jourd'hui, & dont le terrain fait partie de l'enceinte de la maifon de Sorbone, il étudia en philofo- A N. 1571. phie au college de Beauvais, & fit fon cours de théologie dans celui de Navarre, où il demeura cinq ans. Il fut fait recteur de l'université, & ne fut promû au doctorat qu'à l'âge de trente-un ans. Ce fut alors que le cardinal de Lorraine, qui avoit connu fon mérite, le prit dans fon hôtel, & se fervit de ses lumieres pour regler beaucoup d'affaires qui concernoient l'églife. Ces occupations ne l'empêcherent pas de prêcher: plufieurs propofitions extraites des fermons qu'il avoit prêchez à faint Merri pendant le carême de l'an 1543. aïant été déferées à la faculté de théologie de Paris, il les rétracta dans un autre fermon qu'il prêcha dans la même église le 2 1. de Juin. Ilaccompignale cardinal de Lorraine dans le voïage que cette éminence fit en Flandres en 1544. pour la ratification de la paix entre le roi François I. & l'empereur Charles V. Enfuite le roi le manda à Melun pour affister à une conference de douze théologiens que ce prince y avoit affemblez pour avoir leurs avis touchant les questions qui devoient être agitées au concile de Trente: il s'y rendit, & eut beaucoup de part aux déliberations qu'on y arrêta. Henri II. l'aiant envoïé à Boulogne, où le concile avoit été transferé, l'en rappella peu de tems après à cause de l'interruption du concile en 1555. Le cardinal de Lorraine le mena à Rome où il Le fit connoître du pape Paul IV. qui fit un si grand cas de fon mérite, qu'il penfa à le faire cardinal le retenir auprès de lui. Mais ce pape n'alla AN. 1571. pas plus loin. pour 1571. 3 En 1560. François II. le fit venir aux états d'Orleans, où il fut un des théologiens qui opinerent dans les conferences qu'on tint, pour déliberer fur ce qu'on devoit faire au concile que Pie IV. avoit indiqué. S'étant trouvé fous Charles IX. au colloque de Poiffy en 1561. les prélats & les autres théologiens lui marquerent leur mécontentement des articles dont il étoit convenu avec les Calvinistes, & dont nous avons parlé ailleurs, auffi-bien que du livre anonyme touchant le culte des images, qu'on lui attribuoit, & qu'il défavoüoit. Après une vie fi agitée, Defpenfe donna le refte de les jours à l'étude, & mourut des douleurs de la pierre l'âge de foixante ans, le 5. d'octobre Il fut un des plus fçavans & des plus judicieux docteurs de fon tems: il fçavoit parfaitement les canons & la difcipline de l'églife, & n'étoit guéres moins verfé dans la litterature profane. Il écrivoit en latin avec affez de dignité & d'éloquence, & l'on voit dans fes ouvrages beaucoup d'ordre & de la folidité. Il fut enterré dans l'églife de faint Cofme fa paroiffe, où l'on voit encore fon épitaphe. Il laiffa prefque tous fes livres & fes manufcrits au cardinal de Lorraine. On a de lui 1. un commenOuvrages de ce taire fur les épîtres de faint Paul à Timothée & à Tite, compofé de deux parties, avec de sçavantes digreffions, dans lesquelles il traite des questions importantes touchant la hierarchie & la difcipline ecclefiaftique ; la premiere partie est dédiée au cardinal de Lorraine. 2. un traité des mariages clan XCIV. dotteur. A N. 1571. destins, dans lequel il fait voir que les fils de famille ne peuvent valablement contracter de mariages à l'infçû & malgré leurs parens, fans témoins & fans cérémonies. 3. fix livres où il traite de la continence, du célibat des prêtres, de la bigamie, de l'état de viduité, & de la condition des veuves, de ce qui concerne le vœu de continence, du vœu folemnel, & du væru fimple; enfin de la continence des personnes mariées, qui consentent mutuellement de la garder. 4. cinq livres de l'adoration de l'euchariftie. 5. un traité de la messe publique & particuliere`, où il montre qu'anciennement on ne difoit pas de messes en particulier, où il n'y eût des fideles qui y affiftaffent, & y reçuffent la communion. 6. un difcours fur le devoir des pafteurs, qu'il prononça dans un fynode de Beauvais en 1534. 7. un autre difcours de l'ablution des pieds, prononcé le Jeudi faint dans l'église de Notre-Dame de Paris en 1537. 