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ques dans les climats les plus reculez. Il veut qu'ils aillent apprendre à des peuples entiers à Fadorer en efprit & en verité. Il veut qu'ils aillent jufques aux extrêmitez du monde pour y rendre témoignage à la foi & aux dogmes de nôtre fainte Religion. Ceux qui les perfecuttent font certainement tres criminels, & ils feront tres-feverement punis de leurs injuftices & de leurs violences: Mais Dieu qui eft infiniment puiffant, fe fert de leur mauvaise volonté pour executer les ordres de fa Providence, & pour procurer le falut d'une infinité de perfonnes qui fembloient être négligées & abandonnées. Ainfi il faut s'écrier avec le grand Apôtre: O profondeur des trefors de la fageffe & de la science de Dieu ! Que fes jugemens font impenetrables & fes voies incomprehenfibles! il tire le bien du mal même il fonde & il étend fon Eglife par ce qui fembloit devoir la detruire & la renverfer; & il rend ses ferviteurs d'autant plus grands & plus glorieux, qu'on faifoit plus d'efforts pour les opprimer & pour les perdre.

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Que la profperité eft souvent tres-
dangereuse.

Chilofophes, Philofophes, & atteftée par une fuite continuelle d'experiences reiterées, que les conaires ne paroiffent jamais avec plus d'éclat que par l'oppofition de leurs contraires. Ainfi pour achever de convaincre les Fideles du bonheur des fouffrances & des tribulations, il faut leur prouver que la profperité eft fouvent tres

'Eft une maxime reconnue par tous les

D

dangereufe. Or l'Ecriture & les faints Peres nous en affûrent en toutes rencontres.

&

Le Prophete Roial voulant exprimer la mifere des pecheurs, marque expreffement qu'ils font exempts de toutes fortes de peines, Pf. 72 qu'ils jouiffent d'une profperité parfaite » Les 4.56 plaies, dit-il, qu'ils reçoivent ne durent pas, » & font bien-tôt gueries: Ils ne fentent point » les miferes des autres hommes ils ne font point » châtiez comme le refte des hommes: Ils ont fatisfait tous les defirs de leur cœur.

7.

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Il nous affure encore en un autre Pfeaume que Dieu eft en colere contre les pecheurs,lorf qu'il diffimule leurs crimes, qu'il ne les punit Pfal. 9.5 point, & qu'il fouffre qu'ils foient dans la profperité. L'impie, dit-il, a irrité le Sei gneur, c'eft pourquoi ce même Seigneur ne le » châriera plus, & diffimulera fes impietez.

25.

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Dieu declare lui-même qu'un des plus grands châtimens qu'il pu ffe prendre des pecheurs, c'eft de retenir les fleaux de la juftice à leur égard,de ne les frapper d'aucunes plaïes, & de ne fe mettre pas même en colere contre Op.12" eux. » Mon peuple, dit-il par la bouche du 13.14 » Prophete Ofée, a confulté un morceau de "bois, & des verges de bois lui ont predit l'ave"nir. Car l'efprit de fornication les a trompez, " & ils le font proftituez en quittant leur Dieu. "Ils facrifioient fur le fommet des montagnes » & ils brûloient de l'encens fur les colines,auffibien que fous les chênes, fous les peupliers, & fous les terebinthes, forfque l'ombre leur en étoit agreable. C'eft pourquoi vos filles fe » prostitueront, & vos femmes feront adulteres. Et je ne punirai point vos filles de leur profti» fation ni vos femmes de leurs adulteres, par » ce que vous vivez vous mêmes avec des courti»> fannes, & que vous facrifiez avec des effeminez. » C'eft ainfi que ce peuple fans intelligence fera

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chatié. Ces dernieres paroles nous apprennent que le Seigneur ne châtie jamais plus feverement les pecheurs, que lorsqu'il ceffe de les châtier,& qu'il diffimule leurs impietez, parce que cela leur donne lieu de les continuer & les aveugle.

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C'eft en ce même fens que Dieu dit encore à Jerufalem pechereffe: Je ferai ceffer mon«echiel indignation à vôtre égard. Mon zele & maja, cel6. 42 loulie fe retirera de vous: je me tiendrai en paix, & je ne me mettrai plus en colere. Sur « quoi faint Jerôme fait cette reflexion. Dieu «. declare qu'il ceffera de fe mettre en col re con- <> tre Jerufalem, parce qu'il ne l'aime plus;d'où Pon peut conclure que c'eft la plus grande des « difgraces pour un homme, que Dieu ne fe " mette plus en pene de lui, & qu'il l'abandon- < ne à fes pechez & à fes crimes. Je ne me mettrai plus en colere, dit le Seigneur, contre « celle que je ne regarde plus que comme étrangere, & qui s'étant retirée de moi, a merité d'être livrée par ma justice à une éternelle nudité.

