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comparé avec les autres offemens, affûrerent que c'étoit fon chef, neanmoins les Feuillans n'oferent pas l'exposer à la veneration publique.

Vernuce.

De-là je fus à l'abbaye d'Olivet, où je ne pus rien voir à Olivet, la caufe de l'abfence du prieur. Je remaquai dans l'églife que le faint Sacrement eft confervé fur l'autel dans une espece de tour de bois, qui s'ouvre par derriere, & à laquelle on monte par un degré. De l'abbaye d'Olivet je fus coucher à celle de la Vernuce, qui eft de la reforme des chanoines reguliers de Bocachard.

L'abbaye de Vierzon, qui'n'est qu'à fix petites lieues de là, Vierzon. n'étoit dans fon origine qu'un prieuré dépendant de l'abbaye de Deuvres fondée dans le neuviéme fiecle

par faint Rodulfe archevêque de Bourges. L'abbaye de Deuvres étant expofée aux incurfions, fut transferéé dans le prieuré, (qui eft fitué fur le bord de la riviere d'Eure,) avec les reliques de fainte Perpetuë, dont le chef eft dans un beau buste d'argent, que la ville de Vierzon fit faire l'an 1631. en action de graces d'avoir été délivrée de la pefte par fon interceffion. On garde encore dans le même lieu les reliques de faint Optat évêque, & de faint Bizanze avec une grande croix couver. te de lames d'or, & ornée de pierres précieufes. Ces reliques font à Vierzon dés le commencement de fa fondation, ou du moins peu aprés. On prétend que celles de faint Optat font de l'évêque d'Auxerre; neanmoins nos confreres de faint Germain d'Auxerre s'en croyent encore en poffeffion; peutêtre font elles de faint Optat évêque d'Afrique, & qu'elles ont été transferées en France avec celles de fainte Perpetuë & de fainte Felicité, dont faint Rodulfe archevêque de Bourges enrichit les abbayes de Beaulieu & de Deuvres qu'il avoit fondées.

Je demeurai deux jours à Vierzon, & de-là je fus à Maf fai & enfuite à Iffoudun. L'abbaye d'Iffoudun eft la pre- Iffoudan, miere églife de la ville. Elle eft fituée dans le château, & l'abbé eft Doyen né du chapitre de faint Denis. Elle poffede les facrées reliques des faints Talaife & Baye, qui depuis environ vingt ans font en finguliere veneration dans tout le pays, aprés qu'un enfant impotent eut été gueri par leur interceffion, & que cette guerifon eut été fuivie de plu. fieurs autres miracles. Elle poffede encore les reliques de fainte Brigide & de faint Patrice, qui font dans un fepulcre

Bourges,

VOYAGE LITTERAIRE.

24 de prefenter une bonge alimce au celebrant lorf qu'il dit les oraifons; & quand c'est l'archevêque qui les dit, on lui en prefente deaz. Aprés les vêpres les chanoines firent une station, & en revenant chanterent complies. Le chantre monta aux hautes chaires avec fon bâton, & occupa la premiere piace du côté de l'épitre. Les complies fu

rent fuivies de la procefion generale.

L'eglife de Bourges eft fans contredit une des plus belles du royaume. Elle n'a point de croifée, mais fi c'eft-là un defaut, elle récompenfe ce défaut par fa longueur, fa largeur, fon élevation, fa delicateffe & fes doubles collateraux.. Il y a deffous ce vafte édifice une églife fouterraine; mais qui ne va que jufqu'au jube. Dans le fond de cette églife il y a un autel, où l'on dit le famedy faint deux meffes, l'une de Notre-Dame de Pitie, & l'autre du bon Larron. Devant cet autel on voit le heu de la fepulture de meffieurs de la Chastre, & vis-à-vis un tombeau de Notre Seigneur dont les figures font ineftimables. On eft furpris que les Hugue nots ne les ayent pas brifees. Ce monument eft un effet de la piete de Jacques du Breuil chanoine de Bourges, qui y eft reprefenté, & qui penfa ètre archevêque, lorfque le car dinal de Tournon fut elu. La grande tour eft l'ouvrage d'Antoine Boyer. On dit de cet archevêque qu'un jour tous les chanoines ayant dit la melle ou déjeuné, l'archevêque fut oblige de dire la grande meffe, & qu'afin que cela n'arrivat plus, il fonda une mefle qui fe diroit tous les jours après la communion de la grande meffe.

Les Diptyques de l'eglife de Bourges font peut-être la piece la plus curieufe du trefor de la cathedrale. Ce font des tablettes d'yvoire fur lefquelles étoient écrits les noms des archevêques, & que l'on expofoit fur l'autel durant la meile, afin que le prêtre difant le canon pût reciter les noms des archevêques. Lorfque ces tablettes ont été remplies, on les a copices fur des feuilles de parchemin, que l'on a inferces dans ces tablettes, qu'on appelle communément le livre d'yvoire. Elles m'ont paru fi anciennes, que j'ai cru les devoir graver icy.

