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parmi les Docteurs de l'Eglife, quitta fon defert de Syrie pour aller à Jerufalem, où il apprit la langue Hebraïque fous les plus habiles d'entre les Juifs. Il alla enfuite à Conftantinople, où il eut pour maître dans la theologie, l'illuftre S. Gregoire de Nazianze. Je ne parle pas de cette foule de faints abbez, qui par un motif de piété, ont entrepris le voyage de Jerufalem & de Rome pour y répandre leurs cœurs devant le Seigneur, & arrofer de leurs larmes ces lieux faints, qui avoient été arrosez du fang du fils de Dieu, & de celui des princes des apôtres. S. Engilbert & S. Adalard ont été employés par leurs princes en des négociations pour le bien de l'Eglife & de l'Etat, qui les ont fouvent arrachez du fein de leur cloître, & privez des douceurs de la contemplation. Tous ces grands personnages n'ont pas cru dans tous leurs voyages, s'éloigner des devoirs de leur état, ny donner atteinte à la perfection à laquelle ils s'étoient engagé de tendre; perfuadez que le bien public doit toûjours l'emporter fur le particulier, & qu'ayant un cœur auffi droit qu'ils l'avoient, ils pouvoient porter leur folitude au milieu du monde, & converfer avec les puiffances du fiecle, fans participer à fa corruption. Fondez sur de fi beaux exemples, les deux religieux qui donnent icy la relation de leurs voyages, ont cru qu'ils pouvoient pour le fervice du public entreprendre les voyages qu'ils ont fait durant fix ans, & que les travaux de l'étude & les fatigues de leurs courfes leur tiendroit lieu d'une rigoureufe pénitence. Ils n'y ont point recherché d'autre plaisir, que celui de se rendre utile à l'Eglife, & l'on peut dire qu'ils n'y en ont point goûté d'autre. Ils ont eu feulement Dieu en vûe, & comme ils n'ont cherché que lui, auffi a t-il toûjours été avec eux,

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PREFA CE.

& il a rempli leurs travaux de tant de bénédictions, qu'ils ont fujet d'efpérer que le public en fera content. Ils ont parcouru près de cent évêchez, & plus de huit cent abbayes pour y chercher les mémoires neceffaires à la nouvelle édition du Gallia Chriftiana, à laquelle on travaille dans leur Congrégation; & ils ont eu la confolation de trouver la plûpart des supérieurs disposez à leur permettre de recueillir une ample moiffon dans des champs, qui bien souvent étoient en friche, ou peu cultivez. La pouffiere qui couvroit un grand nombre de manufcrits, & de titres à demi pourris, & la confufion d'une infinité d'archives qu'ils ont débrouillées & examinées, ne les ont point rebutez. Le defir de rendre service au public, & l'efpérance que leur travail pourroit être de quelque utilité à l'Eglife, leur ont applani les difficultez les plus infurmontables, la grandeur de l'Ouvrage n'a fait qu'animer leur zele; & dans l'affiduité de leur travail, ils ont eu la joie d'avoir déterrez près de trois cent évêques qui avoient été inconnus à monfieur Robert & à meffieurs de Sainte-Marthe, d'avoir recüeilli beaucoup de mémoires pour corriger, éclaircir, & augmenter l'histoire des évêques des Gaules, d'avoir fait sur les titres originaux & autentiques des fuites des premieres dignitez des cathedrales qui n'en avoient point, ou augmenté confidérablement celles des églifes qui en avoient déja; d'avoir fait fur de femblables monumens des liftes d'abbez ou d'abbesses de plus de fix cent monasteres, dont ceux qui avoient travaillé avant eux, n'avoient rapporté que les noms, & dont même ils avoient ignoré le nom de près de cent; d'avoir ramaffé plus de deux mille pieces qui doivent fervir de preuves dans le Gallia Chriftiana, fans parler du grand nombre de celles qui font

entrées dans le Thefaurus Anecdotorum qu'ils donnent au public.

Plufieurs perfonnes ayant fouhaité qu'ils donnassent une Relation de leur voyage, ils le font d'une maniere fimple & naïve, telle qu'il convient à des folitaires, dont on ne doit pas attendre un ftile fleuri; mais ils efperent que la folidité des matieres, la diversité agréable des faits, & plufieurs circonftances édifiantes qu'ils y ont rapportées, dédommageront les lecteurs de ce défaut, & que les fçavans, les curieux, & les gens de pieté y trouveront dequoi se fatisfaire.

Les premiers y trouveront plufieurs pieces, qui ne leur feront pas indifférentes; un grand nombre d'infcriptions & d'épitaphes, qui pourront fervir à éclaircir l'histoire & les genealogies des anciennes familles ; plufieurs ufages tant des églifes cathedrales, que des monasteres, qui feront d'un grand fecours pour affermir plufieurs points de difcipline, fans parler de l'hiftoire des églises des Gaules, qui tirera beaucoup de jour de ce Voyage. Les feconds y trouveront plufieurs avantures fingulieres, qui les divertiront, on peut même dire, qu'il n'y a gueres de pages où il n'y ait des chofes curieuses, qu'ils fe feront un plaifir de lire. Enfin les derniers trouveront dans les fondations des monafteres, & dans la vie de quelques perfonnes diftinguées par leurs vertus, dequoy s'édifier, & nourrir leur pieté.

APPROBATION.

'AY lû par ordre de monfeigneur le Chancelier un manuscrit qui a pour titre Voyage Litteraire, & je n'y ai trouvé que des Recherches curieufes & intereffantes, & toutes également remplies de l'érudition & de la pieté qu'on remarque dans les autres Ouvrages de l'Auteur. En foi de quoi j'ai figné. A Paris,le 15. Juin 1715.

