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Seigneur comme l'esclave; la maîtreffe comme la fervante; celui qui vend comme celui qui achette; celui qui prend à interêt comme » celui qui donne fon argent; & celui qui rede

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mande ce qu'il a prefté comme celui qui lui Cap. 13. doit. Ce fera alors que le Seigneur fera ceffer l'orgueil des infideles, & qu'il humiliera l'infolence de ceux qui fe rendent redoutables. En effet après avoir excité tant de trouble & caufé tant de tumulte dans le monde, opprimé les peuples, fubjugé les nations, ils defcendront dans le tombeau avec ceux qu'ils dominoient avec tant d'infolence, & ils y feront reduits en poudre comme les derniers des hom

quent.

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mes.

Ce Prophete nous donne même en la perfonne du fuperbe Roi de Babilone, un exemple illuftre du fafte & de l'orgueil des Grands qui eft confondu & humilié au jour de leur Cap. 14. mort. Qu'eft devenu, dit-il en la perfonne Af des peuples qui avoient été opprimez par ce tiran, ce maître impitoïable? Comment ce tribut qu'il exigeoit fi feverement a-t-il ceffé ? » Le Seigneur a brifé le bâton des impres, la » verge de ces fiers dominateurs, qui dans fon indignation frappoit les peuples d'une plaie in» curable, qui s'aflujettiffoit les Nations dans >> fa fureur, & qui les perfecutoit cruellement, Il nous affure que les morts qui l'ont redouté fur la terre, lui infulteront dans les » enfers, & qu'ils lui diront: Tu as donc été percé de plaies auffi-bien que nous, & tu es devenu femblable à nous. Ton orgueil a été precipité dans les enfers; ton corps mort eft tombé par terre; ta couche fera la pourriture, » & ton vêtement les vers. Comment es-tu

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» tombé du ciel Lucifer, toi qui paro:ssois fi

brillant au point du jour ? Comment as-to » été renversé sur la terre, toi qui frappois les Nations

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Nations de tes plaies? Qui difois en ton cœur: « Je monterai au ciel, j'établirai mon trône au « deffus des aftres de Dieu : Je m'affierai fur la «c montagne de l'alliance, aux côtez de l'Aquilon: Je me placerai audeffus des nuées les « plus élevées, & je ferai femblable au Tres- «c kaut; & neanmoins tu as été precipité de « cette gloire dans l'enfer, jufqu'au plus pro- « fond de fes abyfmes.

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Il ajoute qu'ils diront encore le voïant ainsi humilié & terraffé: Eft-ce là cet homme qui a épouvanté la terre, qui a jetté la terreur «< dans les Roïaumes, qui a deferté le monde, qui en a détruit les villes, & qui a retenu ce dans les chaînes ceux qu'il avoit fait les prifonniers ?

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Il prédit enfin qu'il fera privé de la fepulture, & que fes enfans ne lui fuccederont point dans fon roïaume. Tous les Rois des « Nations, dit il, font morts avec gloire, & cc chacun d'eux a fon tombeau. Mais pour toi, «c tu as été jetté loin de ton fepulchre comme un «c tronc inutile, & étant couvert de ton fang tu «< as été enveloppé dans la foule de ceux qui ont « été tuez par l'épée, & qu'on fait defcendre « au fond de la terre comme un corps déja pour. « ri. Tu n'auras pas même comme l'un d'eux « cette miferable fepulture, parce que tu as rui- ce ton roïaume, tu as fait perir ton peuple. La race des fcelerats ne s'établira point fur la «e terre. Preparez les enfans à une mort violente ce à caufe de l'iniquité de leurs peres. Ils ne s'é- « leveront point, ils ne feront point les heri- ce tiers du roïaume de leur pere, & ils ne rem- «< pliront point de villes la face du monde.

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Saint Bafile expliquant ces paroles du Prophete Roial: Ne craignez point quand un ce homme fe fera enrichi, & que fa maison fera «f. 48. montée jufqu'au comble de la gloire; car lors «

17. 18.

In lunes qu'il mourra il n'emportera rien, & fa gloire Pfal. » ne defcendra point avec lui dans le tombeau, dit que la mort humilie & abaiffe les Grands & tous les impies; qu'elle les dépouille de tous leurs biens; qu'elle les fait fortir de ce monde auffi pauvres que les plus miferables; & qu'elle détruit toutes les diftin&tions qui étoient entre eux & les autres hommes.

Il ajoute que l'on pourroit peut-être douter que la providence regle & ordonne toutes chofes ici-bas, lors que l'on voit que les méchans vivent fur la terre dans l'abondance & dans la profperité, & les Juftes au contraire dans l'adverfité & dans les tribulations; mais que ce doute ceffe quand les Grands & les riches laiffent en ce monde toutes leurs richeffes & toutes leurs grandeurs, & qu'ils n'emportent avec eux que leurs démerites & leurs pechez; parce qu'on reconnoît alors que des biens qui n'ont contribué qu'à leur damnation & à leur reprobation, ne devoient pas les faire paffer ici-bas pour heureux, ni caufer de l'envie à ceux qui en étoient dépourvûs.

