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M.CCCXVII. au mois de aouft, le voille faint Jean Decolaffe: Priez pour lui.

Cy gift meffires Garnier de Treignel li jeune, fire de Marigni. Priez pour lui.

Uxores Erardi de Triangulo Agnes de Cauda & Yolendis de

Monte-acuto.

Ci gift meire Henri de Villeneufve, fires de Treignel. Priez por lui, que Dex li face merci. Amen.

DANS L'EGLISE.

Cy gift André Richer de Forigny, religieux de ceans, évêques de Calcedoine, qui trefpaffa le 14. Janvier l'an de grace 1555. Priez Dieu pour fon ame.

Andrea Richerio Torigneo Senoni Vallis-lucentis familiæ mo. macho Ciftercienfi, epifcopo Calcedonenfi, Phani Seanti curioni, nec non S. Servatoris Sylvii præfecto, illuftriffimi principis cardi nalis Borbonii Senonum archiepifcopi coadjutori & vicario, pio atque optimo, qui vixit annos 57. Johanna Gillopei mater fenio confecta & Johannes Richerius præfecture Senonum judex primarius frater natu maximus turbato ordine, heu! fecerunt, Obiit nono calendas menfis februarii in anno ab orbe redemto 1555:

Mcllires Philippe de Senneton, chevalier des ordres du Roy, fon confeiller en fes confeils d'eftat & privé, capitaine de trente homme d'armes de fes ordonnances, marefchal de camp en fes armées, & Lieutenant du Roy au pays Melfin, Toul, & Verdun, ambassadeur extraordinaire de fa Majesté prés l'Empereur, les princes electeurs du faint empire, & autre potentats de l'Allemagne, bailly & capitaine de Sens, qui deceda le 15. Octubre 1601. agé de 70. ans, après avoir rendu des fignalés fervices à fon Roy, & à (a patrie, en tous fes emplois, tant d'ambaffade, gouvernement de ville, que conduite de gens de guerre, & dame Marie Clauffe fon épouse, qui deceda le 11. jour de may 1626. âgée de 84. ans.

Il y a encore quelques autres épitaphes, mais qui fe trouvent dans le Gallia Chriftiana, ou dans la lifte des abbez Le jour de la Pentecôte le pere Souprieur nous pria avec beau coup d'inftance d'officier, mais nous nous en excufâmes, & nous nous contentâmes d'affifter à la grande messe, & à vefpres.

Nous commençâmes le diocefe de Troye par l'abbaye du

Le Para

Paraclet, fi fameufe par la retraite d'Abaillard & d'Eloïfe. Nous y arrivâmes le lundi de Pentecôte, à une heure aprés clet. midy. Les deux abbeffes nous y reçûrent avec beaucoup de demonstration de bonté. Nous entrâmes à l'heure même dans l'interieur, & ce jour-là nous vîmes toutes les archives, accompagnez de la jeune abbeffe, qui nous fit l'honneur de ne nous pas quitter. Nous ne remarquâmes dans l'abbaye & dans l'églife, aucun veftige d'antiquité. Tout le monde fçait que ce monaftere doit fon origine à Pierre Abaillard, homme inquiet & brouillon, qui ne pouvant vivre en paix avec perfonne, obtint enfin de l'abbé de S. Denys, fon fuperieur, permiffion de fe retirer en quelque lieu folitaire, & qu'il choifit dans le diocefe de Troye une folitude affez agreable, où il se bârit un petit appartement, qu'il nomma Paraclet. Que Suger ayant été obligé de chaffer du monaftere d'Argenteuil les religieufes, à caufe de leur vie licentieufe, Eloys qui en étoit fuperieure, fe retira avec fes filles auprés de Pierre Abaillard, qui leur ceda fon Paraclet: Que depuis Abaillard s'étant retiré à Cluny pour y faire penitence des fcandales qu'il avoit caufés dans l'eglife, mourut religieufement au prieuré de S. Marcel de Châlon, où Pierre le Venerable l'avoit envoyé, comme dans un air plus pur, mais qui ne fut pas capable de luy fau ver la vie: Qu'après la mort il y fut enterré, & qu'on y voir encore fon tombeau : mais qu'Eloys, qui ne pouvoit fe feparer d'un homme qu'elle avoit aimé plus que fon Dieu, pria l'abbé de Cluni de lui envoyer fon cadavre, & que Pierre leVenerable eut pour elle la complaifance de le tirer de fon tombeau, & de l'envoyer au Paraclet. Il fut d'abord enterré en l'oratoire de S. Denys, qui étoit apparemment la premiere église du Paraclet, qu'Abaillard, qui étoit religieux de S. Denys avoit fait confacrer en l'honneur de ce faint martyr, & qui ne fubfifte plus aujourd'hui. De cet endroit il fut tranf porté dans l'églife il y a environ deux cens ans, & mis avec Eloys dans un caveau, devant l'autel de la Trinité, qui eft derriere le choeur des religieufes, fous les cloches, où ils n'ont aucune épitaphe. Quelques perfonnes d'efprit ayant vû cer autel, & remarqué que la figure de la Trinité étoit d'une feule pierre ; qu'on y voyoit les trois perfonnes reprefentées fous la forme de trois hommes de même grandeur, & de même parure, avec cette diftinction, que celui du milieu avoir fur la tête une couronne d'or, avec cet écriteau en main Fi

