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20.1 Seq.

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qui fuis leur Seigneur & leur Dieu. Je leur » donnerai un cœur, & ils comprendront; des » oreilles, & ils entendront; ils me loueront » dans la terre de leur captivité, & ils se souviendront de mon nom.

Voici d'autres exemples de converfions ar◄ rivées au tems de la tribulation & de l'affition, & qui en doivent être regardées com me des fuites & des effets.

Le Roi Ezechias s'étant elevé en lui-mê-. me à caufe de la celebre victoire que Dieu lui avoit fait remporter fur les Affyriens, & n'ayant pas eu foin de chanter à fa gloire un Cantique d'actions de graces, comme Moise en chanta un lorfque Pharaon eût été submergé par les flors de la mer, le Seigneur lui envoia une grande & perilleufe maladie, qui le porta à s'aneantir en fa prefence, & à lui offrir des prieres tres-humbles & tres-ferventes. En ce tems-là, dit le Texte facré, Ezechias fut malade à la mort, & le Prophete » Ifaic fils d'Amos le vint trouver, & lui dit, » donnez ordre à vôtre maifon, car vous ne » vivrez pas davantage, & vous mourrez. A» lors Ezechias tournant fon vilage vers la muraille, fit fa priere au Seigneur, & lui dit : Seigneur, fouvenez-vous, je vous prie de quelle maniere j'ai marché devant vous dans » la verité, & avec un cœur parfait, & que j'ai fait ce que j'ai cru vous être agreable. » Ezechias verfa enfuite une grande abondance » de larmes, & avant qu'Ifaic eût paffé la moi»tié du Veftibule, le Seigneur lui parla & lui » dit retournez & dites à Ezechias Chef de

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mon peuple: voici ce que dit le Seigneur » le Dieu de David vôtre pere: J'ai entendu » vôtre priere, & j'ai vû vos larmes, & vous allez être gueri: vous irez dans trois jours » au Temple du Seigneur.

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Manaffé fon fils s'étant emporté à de tresgrands excés, ayant même facrifié aux Idoles, adoré les aftres, confulté les magiciens, fait paffer fes enfans par un feu prophane, ce qui étoit une fuperftition païenne, & commis plufieurs autres crimes, Dieu le punit par une dure captivité: ce qui lui fit ouvrir les yeux, & fût caufe de fa converfion. « Manaffé, dit l'Ecriture, féduifit Juda & tous les habitans de Jerufalem, & les porta à faire plus de mal que toutes les autres Nations que le Seigneur avoit detruites en prefence des enfans d'Ifraël. Dieu lui parla à lui & à «. Pa fon peuple, & ils ne voulurent point l'écou- al 33. 12.6 ter. C'est pourquoi Dieu fit venir fur eux exfeq. les Princes de l'armée des Affyriens, qui aprés « avoir pris Manaffé, lui mirent les fers aux « pieds & aux mains, & l'emmenerent à Ba- « bylone. Manaffé reduit à cette extremité pria le Segineur fon Dieu, & il conçût un tres- « vif repentir en la prefence du Dieu de fes « peres il lui adreffa fes gemiffemens & fes ce inftantes fupplications: & le Seigneur exauça «e fa priere, & le ramena à Jerufalem dans fon « Roïaume & Manaffé reconnut que le Sei- «e gneur étoit le vrai Dieu.

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Surquoi un Auteur celebre fait cette re- ce flexion : «Heureufe l'ame à qui Dieu fait ce tirer de fon malheur un fi grand bien, & ce à qui il donne la grace de trouver la vie dans ce fa mort même. Le Roi Manaffé étoit perdu devant Dieu, s'il n'avoit été perdu, pour ce le dire ainfi, devant les hommes. Il feroit ce toûjours demeuré efclave du peché, s'il ne ce fût tombé dans l'esclavage du Roi des Affy- « riens. Les chaînes de fer de la volonté en- ce durcie dans le crime, l'auroient retenu toû- ce jours lié malheureusement pour fa propre co condamnation, fi les ennemis n'avoient char- ce

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gé fes mains & fes pieds d'autres chaînes, &
no l'euffent emmené prifonnier à Babylone.
Les impies le regardoient comme heureux,
lorfqu'il étoit fur le Trône, & qu'enyvré de la
puiffance, il s'abandonnoit à ses paffions avec
une liberté que rien ne troubloir. Mais Dieu
qui avoit des deffeins de mifericorde fur lui,
troubla tout d'un coup cette grande profperité
dont il abufoit pour la propre perte & pour
celle de fes fujets; & renverfant, pour parler
ainfi, le lit fur lequel il fe repofoit, lorfqu'il
joüiffoit paifiblement de fes plaifirs, & qu'il
commettoit impunement toutes fortes de cri
mes,il le fit tomber lorfqu'il y penfoit le moins,
dans le plus grand de tous les malheurs, qui
qui devoit lui procurer le plus grand de tous
les biens, fçavoir la reconciliation avec son

Dieu.

