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pe. Il y a dans Pékin un trèsgrand nombre de Chrétiens qui viennent en toute liberté aux Eglifes. On va dans la ville dire la Sainte Meffe, & adminiftrer de tems en tems les Sacremens aux femmes, à qui felon les loix du pays, il n'eft pas permis de fortir de la maifon, & de fe rendre aux Eglifes où fe trouvent les hommes. On laiffe dans la Capitale cette liberté aux Mif fionnaires parce que l'Empereur, fçait bien qu'il n'y a que le motif de la Religion qui nous àmene, & que fi on venoit à fermer nos Eglifes, & à interdire aux Miffionnaires la liberté de prêcher & de faire leurs fonctions, nous quitterions bien-tôt la Chine; & c'eft ce qu'il ne veut pas. Ceux de nos Peres qui font dans les Provinces,n'y font pas tellement cachés, qu'on ne

pût les découvrir fi on vouloit; mais les Mandarins ferment les yeux, parce qu'ils fçavent fur quel pied nous fommes à Pékin. Que fi par malheur nous en étions renvoyés, les Miffionnaires des Provinces feroient bientôt découverts & renvoyés à leur tour. Notre figure eft trop différente de la chinoife pour pouvoir être long

tems inconnus..

Enfin, Monfieur, nous voici au dernier article: vous voulez que je vous parle du nouveau Bref du faint Pere contre les Cérémonies chinoifes. Comment vous fatisfaire? Sans étude & fans fcience, je ferois téméraire d'entrer là deffus dans aucun détail. Tout ce que je puis vous dire, c'eft que ce Bref ne décourage nullement les Miffionnaires. En obéiffant au faint

Siége,ils feront d'ailleurs tout ce qui eft en leur pouvoir; perfuadés que Dieu ne leur en demande pas davantage. Ne donnez donc aucune créance aux difcours, aux libelles, de quelques perfonnes mal intentionnées. Je me fuis fait Jéfuite très-tard, ainfi ce ne font pas les préjugés de l'éducation qui me conduifent: mais j'examine, je réfléchis, & je vois que tout ce qu'il y a ici de Jéfuites, font habiles foit pour les fciences de l'Europe, foit pour les connoiffances de la Chine; que ce font des hommes d'une grande vertu. Ils font fans doute bien plus inftruits que moi fur le compte de ceux qui ne travaillent qu'à les décrier; cependant ils fe taifent fur ce fujet, & ils fe feroient un grand fcrupule d'en parler; je ne les ai jamais ouï

s'expliquer à cet égard qu'avec la derniére réferve. La charité. parmi eux, va de pair avec l'o béiffance au S. Siége: & cette obéiffance eft totale & parfaite. Le faint Pere a parlé; cela fuffit: il n'y a pas un mot à dire : on ne fe permet pas même un gefte: il faut fe taire & obéin C'eft ce que je leur ai fouvent entendu dire, & récemment encore à l'occafion du nouveau Bref.

Quant à ce qui regarde le progrès que fait ici la Religion; je vous ai déjà dit que nous y avons trois Eglifes, & vingtdeux Jéfuites; dix François dans notre maison françoise, & douze dans les deux autres maifons, qui font Portugais, Italiens & Allemands. De ces 22 Jéfuites, il y en a fept, occupés comme moi, au fervice de l'Empereur,

Les autres font Prêtres, & par conféquent Miffionnaires. Ils cultivent non-feulement laChré tienté qui eft dans la ville de Pé, kin, mais encore celles qui font jufqu'à trente & quarante lieues à la ronde, où ils vont de tems en tems faire des excurfions apoftoliques.

Outre ces Jéfuites Européans, il y a encore ici cinq Jéfuites Chinois, Prêtres, pour aller dans les lieux & dans les maisons, où un European ne pourroit pas aller fans rifque & avec bienféance. Il y a outre cela dans différentes Provinces de cet Empire trente à quas rante Miffionnaires Jéfuites ou autres. Notre maison françoise baptife réguliérement chaque année près de cinq à fix cens adultes, tant dans la ville, que dans la province, & dans la Tar

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