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Coligni, des heureuses dispositions dans lesquelles ils avoient laiffé le roi, pour entretenir la paix.

A N. 1571.

LXXXI. Mort du cardi

Ciacon. in vitis

527.

Aubery hift. des

Le cardinal Odet de Coligni de Châtillon, archevêque de Toulouse, évêque & comte de Beau- nal Châtillon. vais, & chargé encore de plufieurs abbaïes, mourut la même année 1571. le quatorziéme de Février à Pontif. tom. 3. p. Hampton, proche de Cantorberi en Angleterre, Hift. d'Aubigné, où l'on a vû ci-devant qu'il s'étoit retiré. Il étoit fre- liv. 4. chap. 14. re de l'amiral de Coligni, & depuis fon apoftafie & cardinaux. son mariage, il avoit toûjours été zelé protecteur des Calviniftes. Pendant fon féjour en Angleterre il avoit néanmoins travaillé de la part de la France, à engager la reine Elisabeth, à épouser le duc d'Anjou, & cette reine qui étoit adroite & rufée, l'avoit toûjours flaté de l'efperance de donner les mains à cette affaire; mais en même-temps elle avoit toujours fait naître des difficultés, principalement à caufe que le duc profeffoit la religion Catholique. Enfin, après bien des entrevûes & des négociations, Elisabeth, qui ne vouloit qu'amufer la Fran- du ce, confentit à donner un écrit conçu en ces ter- re avec le duc mes : Que fi le duc d'Anjou vouloit s'engager à l'accompagner quand elle iroit à fa chapelle, & à ne suprà. pas refuser les inftructions de l'église Anglicane, Duchefue hist. elle confentoit que lui-même & fes domeftiques ne fuffent point contraints contre leur confcience à se conformer à la religion Anglicane, jufqu'à ce qu'ils fabh. tom. I. p. en fuffent perfuadez; de plus que ni lui ni fes domestiques, du nombre desquels on conviendroit, ne feroient inquietez pour avoir obfervé des ceremonies ecclefiaftiques, differentes de celles qui étoient autorisées par les loix, pourvû qu'elles ne

LXXXIL mariage de la

Negociations

reine d'Angleter

d'Anjou.

De Thou ut

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d'Anglet. liv. 11. pag. 1692.

Leti vie d'Eli

471. & fuiv.

fuffent pas contraires à la parole de Dieu, & que A N. 1571. cela fe fit dans un lieu fecret, pour la fatisfaction de leurs confciences, & de telle maniere que Les sujets n'en puffent prendre occafion de violer les loix ecclefiaftiques du roïaume. L'ambassadeur de France eut beaucoup de peine à faire changer ces paroles, contraires à la parole de Dieu, en la place defquelles la reine mit celles-ci, contraires à l'églife de Dieu. Mais malgré cette apparence d'accommodement, l'affaire échoua, parce qu'Elifabeth fit naître de

LXXXIII. Perfecution des Catholiques en Angleterre.

Cambden in an

beth,

Sander de vifib.

nouvelles difficultés.

Plus fincere fur ce qui regardoit la prétenduë réforme, elle fit confirmer dans cette année les trente-neuf articles du finode tenu à Londres en nall. regn. Elifa 1562. Lorfque Pie V. eut excommunié cette reine & fes adherans, comme on a dit ailleurs, irritée de monarch. in fine. cette action, elle fit de nouvelles loix contre les Catholiques, confifqua les biens de ceux qui étoient fortis du roïaume pour la religion, declara les prêtres, & notamment les Jefuites, qui étoient venus dans le roïaume, & ceux qui les recevoient, criminels de leze-majefté. Elle augmenta ces peines dans la fuite, en condamnant à de groffes amendes ceux qui ne voudroient pas affifter aux affemblées de la religion Anglicane, & déclarant criminels de lezemajesté, ceux qui persuaderoient aux Anglois de l'abandonner. Le parlement défendit auffi à qui que ce fût, d'ofer parler en faveur de ceux qui feroient mis en prison pour crime d'état, & ordonna que tous ceux qui contribueroient à les faire mettre en liberté par quelque voïe que ce fût, exceptés ceux qui le feroient par l'autorité de la justice, fe

feroient eux-mêmes rcputez criminels de leze-majesté.

A N. 1571.

LXXXIV.

ment d'Angleter

re

Edits du Parleen faveur d'Estond, in annal. Sander de visi

lifabeth.
Spond.

hoc anno n. 8.

bili monarch. in fine.

R-pin Thoi ras hift. d'Angl.

pag. 312.