8. une lettre à Guillaume Ruzé confeffeur de Charles IX. fur l'inftruction des princes. 9. un difcours fur les lys de France, prononcé le jour de faint Louis dans le college de Navarre. 10. un traité contre ceux qui tiennent que les cieux font animez. 11. un autre de la triple langueur fpirituelle. 12 un écrit fur la maniere de lire utilement les livres des païens. 13. plusieurs lettres en vers élegiaques. 13. un traité de l'origine, de l'antiquité, des auteurs, & de l'ufage des collectes. Enfin quelques traitez en françois, comme l'institution du prince chrétien, deux oraisons funebres, quelques fermons & homelies, des apoph tegmes ecclesiastiques, quelques ouvrages de conAN. 1571. troverfe, & d'autres. Mort de Jean Ge bibliot Hifpan. des aut. ecclef. XCV. La même année mourut âgé de quatre-vingt & nés de Sepulveda. un ans Jean Genés de Sepulveda Espagnol, né à Nicol. Antonio Cordoue en 1491. Il fut chanoine de Salamanque, Dupin biblioth. & s'appliqua beaucoup à l'étude des ouvrages d'A10m. 16. p. 113. riftote, dont il fit une traduction assez mauvaise avec des notes. On a parlé ailleurs du differend que cet auteur eut avec Barthelemi de las Cafas qui s'étoit fouvent plaint à l'empereur de l'avarice, de la cruauté, & des débauches des Espagnols dans les Indes, & qui l'avoit prié de réprimer leur cruelle licence. Ses ouvrages théologiques font trois livres du libre arbitre contre Luther & l'antopologie pour Albert Pie contre Erafme. On y peut joindre un traité de la maniere de rendre témoignage dans les crimes cachez, intitulé, Theophile : trois livres des folemnités des nôces, & des difpenfes, fans parler de fon livre de la juftice de la guerre du roi d'Espagne contre les Indiens, & de l'apologie de cet ouvrage. Il a fait encore un traité de la verité du corps & du fang de Jefus - Chrift dans le Sacrifice de la Meffe. Toutes fes œuvres ont été imprimées à Cologne en 1602. XCVI. Garetius. Jean Garet de Louvain, chanoine régulier de Mort de Jean faint Augustin dans le monaftere de faint Martin, enfuite confeffeur de religieufes près d'Anvers, & enfin pénitencier à Gand, mourut auffi en cette om. 16. in 4. ville le jour de Pâques de cette même année. Il fut prédicateur, & joignit à cette fonction l'étude des saints Peres, par rapport à la controverse, dont il Valer. André, bibliot. Belgic. Dupin bibliot. Pag. 117. a écrit quelques ouvrages, entre autres un traité de l'euchariftie, un autre fur le facrifice de la mef- AN. 157. fe, un troifiéme fur la priere pour les morts, & un quatrième fur l'invocation des faints. Ces ouvrages ont été imprimez plufieurs fois à Anvers ou à Gand. Ce ne font proprement que des recueils de paffages des faints Peres, mais rapportez exactement, & dans un ordre fort méthodique. Le 19. d'Avril de la même année, Frederic élec. teur Palatin voulant s'oppofer au progrès que la fecte des Anabaptiftes faifoit dans fes états, invita les principaux à une conference indiquée à Franckendal entre Spire & Worms. Les articles concernant leur doctrine qu'on devoit examiner, furent propofez par Pierre d'Athen & Venceflas Zuleger théologiens, aufquels on joignit Guillaume Xilander & Martin Neander pour faire l'office de notaires. Ces conferences durerent près de deux mois, & l'on fe fépara fans avoir pû s'accorder. L'electeur aïant reconnu que ces héretiques refufoient également de fe rendre aux témoignages de l'écriture fainte, & à la force des raifonnemens, fit rompre la conference, & leur défendit fous de très-grandes peines d'enseigner dans ses états. Les Lutheriens ne s'accordoient pas mieux : ceux de Wittemberg qu'on appelloit mitigez, aïant fait au commencement de cette année un catechifme fuivant la doctrine reçûë dans les églifes de Saxe & de Mifnie, cet ouvrage fut d'abord attaqué vivement, & ensuite condamné par les théologiens de Jene, de Brunswick, de Hall, & de Mansfeld qu'on nommoit rigides, comme contenant la do XCVII. moder les Luthe Licetur Palatin veut accomriens & les AnaDe Thon hift. lib Spond in annalib. hoc anno n. 32. gets fub Maar baptiftes. so pag. 766. Echard de reb. mil. II. XCVIII. les Lutheriens. Fabricius in |