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les les mêmes difpofitions. J'ajoûterai cepen-
dant qu'encore que ce que je viens de repre-
fenter ne foit pas d'une obligation abfoluë
il doit au moins fervir à exciter le zele & la
ferveur des chrétiens, & à les humilier à
leurs propres yeux, lorsqu'ils
lorsqu'ils ne reffentent
pas dans leur cœur ce deur & cet empreffe-
ment pour les fouffrances & pour les tribula-
tions. Mais continuons d'expliquer en quoi
nous fommes obligez d'imiter nôtre divin mo-
delle..

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CC

4. 8.

3. Nous devons être prêts, non feulement de vivre pendant quelque tems dans les peines,, dans les douleurs`, & dans les humiliations; mais d'y paffer le refte de nos jours, & d'y mourir fi Dieu l'ordonne ainfi. Nous devons dire avec faint Paul : Soit que nous vivions, ces c'eft pour le Seigneur que nous vivons; foit « Rom. que nous mourions c'eft pour le Seigneur «' que nous mourons: foit que nous vivions foit que nous mourions, nous fommes toù- ce jours au Seigneur. Quand la plus grande partie de nôtre vie fe pafferoit dans les plus hu- ce miliantes tribulations & dans les douleurs les œ ́ plus fenfibles: Quand même nous finirions « nos jours dans des afflictions & dans des dou- ce leurs extrêmes, nous ne cefferions point de ce louer & de glorifier le Seigneur ; car nous ce fommes toûjours à lui; & nous ne voulons ce vivre & mourir que pour lui plaire, & pour ce obéir aux ordres de fa providence..

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Pour nous confirmer de plus en plus dans cette fainte refolution, nous devons nous occuper tres-fouvent de cette parole de l'Apôtre faint Jacques: Vous avez appris quelle a ceJacob été la patience de Job, & vous avez vû la ce. « fin du Seigneur car elle doit nous faire.comprendre felon les Saints Peres, qu'il ne fuffit Pas d'imiter la patience de Job, qu'il faut

outre cela s'attendre à une fin pareille à celle de Jefus-Chrift.. Ce faint homme fouffrit à la verité avec une patience exemplaire les plus grandes tribulations; mais elles ne furent pasd'une fort longue durée, & Dieu lui rendic au.double tous les biens qu'il avoit perdus lui donna d'autres enfans en la place de ceux qui avoient été écrafez fous les ruines d'une maison, & il le rétablit bien-tôt aprés en une parfaite fanté. Mais nôtre Seigneur Jefus Chrift a fini fa vie dans les tourmens & dans lés douleurs, & eft expiré fur la croix, aprés avoir été trahi par un de fes difciples, & abandonné des autres. Ainfi nous fommes: obligez d'imiter la patience de Job dans les tribulations & dans les maux qui nous exercent: mais nous devons outre cela être dif pofez à mourir avec Jesus-Chrift dans l'adverfité, dans les peines, dans les afflictions, dans la pauvreté, dans la perfecution, & dans un abandonnement general de la part

de toutes les creatures.

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4. Il faut encore dans les adverfitez & dans les tribulations imiter la paix, la patience la mederation la charité de Jefus-Chrift. Il faut adorer & louer Dieu lors même qu'il nous frappe & qu'il nous châtie, parce qu'il le fait par bonté & par mifericorde. Il faut. auffi aimer ceux qui nous oppriment & qui nous perfècurent, parce qu'ils ne font que· les executeurs des ordres de la divine provi→ dence, & qu'ils contribuent à notre bien fpirituel, fans même y penfer, & prefque: toûjours contre leur intention. Mais nous ne nous arrêtons pas maintenant à confirmer des faintes maximes, parce que nous les avons expliquées fort au long dans le cours de ce traité, & que nous ne voulons pas fatiguer les lecteurs en les touchant de nouveau..

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Voilà ce que nous avons crû devoir reprefenter aux fideles qui vivent dans la tribulation & dans l'adverfité, afin de les confoler dans leurs peines & dans leurs maux, & de leur marquer en même tems comment ils. doivent en ufer pour remplir les devoirs du Chriftianifme. Nous fouhaitons de tout nôtre cœur, qu'ils en profitent, afin que les fouffrances qu'ils éprouvent ici-bas, foient fuivies d'une joie & d'une recompenfe éter nelle.

DE

CHRÉTIEN

MALA D E..

CHAPITRE PREMIER.

ne ju

les:

Que parlant humainement, geant des chofes qu'à l'exterieur, maladies font une difgrace tres confiderable, & un tres-grand mal; mais que quand on fe conduit par les lamieres de la foy, on les confidere comme un tres-grand bonheur..

PR's avoir parlé en general des tribulations & des adverfitez aufquelles la plupart des Chrétiens font fujets, & qu'ils éprouvent.

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en plufieurs rencontres; nous croions qu'il eft à propos de traiter en particulier des maladies, qui font communes à tou, tes fortes d'états & de conditions, aux grands & aux petits, aux riches & aux pauvres, aux. Brinces & aux particuliers, & dont perfonne: ne peut fe flatter d'être exempt, non pas même ceux qui font affis fur le Trône. Or fi l'on:

en juge à l'exterieur, l'on peut dire qu'elles. font une des plus grandes difgraces de la vie prefente, & même un mal univerfel : car elles. Le communiquent à toutes les parties de nôtre corps, & affoibliffent toutes les organes & tous fes fens; elles nous rendent inutiles à toutes fortes d'emplois &. de fonctions; elles nous empêchent de favourer les alimens, même les plus neceffaires; elles abattent nos forces, & nous jettent dans une langueur & dans une défaillance qui nous menace de mort à tous mo mens; elles nous mettent dans une impuiffance déplorable de nous fecourir nous-mêmes; elles nous reduifent à dépendre de tout le mon de, & à avoir befoin de ceux même que nous affiftions autrefois.

Elles attaquent auffi tres-fouvent nôtre efprit, & le privent de fon activité ordinaire;: elles obfcurciffent nôtre jugement, & font caufe qu'il nous eft impoffible de nous appliquer à rien de folide, & que nous devenons difficiles, chagrins, & de mauvaise humeur,. enforte que nous ne pouvons converser avec perfonne, ni fouvent nous fupporter nous mêmes; elles nous donnent de l'éloignement pour tout ce qui avoit coûtume de nous plaire; elles nous portent à rechercher mille chofes inuti les; elles nous infpirent de l'empreffements pour une infinité de remedes, qui au lieu de nous foulager, ne fervent qu'à nous tourmenter, & à augmenter nos douleurs; &.bien loin de nous détacher de la vie, elles nous en infpirent un amour violent, &. elles font que nous craignons extraordinairement la mort, lors que nous ne devrions penfer qu'à nous y preparer, & qu'il faudroit même la defirer avec ardeur..

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Elles font donc une tres grande difgrace & un mal univerfel; & c'est alors que nous pou

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