Après la bulle de Pie V. contre Elifabeth, le même Parlement rendit encore d'autres Edits qui n'étoient pas moins rigoureux, contre ceux qui machineroient quelque chofe contre la perfonne de la reine, ou qui lui feroient la guerre, ou qui diroient qu'elle étoit hérétique, fchifmatique, ou infidelle, que le roïaume ne lui appartenoit en aucune maniere, ou qui lui défigneroient pendant v. 17. tom. 6. fa vie un fucceffeur, autre que ceux qui proviendroient de lignée naturelle. On ordonna encore que ceux-là feroient réputez criminels de leze-ma jesté, qui par des refcrits du fouverain pontife réconcilieroient quelqu'un à l'église Romaine, de même que ceux qui y feroient réconciliez; qu'on confisqueroit les biens de ceux qui apporteroient en Angleterre des Agnus Dei, des chapelets, des crucifix; que de plus on les condamneroit à une prifon perpetuelle. Jean Storie Anglois, docteur en droit, & autrefois profeffeur dans l'univerfité d'Oxford, fut la premiere victime de ces ordonnances; il fut amené de Flandres, où il s'étoit retiré durant les troubles d'Angleterre on l'accufa d'avoir confpiré avec les ennemis d'Elisabeth, & fur le refus qu'il fit de répondre, on le retint en prifon, d'où il ne fortit que pour fubir le dernier fupplice.

LXXXV.
La reine fait ar-

Elifabeth fit auffi arrêter & mettre en prison le duc de Nortfolk, qui avoit voulu époufer Marie rêter le duc de Stuart. Le duc fe voïant dans les fers., protefta qu'il se repentoit d'avoir pensé à ce mariage, & promit

Nortfolk.

d'ètre fidele à Elizabeth, & de ne montrer de zéle A N. 1571. que pour fes intérêts. Sur cette proteftation la reine lui rendit la liberté; mais il n'en joüit pas long

LXXXV I.

Suites de l'affaire

de Marie Stuart.

tems. Ridolfi agent du pape lui fit oublier fa promesse, & le duc recommença fes intrigues. Cette infidelité le perdit: il fut arrêté de nouveau, & mis à la tour de Londres. On trouva fur lui un long mémoire en chiffre daté du 7. Février, dans lequel la reine d'Ecoffe lui confeilloit de fe retirer en Espagne plutôt qu'en France, & lui promettoit que fi elle pouvoit elle-même s'y rendre après fa délivrance, elle feindroit de vouloir époufer dom Jean d'Autriche, afin de mieux cacher l'amitié qu'elle avoit pour lui-même. Elle le prioit aufli de faire partir Ridolfi pour Rome, & de lui donner

des inftructions convenables à leur fituation mutuelle, & à leurs intérêts. Sur ces indices le duc interrogé avoüa tout, à l'exception des papiers que fon fécretaire avoit livrez, & qu'il croïoit brûlez. Enfuite on foüilla sa maison, & on y trouva le chiffre dont la reine d'Ecoffe & lui fe fervoient; quelques-uns des complices qui avoient été arrêtés, avoüerent de même fans peine tout ce qu'ils fçavoient. Le duc eut la tête tranchée le cinquiéme de Juin de l'année suivante.

Dans le même tems on agissoit aussi en Ecoffe contre Marie Stuart : l'archevêque de Saint André qui fut accufé d'avoir été complice de la mort violente du feu roi, fut arrêté par ordre du viceroi, & enfuite pendu. Ce jugement & la rigueur de la conduite du Viceroi, augmenterent la divifion entre les partisans de la reine & ceux qui lui étoient

oppofez; & l'on en vint à une guerre ouverte, où le viceroi reçut quelques bleffures dont il mourut plufieurs jours après.

A N. 1571.

LXXXVII.

L'amiral de Co

ligni revient à la

cour.

De Thou ut fupra

..

Daniel tom. 6. vie de Charles

Ix. pag. 4us. &

485.

Le roi de France fouhaitant avec beaucoup d'ardeur d'attirer la reine de Navarre, les princes & l'amiral, de Coligni à la Cour, alla à Blois fur la fin de l'été, & de là à Bourgueil en Touraine, où Louis de Naflau le vint trouver travefti. Ils confererent fécretement ensemble touchant la guerre de Flandres. Loüis de Nassau persuada au roi de l'entreprendre, & fa majeste paroiffant touchée de ses raifons, lui promit d'y penser sérieusement, & l'engagea à moïenner une converfation entre elle & l'amiral de Coligni. Ce dernier pressé à son tour par Loüis de Nassau, se détermina à partir & arriva en Brie où il trouva le roi. L'accueil qu'il reçut de leurs majestés, acheva de diffiper ce qui lui reftoit de défiance: s'étant mis aux genoux du roi, ce prince le releva auffi-tôt, l'embrassa plufieurs fois, l'appella son pere, & témoigna qu'il n'avoit jamais eu un plus beau jour, que celui dans lequel il voïoit par la préfence de Coligni la fin de la guerre, & l'établissement de la paix dans tout le roïaume; enfin il ajoûta avec un visage riant : » Nous vous tenons maintenant, nous vous avons » avec nous, & à l'avenir vous ne nous échaperez pas quand vous le voudrez. Il fut reçû avec là même bonté par la reine mere, par le duc d'Anjou, & par le duc d'Alençon. Le roi pour ajoûter des faveurs plus folides à un acceuil accompagné de tant de marques de bienveillance, lui fit compter cent mille francs pour réparer les pertes particulieres

دو

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