Il faut auffi parler de Nabuchodonofor Ro de Babylone. Ce Prince conçût une fi haute: idée de fa grandeur, & tomba dans un tel örgueil, qu'il voulut même faire adorer sa sta que, mais Dieu le frappa en differentes manierest & le priva de fon Roiaume pendant plus fieurs années. A ce coup de foudre le cœur de cet impie fut ébranlé, le convertit & fit penitence. Il raconte lui-même cet evenement f furprenant, lorsqu'il rapporte l'interpretation que Daniel donna au fonge qu'il avoit eu. Daniel Nabuchodonofor, dit-il parlant de foi-même, 4. 26. fe promenant dans le Palais de Babylone, il » commenca à dire : N'eft-ce pas là cette grande Babylone dont j'ai fait le fiege de mon Roïau me, que j'ai bâtie dans la grandeur de ma puiffance & dans l'éclat de ma gloire? A peine le Roi avoit prononcé cette parole, qu'on enten>> dit cette voix du Ciel: Voici ce qui vous eft an» noncé, ô Nabuchodonofor Roi: Vôtre Roïau>> me paffera en d'autres mains; vous ferez chaffe

Seq.

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de la compagnie des hommes ; vous habiterez «< avec les animaux & avec les bêtes farouches; " vous mangerez du foin comme un bœuf, & « fept tems pafferont fur vous, jufqu'à ce que « vous reconnoiffiez que le Tres- Haut a un pou- « voir abfolu fur les Roïaumes des hommes. & « qu'il les donne à qui il lui plaît. Cette parole « fut accomplie à la même heure en la perfonne «s de Nabuchodonofor. Il fut chaffé de la compa- «c gnie des hommes; il mangea du foin comme .. un bœuf, fon corps fut percé par la rofée du Ciel, enforte que les cheveux lui crurent comme les plumes d'un aigle, & que fes ongles devinrent comme les griffes des oifeaux.

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Aprés que le tems marqué de Dieut eut été " accompli, moi Nabuchodonofor j'élevai les ce yeux au Ciel ; le fens & l'efprit me furent ren- ce dus; je beni le Tres-Haut; je loüai & je glo- « rifiai celui qui vit éternellement, parce que fa ce puiffance eft une puiffance éternelle, & que « fon Roiaume s'étend dans la fucceffion de tous ce les fecles. Tous les habitans de la terre font ce devant lui comme un neant: Il fait tout ce ce qu'il lui plaît, soit dans les vertus celeftes, soir « parmi ceux qui font fur la terre; & nul ne ce peut refifter à la main toute-puiffante, ni lui ce dire: pourquoi avez vous fait ainfi? En ce même ∞ tems le fens me revint, & je recouvrai tout l'é- ce clat & toute la gloire de la dignité roïalle : ma ce premiere forme me fut rendue; les Grands ce de ma Cour & mes principaux Officiers me «e vinrent chercher. Je fus rétabli dans mon cé Roïaume, & je devins plus grand que jamais. ce Maintenant done, moi Nabuchodonofor, je loue le Roi du Ciel, & je publie fa grandeur & «e fa gloire, parce que toutes les œuvres font fon- « dées dans la verité, que toutes fes voies font ce pleines de juftice, & qu'il peut humilier les fu ce perbes. Il n'y a rien, fans doute, de plus illu

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Lus. 232

fre que cet exemple: c'eft un pecheur endurci,
un pecheur fuperbe, un pecheur affis même fur
le Trône, qui renonce à fes crimes, qui s'hu-
milie, qui fe foûmet à Dieu, & qui public l'é-
quité de fes jugemens, parce qu'il fent la pe-
fanteur de fon bras, & qu'il éprouve les peines
& les châtimens de fa Juftice vengereffe.

L'Evangile nous en prefente un autre non
moins illuftre en la perfonne de l'Enfant pro-
digue. Ce jeune homme ayant quitté fon pere,
s'en alla dans un Païs étranger fort éloigné,où
il diffipa tout fon bien en excés & en debau-
ches. Mais étant enfuite tombé en une extrême
pauvreté, & manquant de toutes les choses ne-
ceffaires à la vie, il rentra alors en lui même,
2. & il dit dans l'amertume de fon cœur: » Com-
bien y a-t-il de ferviteurs dans la maison de
mon Pere, qui ont plus de pain qu'il ne leur
en faut; & moi je fuis ici à mourir de faim? I
"faut que je me leve, que j'aille trouver mon
"Pere, & que je lui dife: Mon Pere j'ai peché
contre le Ciel & contre vous; & je ne fuis plus
digne d'être appellé vôtre fils: traitez-moi
comme l'un des ferviteurs qui font à vos
gages. Ainfi il n'ouvrit les yeux, & il ne re-
connut fes.excés que lorsqu'il y fût forcé par
Vindigence & par la mifere.

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Ajoûtez que ce ne fût qu'au milieu des fupplices & fur la Croix que l'un des Larrons détefta fes pechez, en fit penitence, en obtint le pardon, & merita d'entendre ces paroles confolantes de la bouche de JESUS-CHRIST lui-même : » Je vous dis en verité, que vous ferez aujourd'hui avec moi dans le Paradis.

Les faints Peres qui étoient tres - inftruits des veritez de la Religion, & de ce qui peut contribuer à la converfion des pecheurs, enfeignent auffi que Dieu fe fert très fouvent des tribulations & des adverfitez pour les toucher.,,

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