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ment le peuple prendroit auffi-tôt cette action A N. 1571. pour un préjudice porté à la religion catholique; ce qui obligea d'ufer de ce temperament; il fut conclu que pour arrêter le peuple, cette pyramide, feroit tranfportée de nuit dans le cimetiere des faints Innocens ; qu'on effaceroit la fentence de mort gravée sur la table de cuivre, & qu'en sa place on y mettroit un éloge de la croix; par ce moïen on crut pouvoir contenter les Proteftans & le peuple. Claude Marcel prevoft des marchands fut chargé de l'execution. Mais la chose ne put se faire fi fécretement, que le peuple n'en fût informé : dès le matin les féditieux prirent les armes, coururent par la ville, & pillerent quelques maifons. Le gouverneur de Paris François de Montmorency vint auffi-tôt, & appaifa le bruit. Mais plufieurs furent tuez dans le tumulte, & un homme d'affez baffe condition fut pendu aux fenêtres d'une maison voifine.

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LXXX. Réponse du roi

députés.

Le roi répondit aux autres demandes des dépuaux demandes des tés, que le chancelier de l'Hôpital étoit trop âgé & trop infirme pour pouvoir vacquer aux fonctions de cette charge; que l'on traiteroit du rappel du marquis de Villars avec le prince de Navarre : Qu'il ne conviendroit pas de difgracier brufquement le cardinal de Lorraine & le duc de Guise, qui avoient rendu de grands fervices à l'état, & qu'il étoit neceffaire d'en déliberer mûrement, avant que de fe porter à un tel éclat ; enfin sa majesté parut consentir à la restitution du château de Vallery. Les dépu̟tés s'en rétournerent contents, & informerent reine de Navarre, le prince fon fils & l'amiral de

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A N. 1571.

LXXXI.
Mort du cardi-

Coligni, des heureufes difpofitions dans lefquelles
ils avoient laiffé le roi, pour entretenir la paix.
Le cardinal Odet de Coligni de Châtillon, ar-
chevêque de Touloufe, évêque & comte de Beau- nal Châtillon.
vais, & chargé encore de plufieurs abbaïes, mourut
la même année 1571. le quatorziéme de Février à
Hampton, proche de Cantorberi en Angleterre,
où l'on a vû ci-devant qu'il s'étoit retiré. Il étoit fre-
re de l'amiral de Coligni, & depuis fon apoftafie &
fon mariage, il avoit toûjours été zelé protecteur
des Calviniftes. Pendant fon féjour en Angleterre
il avoit néanmoins travaillé de la part de la France,
à engager la reine Elisabeth, à épouser le duc d'An-
jou, & cette reine qui étoit adroite & rusée, l'avoit
toûjours flaté de l'efperance de donner les mains à
cette affaire; mais en même-temps elle avoit tou-
jours fait naître des difficultés, principalement à
caufe que le duc profeffoit la religion Catholique.

d'Anglet. liv. 18.
pag. 1692.

Enfin, après bien des entrevûes & des négociations, Elifabeth, qui ne vouloit qu'amufer la France, confentit à donner un écrit conçu en ces termes: Que fi le duc d'Anjou vouloit s'engager à l'accompagner quand elle iroit à fa chapelle, & à ne refufer les inftructions de l'église Anglicane, Duchefue hift. pas elle confentoit que lui-même & fes domeftiques ne fuffent point contraints contre leur conscience à se conformer à la religion Anglicane, jufqu'à ce qu'ils fab. tom. I. p. en fuffent perfuadez; de plus que ni lui ni fes domestiques, du nombre desquels on conviendroit, ne feroient inquietez pour avoir obfervé des ceremonies ecclesiastiques, differentes de celles qui étoient autorisées par les loix, pourvû qu'elles ne

Leti vie d'Eli

471. & fuiv.

Ciacon. in vitis

Pontif. tom. 3. p.

527.

Hift. d'Aubigné, liv. 4. chap. 14. cardinaux.

Aubery hift. des

Negociations

du

LXXXII mariage de la

reine d'Angleter

re

avec le duc d'Anjou.

De Thou ut

>

Suprà.

fuffent pas contraires à la parole de Dieu, & que A N. 1571. cela fe fit dans un lieu fecret, pour la fatisfaction de leurs confciences, & de telle maniere que fes fujets n'en puffent prendre occafion de violer les loix ecclefiaftiques du roïaume. L'ambassadeur de France eut beaucoup de peine à faire changer ces paroles, contraires à la parole de Dieu, en la place defquelles la reine mit celles-ci, contraires à l'église de Dieu. Mais malgré cette apparence d'accommodement, l'affaire échoua, parce qu'Elifabeth fit naître de nouvelles difficultés.

LXXXIII. Perfecution des Catholiques en

Angleterre.

Cambden in an

nall. regn. Elifa

beth.