Salomon veut aussi nous marquer que la profperité eft fouvent tres dangereufe lorfqu'il dit, que l'égarement des enfans les tuera, & que la profperité des infenfez les perdra.

39

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Prey.

ec. 1.32.

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Mais l'exemple de ce Prince & celui de David fon Pere feront une preuve éternelle du danger qui accompagne ordinairement la profperité; car ils ne le porterent l'un & l'autre à des crimes énormes & fcandaleux, que lorfqu'ils fe virent dans l'abondance, & qu'ils n'eurent plus rien à fouffrir de la part de leurs ennemis. « David, fi aimé de Dieu, dit faint Gre- « Pastogoire, marcha dans une plus grande droiture al ra de cœur, tant qu'il fut l'un des ferviteurs de «. 3. "almoSaul, que lorsqu'il fut parvenu à la Roïauté, unit. 27. Car étant encore dans l'état d'un fimple parti- «

culier, l'amour qu'il avoit pour la juftice, luis » fit craindre de tuer fon ennemi, lorfqu'il l'eut

entre fes mains. Mais quand il fut devenu. »Roi, la paffion de l'impureté qui le poffedoit, >> le porta à tuer l'un de fes plus fideles Officiers, » & de le tuer par une honteufe trahison. Qui » pourra donc rechercher les richeffes, la puif

fance & la gloire, fans craindre qu'elles ne lui » foient pernicieufes, puifqu'elles le furent à ce < Prince, qui les poffeda fans les avoir recherchées ? Que l'on confidere auffi l'exemple de «Salomon: il n'eft point dit qu'il ait rien fouffert avant qu'il pechât & qu'il tombât dans « l'abîme de l'Idolatrie; & parce que fon cœur « n'avoit point été affermi par aucune difcipli« ne du Seigneur, ni par l'épreuve de la moin« dre adverfité, il ne pût conferver la fageffe qu'il avoit reçûë.

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In pf.,

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Saint Auguitin fe fert auffi de l'exemple de la chute de David pour prouver que les profperitez temporelles font tres dangereufes.. L'Ecriture, dit il, veut nous apprendre par l'exemple de David, que perfonne ne doit » s'élever ni fe glorifier de la profperité dont il » peut jouir; & elle nous fait voir combien les penfées de la plupart des hommes font vaines & mal fondées, puifqu'ils témoignent tant de crainte de l'adverfité, & qu'ils n'en ont au»cune de la profperité Cependant la profperité » eft infiniment plus dangereufe à l'efprit, que » l'adverfité ne l'eft au corps; & il n'y a gueres que ceux qui fe font laiffé corrompre par la profperité, qui folent abattus & terraffez ,, par l'adverfité. Ainfi, mes freres, il faut fe tenir continuellement fur fes gardes contre la profperité.

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David n'a point commis le peché énorme dont parle l'Ecriture, pendant qu'il étoit perfecuté par Saul, qu'il l'avoit pour ennemi, &

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qu'il étoit obligé de fe cacher & de prendre la "
fuite, depeur de tomber entre les mains. Il ne
defiroit point alors la femme de fon frere, & ".
il ne penfoit point à faire tuer fon mari pour
jouir librement d'elle. Souffrant de grandes
tribulations, il fe tenoit d'autant plus appliqué
à Dieu, qu'il paroiffoit plus miferable aux "
yeux des hommes. La tribulation est donc tres- "
utile, elle eft comme un inftrument falutaire "
dont nôtre divin Medecin fe fert pour nous "
garantir des tentations du demon. David'ne “
fut pas plutôt en repos, & exempt de trou- "
bles & de guerres, ayant vaincu tous les enne- "
mis,qu'il tomba dans l'orgueil, & enfuite dans "
d'autres crimes. Son exemple doit donc nous "
porter à craindre la profperité.

Homil.

in illud E

vang. de

Ecoutons les autres faints Peres. Saint Bafile declare que le cœur de l'homme eft éprou vé fucceffivement par l'adverfité & par la profperité; & il foûtient que ces deux tentations font auffi dangereufes l'une que l'au- Arua hortre; parce qu'il n'eft pas moins difficile de ne rea mea, point s'élever de la profperité, que de ne pas &c. perdre courage dans l'adverfité.

Il enfeigne que le plus grand châtiment que In cap. sa Dieu puiffe prendre d'une ame, c'eft de l'a- 1a. bandonner à elle même & aux defirs de fon cœur, fans lui envoier jamais aucunes afflictions qui pourroient la purifier, & la rendre feconde en bonnes œuvres, parce qu'alors elle croupit dans l'oifiveté, elle eft inuule devant Dieu & devant les hommes, & elle tombe dans une espece de letargie fpirituelle qui la conduit tres fouvent à la mort: femblable à une vigne qu'on ne taille & qu'on ne cultive point, & qui devient en peu de tems feche & aride.

Lorfque faint Ambroife explique ces paroles du Prophete Roïal: "Les mechans m'ont "P18% tendu des pieges pour me perdre; mais je ne

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