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la violence à laquelle les Proteftans fe prépalepuis la blessure de l'amiral de Coligni : & AN. 1571. chofe aïant été executée, le roi qui ne t faire autrement, avoit feint de l'approuy du Faur, feigneur de Pibrac, prit auffi nfe de la journée de faint Barthelemi; il fur ce fujet une lettre à Stanislas Elvide, dans il prétendoit montrer que cette action étoit le loüange, & que les regles de la juftice ent point bleffées.

L.

aux cantons Suif

Lib. 53

it important dans les circonftances préfen- Difcours de Pome la France se justifiât auprès des puiffances pone de Bellièvre res; c'est pourquoi Pompone de Belliévre fes. it été autrefois ambaffadeur en Suiffe, y fut, De Thom ut fup. & cet habile négociateur effaïa de monColigni avoit formé le deffein de tuer le il avoit fait un grand amas d'or & d'argent t le roiaume pour égaler le fouverain en e & en richeffes, & lever une armée avec il pût troubler l'état, quand il le jugeroit à que dans le confeil il avoit ouvertement le roi, que s'il ne déclaroit la guerre aux ls, il fouleveroit contre lui la meilleure e la France : qu'il avoit toûjours auprès de roupe de gens accoutumez au carnage, prêts er fes ordres. Il avança encore beaucoup choses qui tendoient toutes à noircir la réde l'amiral; mais fon difcours qui fut puAllemand, ne demeura pas fans réponse; il é par un écrit, dont l'auteur prit le nom ng Prifbracius de Cracovie.

LI.

elliévre avoit pris avec lui pour l'accompa- Ecrit de Pierre

Charpentier fur le

même fujet.

fuprà.

de

gner dans fon voïage, Pierre Charpentier de TouAN. 1572. foufe qui avoit autrefois enfeigné le droit à Genêve, & qui le jour du massacre s'étoit fauvé chez de De Thou loco Belliévre. Le roi & la reine qui étoient informez de fes talens, l'engagerent par promeffes & par présens, de faire auffi l'apologie de l'action de la faint Barthelemi ; & dans ce deffein Charpentier se transporta à Strasbourg, où il avoit enfeigné quelque tems le droit, & où il efperoit être favorablement écouté. Ce fut de cette ville qu'il écrivit le Is. Septembre contre ceux des Proteftans qu'on appelloit Caufaires; & il adreffa fon écrit à François Porto, de Candie, fçavant dans la langue grecque, & élevé en Italie dans la maison de Renée, ducheffe de Ferrare. Charpentier trouvoit en France deux fortes de Proteftans, les uns qu'il nommoit pacifiques, & qui ne penfoient qu'à maintenir leur religion; les autres, gens factieux, ennemis de la paix, & qui publioient par-tout qu'ils n'agiffoient que pour la défense de la caufe commune ; & il ajoute dans fon ouvrage, que chacun de ces partis à ses ministres particuliers enfuite il s'efforce d'excuser la journée de faint Barthelemi, & de montrer que l'exécution en étoit jufte & néceffaire pour exterminer une faction impie, que des féditieux & des ennemis de la patrie avoient formée pour ruiner l'autorité roïale, faire foulever les villes & troubler la tranquilité publique. Porto, ou quelqu'un sous son nom, répondit à cette lettre en termes affez aigres.

LII.
Le jurifconfulte

:

Le duc d'Anjou encore plus intereffé que le roi à Baudouin refufe justifier la faint Barthelemi, voulut emploïer le se

& la plume du célebre jurifconfulte François AN. 1572.

au duc d'Anjou de

uin, qui étant paffé en Allemagne, avoit enle droit dans les plus célebres univerfitez: justifier la S. BarSaudoüin qui déteftoit véritablement cette ac- thelemi. s'excufa, fous prétexte qu'étant fort haï des

