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Permettez, avant tout, qu'Esther puisse à sa table
Recevoir aujourd'hui son souverain seigneur,
Et qu'Aman soit admis à cet excès d'honneur.
J'oserai devant lui rompre ce grand silence;
Et j'ai pour m'expliquer besoin de sa présence.

ASSUÉR Ụ S.

Dans quelle inquiétude, Esther, vous me jetez! Toutefois qu'il soit fait comme vous souhaitez. (à ceux de sa suite.)

Vous, que l'on cherche Aman; et qu'on lui fasse entendre

Qu'invité chez la reine, il ait soin de s'y rendre.

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'ASSUÉRUS, ESTHER, ÉLISE, THAMAR, HYDASPE, UNE PARTIE DU CHOEUR.

MY DAS PE.

Les savans Chaldéens, par votre ordre appelés Dans cet appartement, seigneur, sont assemblés,

ASSUER US.

Princesse, un songe étrange occupe ma pensée :
Vous-même en leur réponse êtes intéressée.
Venez, derrière un voile écoutant leurs discours,
De vos propres clartés me prêter le secours.
Je crains, pour vous, pour moi, quelque ennemi
perfide..

ESTHER.

Suis-moi, Thamar. Et vous, troupe jeune et timide "

Sans craindre ici les yeux d'une profane cour,
A l'abri de ce trône attendez mon retour.

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SCÈNE I X.

Cette scène est partie déclamée et partie
chantée.

ÉLISE, UNE PARTIE DU CHOEU R.

ÉLISE.

Que vous semble, mes sœurs, de l'état où nous sommes ?

D'Esther, d'Aman, qui le doit emporter?
Est-ce Dieu, sont-ce les hommes
Dont les œuvres vont éclater?
Vous avez vu quelle ardente colère
Allumoit de ce roi le visage sévère.

UNE ISRAELITE.

Des éclairs de ses yeux l'œil étoit ébloui.

UN E AUTRE.

Et sa voix m'a paru comme un tonnerre horrible.

ÉLISE.

Comment ce courroux si terrible
En un moment s'est-il évanoui?
UNE ISRAELITE chante.

Un moment a changé ce courage inflexible :
Le lion rugissant est un agneau paisible.
Dieu, notre Dieu sans doute a versé dans son

cœur

Cet esprit de douceur.

LE CHOEUR chante.

Dieu, notre Dieu sans doute a versé dans son

cœur

Cet esprit de douceur.

LA MÈME ISRA ÉLITE chante.

Tel qu'un ruisseau docile

Obéit à la main qui détourne son cours,

Et, laissant de ses eaux partager

le secours,

Va rendre tout un champ fertile :

Dieu, de nos volontés arbitre souverain,
Le cœur des rois est ainsi dans ta main.

ÉL. I SE.

Ah! que je crains, mes sœurs, les funestes nuages Qui de ce prince obscurcissent les yeux Comme il est aveuglé du culte de ses dieux ?

UNE ISRA ÉLITE.

Il n'atteste jamais que leurs noms odieux.

UNE AUTRE.

Aux feux inanimés dont se parent les cieux
Il rend de profanes hommages.

UNE AUTRE.

Tout son palais est plein de leurs images.

LE CHOE U R chante.

Malheureux, vous quittez le maître des humains Pour adorer l'ouvrage de vos mains !

UNE ISRAELITE chante.

Dieu d'Israël, dissipe enfin cette ombre : Des larmes de tes saints quand seras-tu touché? Quand sera le voile arraché

Qui sur tout l'univers jette une nuit si sombre? Dieu d'Israël, dissipe enfin cette ombre : Jusqu'à quand seras-tu caché?

UNE DES PLUS JEUNES ISRA ÉLITES.

Parlons plus bas, mes sœurs. Ciel! si quelque infidelle,

Ecoutant nos discours, nous alloit déceler !

LISE.

Quoi! fille d'Abraham, une crainte mortelle
Semble déjà vous faire chanceler!
Hé! si l'impie Aman, dans sa main homicide
Faisant luire à vos yeux un glaive menaçant,
A blasphémer le nom du Tout-puissant
Vouloit forcer votre bouche timide!

UNE AUTRE ISRAELITE.

Peut-être Assuérus, frémissant de courroux
Si nous ne courbons les genoux
Devant une muette idole,
Comn.andera qu'on nous immole.
Chère sœur, que choisirez-vous ?

suis,

LA JEUNE ISR A ÉLITE.
Moi, je pourrois trahir le Dieu que j'aime!
J'adorerois un dieu sans force et sans vertu,

Reste d'un tronc par les vents abattu ,
Qui ne peut se sauver lui-même!

LE C H OE U R chante.
Dieux impuissans, dieux sourds, tous ceux qui

vous implorent

Ne seront jamais entendus :
Que les démons, et ceux qui les adorent ,
Soient à jamais détruits et confondus!

UNE ISRAÉLITE chante.
Quc ma bouche et mon cæur, et tout ce que je
Rendent honneur au Dieu qui m'a donné la vie.

Dans les craintes, dans les ennuis,

En ses bontés mon ame se confie.
Veut-il par mon trépas que je le glorifie?
Que ma bouche et mon coeur , et tout ce que je
Rendent honneur au Dieu qui m'a donné la vie.

É LIS E.
Je n'admirai jamais la gloire de l'impie.

UNE AUTRE ISRA É LITE.
Au bonheur du méchant qu'une autre porte envie.

É LIS B.
Tous ses jours paroissent charmans;

L'or éclate en ses vêtemens;
Son orgueil est sans borne ainsi que sa richesse;
Jamais l'air n'est troublé de ses gémissemens ;
Il s'endort, il s'éveille au son des instrumens ;
Son caur nage dans la mollesse.

UN E AUTRE ISRAÉLITE, Pour comble de prospérité, N espère revivre en sa postérité; Et d'enfans à sa table une riante troupe Semble boire avec lui la joie à pleine cotpe.

(Tout le reste est chanté.)

silis,

LE CHOE U R.

Heureux, dit-on, le peuple florissant Sur qui ces biens coulent en abondance. Plus heureux le peuple innocent Qui dans le Dieu du ciel a mis sa confiance! UNE ISRAELITE, seule. : Pour contenter ses frivoles désirs L'homme insensé vainement se consume Il trouve l'amertume

Au milieu des plaisirs.

UNE AUTRE

seule.

Le bonheur de l'impie est toujours agité:
I erre à la merci de sa propre inconstance.
Ne cherchons la félicité

Que dans la paix de l'innocence..

LA MÈME, avec une autre..

O douce paix !

O lumière éternelle !

Beauté toujours nouvelle!
Heureux le cœur épris de tes attraits!
O douce paix!

O lumière éternelle!"
Heureux le cœur qui ne te perd jamais

LE CH OE UR.

O douce paix!

O lumière éternelle !

Beauté toujours nouvelle !.

O douce paix

Heureux le coeur qui ne te perd jamais!
LA MÊME, seule.

Nulle paix pour l'impie. Illa cherche, elle fuit;
Et le calme en son cœur ne trouve point de place
Le glaive au dehors le poursuitz
Le remords au dedans le glace..

UNE AUTRE,

La gloire des méchans en un moment s'éteint: L'affreux tombeau pour jamais les dévore.

t;

Il n'en est pas ainsi de celui qui te craint
I renaîtra mon Dieu, plus brillant que l'aurore.

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