haït.

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Cela étant ainsi que les fideles qui ont de la pieté & qui s'exercent dans la pratique de toutes les vertus chrétiennes, ne s'attendent pas de vivre fur la terre dans une pleine tranquilité, & d'être exempts de toutes fortes de peines & de douleurs, car la vie prefente cft pour eux un tems d'exercice & de combats; ils doivent felon les oracles de l'Ecriture la paffer dans la mifere & dans la tribulation; ils doivent la regarder comme la faison où ils font obligez "de femer, mais de femer dans les larmes & dans l'affliction, conformément à cette parole du Prophete: Ils marchoient en pleurant lors qu'ils jettoient pfal 125, leur femence fur la terre, & ils doivent être per- 7. fuadez que ce ne fera que dans le ciel qu'ils n'éprouveront plus de miferes, & qu'ils jouiront d'une paix parfaite.

Il leur fera même tres-avantageux, afin de fe confirmer de plus en plus dans ces pensées, de faire fouvent reflexion à cette excellente doctrine de faint Auguftin. Ce Pere expliquant ces paroles du Prophete: Qui eft l'homme qui defire la vie, qui fouhaite de voir des jours heureux. parle ainfi aux fideles, qui vivant dans la tribulation, s'en plaignent & s'en impatientent.

Pfal. 33.

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