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voit avoir acquis la Miffion de S. Chriftophle, & le Pere fe trouvant au Cap dans l'embarras d'un nouvel établissement.

La charité qui eft ingénieuse, lui fit trouver une reflource aux miferes publiques; il les repréfenta vivement, & il propofa comme un reméde néceffaire & convenable, d'établir une afsociation de Dames pieuses, qui par leurs charités & leurs foins fe fiffent un devoir de vifiter les malades, & les perfonnes néceffiteufes, qui n'ofent demander ouvertement l'aumône, & de leur & de leur procurer tous les foulagemens néceffaires. Comme il avoit le talent de manier les efprits, il vint à bout de fon deffein. Les principales Dames de la ville fe firent un honneur d'entrer dans la bonne œuvre. On vit donc en

peu

de tems une Confrérie formée de Dames de miféricorde: on élifoit une fupérieure tous les ans, & une tréforiere, & chacune des autres Dames à leur tour, pour visiter les malades & pour leur procurer chaque mois les fecours de la Confrerie.

Ces Dames ne bornerent pas là leur charité; elles établirent un Hôpital pour les hommes, les femmes & les familles entieres, réduits à l'aumône ou malades. On acheta deux maifons pour cela; on établit un fyndic; le tout fous la direction du Supérieur de la Mission qui affembloit ces Dames une fois tous les mois. Cet Hôpital dura jufqu'en 1707. où M. de Charite Commandant en chef après la mort de M. Augé, ayant befoin des emplacemens de ce

nouvel Hôpital, pour alligner la nouvelle Place d'armes, détruifit les maifons & en renferma le terrein dans cette Place, fans donner aucun dédommagement aux Dames de la Miféricorde. Il n'y avoit alors dans l'étendue de la dépendance du Cap que huit Paroiffes: fçavoir; le Cap, le Morne-rouge, l'Accul, la Petite Ance, le Quartier Morin, Limonade & deux au Port de Paix. Le Pere Gouye, procureur de la Miffion, fçachant le befoin qu'on avoit de fujets pour gouverner ces Paroiffes, avoit déjà écrit avec fuccès dans toutes les Provinces de l'Affiftance de France pour exciter le zéle & obtenir des Miffionnaires.

Le pere Jean-Baptifte le Pers, de la Province de Flandre fut des premiers à partir. Il arriva au Cap le 24. d'Août 1704 XXVII. Rec.

& dans le cours de l'année 1705. il fut fuivi des PP. Olivier, lẹ Breton, Laval & Boutin: ainsi avec le fecours de deux Prêtres féculiers qui fe trouverent dans ces quartiers, le Supérieur de la Miffion eut de quoi remplir dès cette année là toutes les Paroiffes vacantes.

Il étoit jufte de donner une forme ftable à cette Miffion; c'eft à quoi travailla efficacement le Pere Gouye, en obtenant des Lettres-Patentes du Roi qui furent enregistrées au Parlement le 29. Novembre 1704. Par ces Lettres, le Roi établit les Jéfuites dans l'administration fpirituelle des Colonies françoifes de la côte de S. Domingue, depuis Monte Chrift jufqu'au Mont de S.Nicolas, avec défenfe à tous Prêtres féculiers ou réguliers de s'immifcer dans cette Mission,

fans le confentement exprès des Jéfuites. Le Supérieur du Cap fut établi Supérieur général de la Miffion.

Rien de plus déplorable que l'état où les Miffionnaires Jéfuites diftribués dans les différentes Paroiffes, trouverent leurs Eglifes. La plupart étoient ouvertes de toutes parts & livrées nuit & jour à toutes fortes de profanations par les hommes & par les bêtes, fans que rien pût les défendre. J'excepte l'Eglife du Cap, où il y avoit un Tabernacle dans les formes, envoyé par le Roi. Le premier foin des nouveaux Miffionnaires fut donc de travailler à la réparation de leurs Eglifes: c'eft en quoi fe fignalerent fur-tout le Pere le Pers à Limonade, le Pere Boutin à S. Louis, & le Pere d'Autriche au Port de Paix.

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