Villenoce.

Troye.

lius meus es tu ; celui de la droite une couronne d'épine fur la tête, & en main une croix avec cette infcription Pater meus es tu ; & celui de la gauche une couronne de fleurs avec ces mots Utriufque fpiraculum ego fum, au lieu qu'aujourd'hui les peintres nous reprefentent la Trinité fous la figure d'un venerable vieillard qui a devant fes pieds un crucifix, & de la bouche duquel il fort une colombe: Ces perfonnes, dis je, ayant remarqué cela, confeilierent à l'abbeffe d'ôter cette pierre de l'endroit où elle étoit, & de la mettre dans un lieu où elle pût être vue de tous les étrangers qui viennent au Paraclet, & qui n'ont, ni la liberté, ni la permiffion d'entrer dans l'interieur du monaftere. Ce qu'elle a executé depuis peu, d'années, la faisant transferer dans le choeur des religieufes, affez proche de la grille, d'où l'on peut facilement la voir. On a mis une infcription au bas, qui femble faire connoître qu'en transferant la pierre, on a auffi transferé au même lieu les cendres d'Abaillard & d'Eloys, ce qui fans doute jettera avec le temps plufieurs perfonnes dans l'erreur, car on n'a point touché à ces deux corps, qui restent fous les cloches dans leur caveau.

Comme nous étions au Paraclet dans le temps de la Pentecôte, nous apprîmes que ce jour-là les religieufes chantent à Tierce fept fois la premiere ftrophe de l'hymne Veni creator, cinq fois à Sexte, & trois fois à None. Le mardi de la Pentecôte madame l'abbeffe reçut la profeffion d'une fœur con verse. Elle fe fit à la meffe, devant la communion. Le celebrant apporta le S. Sacrement à la grile; & avant que la novice prononçât fes voeux le diacre chanta un évangile, qui lui apprenoit qu'à la fuite de Jefus Chrift il faut porter fa croix 5 elle fit enfuite fes voeux avec plufieurs ceremonies tres-belles, que je fuis fâché de n'avoir point décrites.

Nous allâmes aprés dîné à Villenoce, où l'abbaye de Neflela-Repofte a été transferée. Nous n'y trouvâmes rien de remarquable que le portail de l'ancienne église, que nos peres de S. Vanne, qui poffedent cette maifon, ont transferé à la nouvelle, & que le P. Mabillon a eu foin de faire graver en fes annales. La plus grande confolation que j'ai eu en cette abbaye, c'est d'y avoir trouvé le R. P. Dom Athanafe de la Cour, petit neveu du R. P. Dom Didier de la Cour, nôtre faint reformateur, qui marche fur les veftiges de fon oncle, dont il nous montra une lettre & le chapelet.

Nous fûmes de là à l'abbaye de Selliere, de l'ordre de Cî

teaux, où nous ne trouvâmes rien qu'un antiphonaire, à la tête duquel est le traité du chant compofé par S. Bernard. De là nous allâmes à Troyes, & nous fûmes defcendre au monastere de Montier la-Celle. Cette abbaye, éloignée d'en. viron une demi lieuë de la ville, dans un lieu fort marécageux, & mal fain, doit fon origine à faint Frotbert, qui en a été le premier abbé. Elle conferve fes reliques, avec celles de S. Robin, & de plufieurs autres Saints. Elle a donné à l'ordre monaftique le grand S. Robert, fondateur de l'ordre de Cî. teaux, & à l'églife le fameux Pierre de Celle, qui en fut premierement abbé, enfuite de S. Remi de Reims, puis évêque de Chartres. Elle a auffi tiré de nôtre monaftere de Marmoutier, l'abbé Gauzmarus, qui affista au Concile de Clermont, &, comme je crois, l'abbé Bernard, qui fut élû à la persuafion d'Albert, abbé de Marmoutier. Quoi qu'elle ait confervé peu de chofe de fon ancienne fplendeur, l'églife neanmoins eft une des plus belles du diocefe; les vîtres peintes font d'une beauté qui nous frappa en y entrant; toutes les figures qui font à la chapelle de la Vierge, celle de S. Jean, qui eft à un pilier de la nef, qui montre du doigt un agneau fur la porte du collateral; & celle de l'Ecce homo qui eft dans le cloître, font admirables. Nos peres de S. Vanne, qui ont rétabli la regularité dans cette mailon, nous y reçûrent avec toute la cordialité poffible.