Dans

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La Préc.

de pierre derriere l'autel de fainte Brigide. Elle avoit auffi celles de faint Paterne êvêque de Vennes; mais elles ont été transferées dans un prieuré de l'abbaye. Jeanne de Luxembourg reine de France & de Navarre eft enterrée dans cette églife, comme nous l'apprenons de ces paroles du necrologe au 4 d'avril. En 1480 en ce prefent jour trépassa tres haute & puiffante princesse Madame Anne de Savoye, femme de tres-haut & puiffant prince Monfieur Frederic d'Arragon prince de Tarente & feigneur d'Iloudun, laquelle trépassa en l'hôtel de Pauldy, & fut fon cœur & fes entrailles enterrées au charnier royal, où est enterrée feu Madame Jeanne de Luxembourg jadis reine de France & de Navarre avec fon petit enfant, dont elle mourut: lequel est devant le degré du chœur où eft l'angelot de cuivre, & fon corps mis en cercueil de plomb en la chapelle de faint André au côté du grand autel. Monfieur Fou. chet dernier abbé regulier qui mourut l'an 1674 n'a eu que deux fucceffeurs qui n'avoient pû encore obtenir de bulles, parce qu'ils n'étoient point religieux. Literius qui en étoit abbé en 1066, étoit archidiacre de Bourges.

L'abbaye de la Prée de l'ordre de Cîteaux à deux ou trois lieuës de là, eut pour fondateur Raoul feigneur d'Iffoudun & de Mareuil. Il paroît par les lieux reguliers qui restent, que ce monaftere, où il n'y a aujourd'hui que cinq ou fix religieux, étoit autrefois coufiderable. L'églife, le chapitre, les cloîtres & le refectoire font voutez & tres-beaux. Le refectoire grand, large & élevé, contenoit un grand nombre de religieux. On voit dans l'églife du côté de l'évangile un fepulcre de pierre élevé fur fix petites colomnes, dans lequel font les reliques de fainte Faufte & de faint Evilafius. On trouve un reglement du chapitre general de Cîteaux de l'an1240 qui permet aux religieux de la Prée de faire tous les jours memoire de ces Saints à Laudes,à Vêpres & à la Messe. Le Cardinal de Prie,qui étoit auffi abbé commendataire de la Prée, voulut être enterré aux pieds de fainte Faufte. On y lit encore fon épitaphe qui eft conçûë en ces termes : Hic jacet, heu mortales! eminentiffimus ac reverendiffimus D.D. Renatus de Prie, filius Antonii baronis de Prie, Domini de Bufançois, & Magdalena d'Amboife, S. R. E. Cardinalis titulo fanite Sabine, epifcopus Bajocenfis ac Lemovicenfis, abbas fanEta Maria de Pratea, ab humanis difcedens animam Deo optimo maximo tradidit, fuumque cadaver jussit humiliter recondi

juxta fanitam Fauftam. Obiit v. idus feptembris anno 1519. Dans la croifée eft le tombeau du feigneur Gaucher de Paffac,& & dans le collateral on voit une representation de celui de Notre-Seigneur, dans lequel il y a un Chrift étendu dans un fepulcre de pierre, dont la figure eft tres-belle. Je crois que c'est à la Prée, où j'ai vu dans le choeur un livre de chant manuscrit, à la tête duquel eft le livre que faint Bernard a compofé de canta, que le Cardinal Bona envoya au Pere Mabillon qui le premier l'a fait imprimer avec les autres ouvrages de ce Pere.

J'arrivai le 12 d'Aouft à Bourges, où le R. P. abbé de Bourges, faint Sulpice avoit difpofé tout le monde à me bien recevoir. J'y reçus effectivement toutes les honnêtetez qu'on pouvoit fouhaiter, de monseigneur l'archevêque, de meffieurs du chapitre de faint Etienne, de monfieur le treforier & de tous les chanoines de la fainte Chapelle, de meffieurs les prieurs de faint Urfin, de faint Oustril du château, de Notre-Dame de Sales, de faint Pierre Puillier, & de toutes les communautez de la ville. Le jour de l'Affomption j'affiftai à la proceffion generale, qui fe fait tous les ans pour le vœu du roy Louis XIII. Comme nous arrivâmes de bonne heure à la ca thedrale, j'eus le temps d'y entendre les vêpres entieres. Tous les chanoines étoient revêtus en chappes, le doyen y occupoit la premiere chaire dans le fond du chœur, le grand archidiacre la premiere du côté de l'évangile, le chancelier la premiere de l'autre bout du côté de l'épître. Le chantre accompagné de fes deux fouchantres étoit affis fur un banc au milieu du choeur. Les cinq pfeaumes furent chantez fous une feule antienne; le premier en mufique, le fecond & le quatrième en plain chant, le troifiéme & le cinquième en faubourdon. Aprés le capitule deux chanoines furent chanter au jubé le verfet du répons, & enfuite fe joignirent aux trois chantres. On chanta le Magnificat en mufique. Deux chanoines precedez de deux enfans de choeur avec leurs chandeliers, & d'un coutre ou facriftain en furpelis, qui portoit un grand cierge de fix ou fept pieds, firent l'encenfement des autels. Ils encenferent enfuite le doyen, le chantre, le grand archidiacre, le chancelier. Aprés quoy deux enfans de choeur encenferent le choeur haut & bas,& le coutre dépofa fon grand cierge auprés l'aigle, où le celebrant fut dire les oraifons. C'eft la coûtume de l'églife de

le

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