Les autres faints Peres enfeignent auffi qu'à la mort & à la naiffance tous les hommes font égaux ; qu'ils n'ont rien apporté en ce monde, & qu'ils n'en peuvent auffi rien emporter. Serm. 61. Quand deux enfans viennent au monde, dit faint Auguftin, que leurs parens, que les ferviteurs & les domeftiques de leurs familles, que ceux qui font attachez à leurs maisons, s'éloignent un peu, & qu'ils reviennent ensuite, pourront-ils diftinguer l'enfant du riche de celui du pauvre, puifque l'un & l'autre ne fait que pleurer. Deux femmes accouchent en même-tems, dont l'une eft riche & l'autre pauvre; fi elles fe détournent tant foit-peu, & qu'elles perdent leurs enfans de vûë, elles ne pourront plus enfuite les reconnoître. Ce

que je dis des hommes quand ils viennent au monde, je le dis auffi de ceux qui en fortent ajoute faint Auguftin. Si par quelque accident d'anciens fepulchres viennent à s'ouvrir, entrez-y, & voïez fi vous pouvez difcerner les os des riches & des grands.

mens,

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CC

Nabuth

cap. L.

La nature, écrit faint Ambroife, ne recon- ceLib. de noít point de riches, elle qui fait naître tous ce les hommes dans la pauvreté : car nous ne ve- « nons point en ce monde couverts d'or ni d'ar- ce gent, nous n'y apportons même aucuns vête- «c & elle nous met au jour tout nuds; en «e forte que nous avons tous befoin à nôtre naif- «e fance qu'on nous fourniffe des habits & des alimens. A nôtre mort la terre nous reçoit auffi tout nuds; nos richeffes & nos poffeffions n'entrant point avec nous dans le tombeau. « Un fimple gazon & une petite motte de terre « fuffifent également au pauvre & au riche, & « la terre qui ne fuffifoit pas toute entiere à la ce cupidité des hommes ambitieux, les renferme ce & les contient après leur mort dans un tres- cc petit efpace. La nature ne met donc point de c diftinction entre nous à nôtre naiffance & à «c nôtre mort: elle nous fait tous naître au même cc état; & elle nous renferme tous également dans un tombeau. Y a t-il quelqu'un qui puiffe diftinguer les morts les uns des autres. c Fouillez dans la terre, & faites-y moi remar- « quer, fi vous le le pouvez, corps d'un riche: «c ouvrez les fepulchres, & voïez s'il vous fera ce poffible de diftinguer les os d'un pauvre de сс mer. lib. ceux d'un riche: vous ne trouverez par tout «6. cap. que cendre, que pouffiere, que pourriture.

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Hexa

Allons enfèmble aux tombeaux des morts, c dit faint Jean Chryfoftome; venez m'y faire «H me!. voir vôtre pere ou vôtre femme, Montrez-y «6. in moi ceux qui étoient ici revêtus de pourpre, « qui étoient fuperbement trainez dans des chars

Matth.

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que

l'on

» de triomphe, qui commandoient les armées, qui étoient environnez de gardes, & accom»pagnez d'une foule d'Officiers, qui frappoint infolemment les uns, qui mettoient les au» tres en prison, qui tuoient ou fauvoient de la » mort ceux qu'ils vouloient. Montrez-moi, dis-je, ces perfonnes. Je ne voi maintenant des os fecs & pourris, que des vers, que des araignées, qu'un peu de pouffiere & de pourriture. Toutes ces grandeurs font évanouies comme une ombre, comme un fonge, » comme une fable, & comme un tableau; fi ဘ peut dire neanmoins qu'il s'y trouve mê» me la verité d'une image; & plût à Dieu que » tout fe terminât à ce neant. Mais fi d'un côté Do toutes ces grandeurs, tous ces honneurs, & tous ces plaifirs fe font évanouis comme une ombre, ils ont produit de l'autre une mifere » ftable & réelle, qui fubfiftera éternellement. » Les violences, les injuftices, les impuretez, les adulteres, & tous les autres crimes ne fe reduifent point en cendres comme nos corps. » Toutes nos œuvres fuivent nos ames dans » l'autre vie; & nos actions auffi-bien que nos » paroles y font écrites fur la pierre & fur le » diamant.

Il faut donc demeurer d'accord que la mort détruit toutes les grandeurs humaines, & qu'elle rend tous les hommes égaux, de quelque condition qu'ils puiffent avoir été, quelque rang qu'ils ayent tenu dans le monde, & quelques richeffes qu'ils ayent poffedées fur la terre, parce que tout cela pafle avec eux & les quitte au lit de la mort, qu'ils entrent tout nuds dans le tombeau, & qu'ils y font reduits au neant; car qu'eft-ce que la cendre & la pouffiere, finon un veritable neant?

Cette verité, fi on la méditoit ferieufement, fuffiroit feule pour inftruire tous les hommes

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