Le lendemain matin nous fumes faluer l'ancien, & le nouvel évêque ; on ne peut pas expliquer la bonté qu'ils nous témoignerent l'un & l'autre ; mais comme ils étoient un peu empêchez, ils nous remirent à l'aprés- dîné. Sur les deux heures, étant retournez à l'évêché, nous y trouvâmes avec ces deux prelats, quelques ecclefiaftiques, qu'ils avoient fait venir pour nous aider de leurs lumieres; entr'autres monsieur leur bibliothecaire, monfieur l'archidiacre, & monfieur Brayer, treforier de S. Urbain. On confera d'abord fur les moyens de rectifier la chronologie des évêques de Troyes; & comme je dis que l'unique moyen étoit de voir les titres de l'évêché, le jeune évêque fut auffi-tôt chercher deux cartulaires, qu'il me mit entre les mains; nous allâmes dans la bibliotheque, & nous les parcourûmes ce jour-là. Comme je témoignait qu'outre cela il falloit voir les originaux, le lendemain, lors que nous retournâmes, nous trouvâmes une quarantaine de caiffes pleines de titres, que ces prelats y avoient fait apporter,

pour ne nous pas donner la peine, & l'incommodité de monter en leur chartrier. Nous vîmes enfuite la bibliotheque qui eft grande, & bien remplie de bons livres; mais les manuf crits font peu confiderables. Il n'y eut point de bons offices que les deux évêques ne nous fillent. Nous defirâmes enfuite voir les archives du chapitre, qui nous furent auffitôt ouvertes avec la même bonté. Nous vîmes en même temps l'églife cathedrale, qui eft une des plus belles du royaume, foit pour la grandeur, la largeur, l'élevation, & les ouvertures, foit pour les ornemens, & les facrées reliques qu'on y conferve. Les principales font un morceau du bois de la vraye croix, de huit ou dix pouces de longueur, avec les deux croisons, fur lefquelles il y a deux émauts où font gravez des caracteres grecs qui en font foy, le baffin dont on prétend que nôtre Seigneur fe fervit à la cene, lors qu'il lava les pieds à fes difciples, dans le fond duquel on void un beau fmaragde, & autour on lit quatre vers grecs, qui prouvent fon antiquité ; le crane de S Philippe apôtre, dans un tres-beau reliquaire, orné de la couronne du comte Henri. Cette couronne eft d'or, enrichie de pierres precieuses, qui font toutes enchâfées dans une petite couronne ducale d'or, le pied de fainte Marguerite en chair & en os, tres-palpable, dans un riche reliquaire d'or, orné d'un grand nombre d'émauts, qui reprefentent la vie & le martyre de la Sainte; le rochet de S. Thomas de Cantorberri, d'une toile tres fine, fait en façon d'une grande tunique, fur lequel on void encore des endroits tachez de fa cervelle, quoi qu'il foit confervé dans un lieu tres humide, il repand neanmoins une odeur digne d'admiration. C'est dans l'églife cathedrale qu'on void la fepulture du fçavant Nico. las Camufat, qui en étoit chanoine, & qui a trop bien merité de la republique des lettres, pour que fon épitaphe n'aic point place en cet endroit.

EPITAPHIJM clariffimi & doctiffimi D.D. NICOLAI CAMUSATI, Trecenfis ecclefiæ S. Petri canonici.

Sifte viator, nec mufarum parentem pedibus calca.
Venerare in hoc tumulo magni Camufatii olim eruditum caput.
Sufcipe litterarii vetus facrarium,

Et viventem quondam fcientiarum officinam demirare.
Heu ! jacet magni nominis umbra.

Luge, fi litteras amas, quas jam ipfe deperiit

Geme,

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