Et de tes tours les magnifiques faites? Tes peuples en chantant accourir à tes fêtes? TOUT LE CHOE U R. O rives du Jourdain ! & champs aimés des cieux ! ESTHER, MARDOCHÉE, ÉLISE, LE CHOEUR, ESTHER. ? Quel profane en ce lieu s'ose avancer vers nous Que vois-je! Mardochée! O mon père, est-ce vous ? Un ange du seigneur sous son aile sacrée freux, Et cette cendre enfin qui couyre vos cheveux? Que nous annoncez-vous ? MARDOCHÉE. O reine infortunée! O d'un peuple innocent barbare destinée! Nous sommes tous perdus ! et c'est fait d'Israël! ESTHER. Juste ciel! tout mon sang dans mes veines se glace! MARDосн ± в. On doit de tous les Juifs exterminer la race. Prévenu contre nous par cette bouche impure, ESTHER. O Dieu, qui vois former des desseins si funestes, As-tu donc de Jacob abandonné les restes? UNE DES PLUS JEUNES ISRAELITES. Ciel, qui nous défendra, si tu ne nous défends? MARDOCHÉE. Laissez les pleurs, Esther, à ces jeunes enfans. En vous est tout l'espoir de vos malheureux frères; Il faut les secourir: mais les heures sont chères; ESTHER. Hélas! ignorez-vous quelles sévères lois Qui sans être appelé se présente à leurs yeux, ་ Ni le rang, ni le sexe; et le crime est égal. Moi-même, sur son trône à ses côtés assise Je suis à cette loi, comme un autre, soumise; Et sans le prévenir, il faut pour lui parler Qu'il me cherche, ou du moins qu'il me fasse appeler. NA A DOCH É E. Quoi ! lorsque vous voyez périr votre patrie, Pour quelque chose, Esther, vous comptez votre vie! Dieu parle: et d'un mortel vous craignez le cour roux ! Que dis-je ? votre vie, Esther, est-elle à vous ? N'est-elle pas-all sang dont vous êtes issue? N'est-elle pas à Dieu dont vous l'avez reçue ? Et qui sait, lorsqu'au trône il conduisit vos pas, Si pour sauver son peuple il'ne vous gardoit pas ? Songez-y bien ; ce Dieu ne vous a pas choisie Pour être un vain spectacle aux peuples de l'Asie, Ni pour charmer les yeux des profanes humains: Pour un plus noble usage il réserve ses saints. S'immoler pour son nom et pour son héritage D'un enfant d'Israël voilà le vrai partage: Trop heureuse pour lui de hasarder vos jours! Et quel besoin.son bras a-t-il de nos secours ? Que peuvent contre lui tous les rois de la terre? En vain ils s'uniroient pour lui faire la guerre : Pour dissiper leur ligue il n'a qu'à se montrer: Il parle, et dans la poudre il les fait tous rentrer. Au seul son de sa voix la mer fuit, le ciel tremble: Il voit comme un néant tout l'univers ensemble : Et les foibles mortels, vains jouets du trépas, Sont tous devant ses yeux comme s'ils n'étoient pas. S'il'a permis d'Aman l'audace criminelle, Sans doute qu'il vouloit éprouver votre zèle. C'est lui qui, m'excitant à vous oser chercher Devant moi, chère Esther, a bien voulu marcher: Ets'il faut que sa voix frappe en vain vos oreilles, Nous n'en verrons pas inoins éclater ses mer veilles. Il peut confondre 'Aman, il peut briser nos fers Par la plus foible'main qui soit dans l'univers : Et vous, qui n'aurez point accepté cette grace , Vous périrez peut-être et toute votre race. ESTHER. Allez: que tous les Juifs dans Suse répandus Me prêtent de leurs vœux le secours salutaire, Patère. Déjà la sombre muit a commencé son tour: (Le choeur se retire vers le fond du théatre.) O mon souverain rois Me voici donc tremblante et seule devant toi! Mon père mille fois m'a dit dans mon enfance Qu'avec nous tu juras une une sainte alliance, Quand, pour te faire un peuple agréable à tes yeux, Il plut à ton amour de choisir nos aïeux: onde ta bouche sacrée Millerée. ་ Hélas! ce peuple ingrat a méprisé ta loi. ་་་ Elle a répudié son époux et son père, Pour rendre à d'autres dieux un honneur adultère: Maintenant elle sert sons un maître étranger. Mais c'est peu d'ètre esclave, on la vent égorger: Nos superbes vainqueurs, insultant à nos larmes, Imputent à leurs dieux le bonheur de leurs armes, Et veulent aujourd'hui qu'une même coup mortel Abolisse ton nom, ton peuple, et ton autel, ̧¡ Ainsi donc un perfide, après tant de miracles, Pourroit anéantir la foi de tes oracles Raviroit aux mortels le plus cher de tes dons, Ivres de notre sang, ferment les seules bouches J'attendois le moment marqué dans ton arrêt pas Devant ce fier lion qui ne te connoît pas; Commande en me voyant que son courroux s'ap paise, Et prête à més discours un charme qui fui plaise. Les orages, les vents, les cieux te sont soumis Tourne enfin sa fureur contre nos ennemis. SCENE V Toute cette scène est chantée. L LE CH OE U R. UNE ISRA ÉLITE, seule. Je Pleurons et gémissons, mes fidelles compagnes; eri |