Plus fincere fur ce qui regardoit la prétenduë réforme, elle fit confirmer dans cette année les trente-neuf articles du finode tenu à Londres en 1562. Lorfque Pie V. eut excommunié cette reine & fes adherans, comme on a dit ailleurs, irritée de cette action, elle fit de nouvelles loix contre les Catholiques, confifqua les biens de ceux qui étoient fortis du roïaume pour la religion, declara les prêtres, & notamment les Jefuites, qui étoient venus dans le roïaume, & ceux qui les recevoient, criminels de leze-majesté. Elle augmenta ces peines dans la fuite, en condamnant à de groffes amendes ceux qui ne voudroient pas affifter aux affemblées de la religion Anglicane, & déclarant criminels de lezemajefté, ceux qui perfuaderoient aux Anglois de l'abandonner. Le parlement défendit aufli à qui que ce fût, d'ofer parler en faveur de ceux qui feroient mis en prifon pour crime d'état, & ordonna que tous ceux qui contribueroient à les faire mettre en liberté par quelque voïe que ce fût, exceptés ceux qui le feroient par l'autorité de la justice, fe

Sander de vifib.

monarch. in fine.

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feroient eux-mêmes rcputez criminels de leze-ma-
jesté.

A N. 1571.

Ripin Thoi ras hift. d'Angl.

pag. 312.

Après la bulle de Pie V. contre Elifabeth, le même Parlement rendit encore d'autres Edits qui n'étoient pas moins rigoureux, contre ceux qui machineroient quelque chofe contre la perfonne de la reine, ou qui lui feroient la guerre, ou qui diroient qu'elle étoit hérétique, fchifmatique, ou infidelle, que le roïaume ne lui appartenoit en aucune maniere, ou qui lui défigneroient pendant liv. 17. tom. 6. fa vie un fucceffeur, autre que ceux qui proviendroient de lignée naturelle. On ordonna encore que ceux-là feroient réputez criminels de leze-ma jefté, qui par des refcrits du fouverain pontife réconcilieroient quelqu'un à l'église Romaine, de même que ceux qui y feroient réconciliez; qu'on confifqueroit les biens de ceux qui apporteroient en Angleterre des Agnus Dei, des chapelets, des crucifix; que de plus on les condamneroit à une prifon perpetuelle. Jean Storie Anglois, docteur en droit, & autrefois profeffeur dans l'univerfité d'Oxford, fut la premiere victime de ces ordonnances ; il fut amené de Flandres, où il s'étoit retiré durant les troubles d'Angleterre on l'accufa d'avoir confpiré avec les ennemis d'Elifabeth, & fur le refus qu'il fit de répondre, on le retint en prifon, d'où il ne fortit que pour fubir le dernier fupplice.

LXXXIV.

ment d'Angleterre en faveur d'Elifabeth.

hoc anno n. 8.

stond, in annal. Sander. de visi

bili monarch. in fine.

I.XXXV.

La reine fait ar

Nortfolk.

Elifabeth fit auffi arrêter & mettre en prifon le duc de Nortfolk, qui avoit voulu époufer Marie rêter le duc de Stuart. Le duc fe voïant dans les fers., protesta qu'il se repentoit d'avoir penfé à ce mariage, & promit Tome XXXV.

d'ètre fidele à Elizabeth, & de ne montrer de zéle A N. 1571. que pour fes intérêts. Sur cette proteftation la reine lui rendit la liberté; mais il n'en joüit pas longtems. Ridolfi agent du pape lui fit oublier fa promeffe, & le duc recommença fes intrigues. Cette infidelité le perdit: il fut arrêté de nouveau, &

mis à la tour de Londres. On trouva fur lui un

LXXXV I.

Suites de l'affaire de Marie Stuart.

long mémoire en chiffre daté du 7. Février, dans lequel la reine d'Ecoffe lui confeilloit de fe retirer en Espagne plutôt qu'en France, & lui promettoit que fi elle pouvoit elle-même s'y rendre après fa délivrance, elle feindroit de vouloir époufer dom Jean d'Autriche, afin de mieux cacher l'amitié qu'elle avoit pour lui-même. Elle le prioit auffi de faire partir Ridolfi pour Rome, & de lui donner des inftructions convenables à leur fituation mutuelle, & à leurs intérêts. Sur ces indices le duc interrogé avoüa tout, à l'exception des papiers que fon fécretaire avoit livrez, & qu'il croïoit brûlez. Enfuite on foüilla fa maifon, & on y trouva le chiffre dont la reine d'Ecoffe & lui fe fervoient; quelques-uns des complices qui avoient été arrêtés, avoüerent de même fans peine tout ce qu'ils fçavoient. Le duc eut la tête tranchée le cinquiéme de Juin de l'année suivante.

Dans le même tems on agissoit auffi en Ecoffe contre Marie Stuart : l'archevêque de Saint André qui fut accufé d'avoir été complice de la mort violente du feu roi, fut arrêté par ordre du viceroi, & enfuite pendu. Ce jugement & la rigueur de la conduite du Viceroi, augmenterent la divifion entre les partisans de la reine & ceux qui lui étoient

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