LE CH OE U R. O douce paix ! Heureux le cœur qui ne te perd jamais! Mes sœurs, j'entends du bruit dans la chambre prochaine. On nous appelle ; allons rejoindre notre reine. ACTE TROISIÈME. Le théâtre représente les jardins d'Esther, et un des côtés du salon où se fait le festin. * C'EST donc ici d'Esther le superbe jardin, Seul entre tous les grands par la reine invité, Si le mal vous aigrit, que le bienfait vous touche. Quiconque ne sait pas dévorer un affront, Souvent avec prudence un outrage endure A MAN. O douleur! & supplice affreux à la pensée! ZARÈS. Pourquoi juger si mal de son intention? A MA N. Il sait qu'il me doit tout, et que, pour sa grandeur, J'ai foulé sous les pieds remords, crainte, pudeur; Et, pour prix de ma vie à leur haine exposée ZARÈS. Seigneur, nous sommes seuls. Que sert de se flatter? pas vous seul Ce zèle lui vous fites éclater, Ce soin d'immoler tout à son pouvoir suprême , Entre nous, àvoient-ils d'autre objet que vous -même ? Et, sans chercher plus loin, tous ces Juifs désolés, N'est-ce å que vous les immolez į Et ne craignez-vous point que quelque avis fu neste.. Enfin la cour nous hait, le peuple nous déteste. Ce Juif même, il le faut confesser malgré moi , Ce Juif, comblé d'honneurs, me cause quelque effroi : Les malheurs sont souvent enchaînés l'un à l'autre ; Et sa race toujours fut fatale à la vôtre. De ce léger affront songez à profiter. à Peut-être la fortune est prête à vous quitter; Aux plus affreux excès son inconstance passe : Prévenez son caprice avant qu'elle se lasse. Où tendez-vous plus haut Je frémis quand je voi Les abîmes profonds qui s'offrent devant moi : La chute désormais ne peut être qu'horrible. Osez chercher ailleurs un destin plus paisible : Regagnez l'Hellespont et ces bords écartés Où vos aïeux errans jadis furent jetés Lorsque des Juifs contre eux la vengeance al lumée Chassa tout Amalec de la triste Idumée. Aux malices du sort enfin dérobez-vous, Nos plus riches trésors marcheront devant nous: Vous pouvez du départ me laisser la conduite; Sur-tout de vos enfans.j'assurerai la fuite. N'ayez soin cependant que de dissimuler. Contente, sur vos pas vous me verrez voler : La mer la plus terrible et la plus orageuse Est plus sûre pour que cette cour trompeuse. Mais à grands pas vers vous jo vois quelqu'un marcher, C'est Hydaspe. nous SCÈNE I I. AMAN, ZARES, HYDASPE. HYDAS PE Seigneur, je courois vous chercher. Votre absence en ces lieux suspend toute la joie ș pour Vous y conduire Assuérus m'envoie. Et A MAN. Et Mardochée est-il aussi de ce festin? HYDAS PB. A la table d'Esther portez-vous ce chagrin ? Ne possédez-vous pas son oreille et son cœur? AMAN. Croirai-je le bonheur que ta bouche m'annonce? HYDAS PE. J'ai des savans devins entendus la réponse: AMAN. Qui, ce sont, cher ami, des nronstres furieux : HYD ASPE. Les compagnes d'Esther s'avancent vers ce lieu: Sans doute leur concert va commencer la fête. Entrez, et recevez l'honneur qu'on vous apprête. SCÈNE I I I. ELISE, LE CHOE U R. UNE DES ISRAELITES. C'est Aman. UNE AUTR E. C'est lui-même; et j'en frémis, ma sœur. LA PREMIÈRE. Mon cœur de crainte et d'horreur se resserre. C'est d'Israël le superbe oppresseur. LA PREMIERE. C'est celui qui trouble la terre. É LISE. Peut-on, en le voyant, ne le connoître pas! L'orgueil et le dédain sont peints sur son visage. UNE ISRAELITE. On lit dans ses regards sa fureur et sa rage. UNE AUTRE. Je croyois voir marcher la mort devant ses pas. UNE DES PLUS JEUNES. Je ne sais si ce tigre a reconnu sa proie : semblé Qu'il avoit dans les yeux une barbare joie ELISE. il m'a Que ce nouvel honneur va croître son audace ! UNE DES. ISRA ÉLITES. Ministres du festin, de grace, dites-nons, Quels mets à ce cruel, quel vin préparez-vous? Le U NE AUTR E. sang de l'orphelin, UNE TROISIÈME.. Les pleurs des misérables |