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JOAD, aux lévites.

Appelez tout le peuple, et montrons-lui son roi : Qu'il lui vienne en ses mains renouveler sa foi. Roi, prêtres, peuple, allons, pleins de reconnois

sance,

De Jacob avec Dieu confirmer l'alliance,
Et, saintement confus de nos égaremens,
Nous rengager à lui par de nouveaux sermens.
Abner, auprès du roi reprenez votre place.

SCENE VIII.

UN LÉVITE, JOAS, JOAD, ET TOUS LES ACTEURS DE LA SCÈNE PRÉCÉDENTE.

JOAD, au lévite.

Hé bien, de cette impie a-t-on puni l'audace?

LE LÉVITE.

Le fer a de sa vie expié les horreurs.
Jérusalem, long-temps en proie à ses fureurs,
De son joug odieux à la fin soulagée,
Avec joie en son sang la regarde plongée.

JOA D.

Par cette fin terrible, et due à ses forfaits, Apprenez, roi des Juifs, et n'oubliez jamais, Que les rois dans le ciel ont un juge sévère, L'innocence un vengeur, et l'orphelin un père.

LE

MISANTHROPE,

COMÉDI E.

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ACTEUR S.

ALCESTE, Amant de Célimène.
PHILINTE, Ami d'Alceste.
ORONTE, Amant de Célimène.
CÉLIMÈNE.

ÉLIANTE, Cousine de Célimène.
ARSINOÉ, Amie de Célimène.

ACASTE,

CLITANDRE, } Marquis.

BASQUE, Valet de Célimène.

UN GARDE de la Maréchaussée de France. DUBOIS, Valet d'Alceste.

La Scène est à Paris, dans la maison de Célimène.

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Mais encor, dites-moi, quelle bisarrerie...

ALCESTE.

Laissez-moi là, vous dis-je, et courez vous cacher.

PHIL INTE.

Mais on entend les gens au moins sans se fàcher.

ALCESTE.

Moi, je veux me fâcher, et ne veux point entendre.

PHILINT E.

Dans vos brusques chagrins je ne puis vous com

prendre,

Et, quoiqu'amis enfin, je suis tout des premiers...
ALCESTE se levant brusquement.

Moi, votre ami? Rayez cela de vos papiers.
J'ai fait jusques ici profession de l'être;
Mais, après ce qu'en vous je viens de voir paroître,
Je vous déclare net que je ne le suis plus,
Et ne veux nulle place en des cœurs corrompus.

PHIL INT E.

Je suis donc bien coupable, Alceste, à votre

compte?

ALCESTE.

Allez, vous devriez mourir de pure honte ;
Une telle action ne sauroit s'excuser,

Et tout homme d'honneur s'en doit scandaliser.
Je vous vois accabler un homme de caresses,
Et témoigner pour lui les dernières tendresses;
De protestations, d'offres et de sermens,
Vous chargez la fureur de vos embrassemens;
Et, quand je vous demande après, quel est cet
homme,

A peine pouvez-vous dire comme il se nomme.
Votre chaleur pour lui tombe en vous séparant,
Et vous me le traitez, à moi, d'indifférent.
Morbleu, c'est une chose indigne, lâche, infame,
De s'abaisser ainsi jusqu'à trahir son ame;
Et si, par un malheur, j'en avois fait autant,
Je m'irois, de regret, pendre tout à l'instant.

PHIL INT E.

Je ne vois pas, pour moi, que le cas soit pendable;
Et je vous supplierai d'avoir pour agréable
Que je me fasse un peu grace sur votre arrêt,
Et ne me pende pas pour cela, s'il vous plaît.

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PHILINT E.

Mais, sérieusement, que voulez-vous qu'on fasse?

ALCESTE.

Je veux qu'on soit sincère, et qu'en homme d'hon

neur,

On ne lâche aucun mot qui ne parte du cœur.

PHIL INTE.

Lorsqu'un homme vous vient embrasser avec joie, Il faut bien le payer de la même monnoie; Répondre, comme on peut, à ses empressemens, Etrendre offre pour offre et sermens pour sermens.

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