DE VERTOT.

PRIVILEGE DU Ror.

Love OUIS par la grace de Dieu Roy de France & de Navarre, à nos Amez & Feaux Confeillers les gens tenans nos Cours de Parlement, Maîtres des Requêtes ordinaires de notre Hôtel, Grand Confeil, Prevôt de Paris, Baillifs, Sénéchaux, leurs Lieutenans Civils, & autres nos Jufticiers qu'il appartiendra: SALUT, notre bien amé FLORENTIN DELAULNE Imprimeur & Libraire de Paris, Syndic de fa Communauté, nous a fait remontrer qu'il lui a été mis entre les mains un Livre intitulé Thefaurus novus Anecdotorum, recueilli avec de très-grands foins par deux Religieux Benedictins de la Congregation de faint Maur avec le Voyage Litteraire, lequel Ouvrage il defireroit imprimer; mais comme il ne le peut faire fans s'engager à une très-grande dépenfe, il nous a très-humblement fait fupplier de vouloir bien, pour le dédommager des grandes avances qu'il lui convient faire à ce fujet, lui accorder nos Lettres de privilege pour l'impreffion dudit Ouvrage. A CES CAUSES, voulant favorablement traiter ledit Delaulne, & lui donner moyen de fe dédommager des grandes avances qu'il convient faire pour un fi grand Ouvrage, & exciter par fon exemple les autres Libraires & Imprimeurs à entreprendre des Editions de Livres dont la lecture pût être avantageuse a l'avancement des Sciences & au progrès des Belles-Lettres qui ont toûjours fleuri dans notre Royaume, ainfi qu'à foûtenir la Librairie, & rétablir l'Imprimerie dans une plus grande perfection, récompenfer ceux qui fe diftinguent dans ces deux profeffions, & encourager les autres; Nous avons permis & permettons par ces Prefentes audit Delaulne, d'imprimer ou faire imprimer ledit Thefaurus novus Anecdotorum, & Voyage Litteraire de deux Religieux Benedictins, en tels volumes, forme, marge, caractere, conjointement ou séparément, & autant de fois que bon luy femblera, & de les vendre, faire vendre & debiter par tout notre Royaume pendant le temps de vingt années confecutives, à compter du jour de la datte desdites Prefentes, Faifons défenses à toutes fortes de perfonnes de quelque qualité & condition qu'elles foient, d'en introduire d'impreffion étrangere dans aucun lieu de notre obéiffance; & à tous Libraires, Imprimeurs & autres, 'd'imprimer, faire imprimer, vendre, faire vendre, debiter ni contre

faire ledit Livre en tout ni en partie, ni d'en faire aucuns extraits fous quelque prétexte que ce foit d'augmentation, correction, changement de titre ou autrement, fans la permiffion expreffe & par écrit dudit Expofant, ou de ceux qui auront droit de lui, à peine de confifcation des Exemplaires contrefaits, de dix mille livres d'amende contre chacun des contrevenans, dont un tiers à nous, un tiers à l'Hôtel. Dieu de Paris, l'autre tiers audit Expo fant, & de tous dépens, dommages & interefts; à la charge que ces Prefentes feront enregistrées tout au long fur le Registre de la Communauté des Imprimeurs- Libraires de Paris, & ce dans trois mois de la datte d'icelles; que l'impreffion defdits Livres fera faite dans notre Royaume & non ailleurs, en bon papier & en beau caractere, conformément aux Reglemens de la Librairie ; & qu'avant de l'expofer en vente, il en fera mis deux Exemplaires dans notre Bibliotheque publique, un dans celle de notre Château du Louvre, & un dans celle de notre très-cher & feal Chevalier Chancelier de France le Sieur Dagueffeau; le tout à peine de nullité des Prefentes: du contenu defquelles vous mandons & enjoignons de faire jouir l'Expofant ou fes aïans cause pleinement & paifiblement, fans fouffrir qu'il leur foit fait aucun trouble ni empêchement. Voulons que la copie defdites Préfentes qui fera imprimée au commencement ou à la fin defdits Livres, foit tenue pour dûement fignifiée, & qu'aux copies collationnées par l'un de nos amez & feaux confeillers Secretaires foi foit ajoûtée comme à l'Original. Commandons au premier notre Huiffier ou Sergent de faire pour l'execution d'icelles tous Actes requis & neceffaires, fans demander autre permiffion, & nonobftant clameur de Haro, chartre Normande & Lettres à ce contraires. Car tel eft notre plaifir. Donné à Paris le treizieme jour du mois de Juillet l'an de grace mil fept cens dix-fept, & de notre regne le deuxième. Par le Roy en fon Confeil. FOUQUET.

Registré fur le regiftre 4. de la Communauté des Libraires & Imprimeurs de Paris, page 185. N. 215. conformément aux Reglemens, & notament à l'Arreft du Confeil du 13. Aoust 1703. A Paris le 19 Juillet 1717.

DELAULNE, Syndic.

J'ai fait part du present privilege à meffieurs Foucault, Clouzier Nyon l'aîné, Ganeau & Goffelin. A Paris le 19. Juillet 1717. Signé DELA U L N E.

Registrée la préfente ceffion fur le Registre 4. de la Communauté des Libraires & Imprimeurs de Paris; page 186 conformément aux Reglemens, & notamment à l'Arreft du 13. Aonft 1703. A Paris le 19. Juillet 1717.

DELAULNE, Syndic.

VOYAGE

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