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iftes de Genêve, avec lesquels il avoit eu des ez confiderables ceux-ci prendroient toû en mauvaise part tout ce qui viendroit de lui te matiere. L'on fçavoit cependant que la vécause de son refus étoit, qu'il déteftoit fincet ce qu'on vouloit qu'il justifiât. Conduite d'un homme de bien, & qui rendit encore lieufe celle de Belliévre, de Pibrac & de pluautres magistrats, d'ailleurs refpectables par tegrité, qui eurent la complaifance d'excufer tion qu'ils détestoient dans le cœur, ou diffipar politique ce qu'ils en penfoient. mme on ne cherchoit qu'à éblouir le peuple, perfuader que le roïaume étoit tranquille de 'on s'étoit défait de ceux qui le troubloient à urs factions, le roi fit affembler les chede l'ordre de faint Michel dans l'églife de Dame de Paris. Ils s'y rendirent tous en proau jour indiqué 29. de Septembre, auquel bre la fête du Saint; le roi aïant pris fa plalui présenta après la messe, au nom de la e catholique, une requête concertée, dans e après avoir parlé du grand nombre de genmes qui restoient encore dans le roïaume, oute pour faire perdre le fouvenir de ceux ›ient été tuez depuis peu, ils demandoient qu'il ne souffrît dans fon roïaume que la feu

LIII. Alfemblée des

chevaliers de l'orNotre Dame. De Thou in hift.

dre de S. Michel

lib. 53. pag. 844.

le religion qu'ils avoient reçue par fucceffion de A N. 1572. leurs ancêtres, que ce que fa majefté avoit là-dessus ordonné pour un tems, devînt perpetuel; & qu'ils offroient leurs fervices pour faire executer ses ordres. Le roi les écouta favorablement, & leur promit de faire en cette occafion ce qui feroit le plus expedient.

LIV.

ment contre

ral de Coligni.

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Cependant on informoit au parlement contre Arrêt du parle Coligni & fes complices, & le 27. d'Octobre on memoire de l'ami- prononça un arrêt un arrêt, par lequel cet amiral, quoique De Thou in hift. mort, étoit condamné comme criminel de lézelib 53.pag.443. majefté, ennemi de la paix & de la tranquilité puFrance, tom. 3. blique, & auteur de la confpiration faite contre le

Dupleix lift. de

pag. 794.

roi. Par le même arrêt, tous fes biens étoient confifquez, fa memoire étoit déclarée infâme, & son nom aboli pour toûjours. L'on ordonnoit de plus, que fi fon corps pouvoit être trouvé, il feroit traîné fur une claïe par le bourreau, & à son défaut, fon effigie, qui feroit enfuite attachée à un gibet en place de Gréve, & portée à Montfaucon, pour y être exposée dans le lieu le plus élevé. Que les armoiries attachées à la queuë d'un cheval seroient traînées par les rues de la ville, pour marque d'une éternelle infamie; & qu'en quelque lieu du roïaume qu'on en auroit mis pour lui faire honneur, elles feroient brifées ou effacées par la main du bourreau ; que ses portraits ou statuës feroient de même mis en pieces; que fon château de Châtillon-furLoing feroit rafé, fans qu'il pût être permis à l'avenir d'y construire aucun édifice. Que les arbres du parc feroient coupez à la moitié de leur hauteur; qu'on fémeroit du fel fur le terrein, & qu'au milieu

de la cour on éleveroit une colonne, où l'arrêt feroit gravé sur une table de cuivre : enfin, l'on dé- AN. 1572. clara fes enfans rôturiers, infâmes & incapables d'exercer aucune charge publique, ni de poffeder aucun bien en France. Par le même arrêt, on ordonna que tous les ans le jour de faint Barthelemi, on feroit des proceffions génerales dans toute la ville, pour remercier Dieu de ce qu'il lui avoit plû de délivrer le roi & fon état de la conspiration de fes fujets contre fa perfonne, & accorder la grace de les punir comme ils le méritoient.

LV. Supplice de Bri

Mezeray abrigé

12 pag. 258.

Le même jour on rendit un autre arrêt presque auffi févere contre Briquemaut & Cavagnes, qui que maut & de Caavoient été arrêtez depuis peu. On dit que le pre- vagnes. mier, vieillard feptuagenaire, après avoir entendu De Thou ut firp; la lecture de fon arrêt avec beaucoup de conftance, chron. tom. 5. inne put moderer fa douleur lorfqu'il entendit nommer ses enfans; & que se voïant ensuite mettre les fers, il envoïa au roi quelques-uns de fes amis pour l'affurer, que s'il vouloit lui fauver la vie, il lui apprendroit un moïen fûr pour se rendre maître de la Rochelle, qu'on penfoit alors à affiéger: mais que fa majesté refufa cette condition, & lui propofa feulement d'avouer les crimes qu'on lui imputoit, & fur-tout la conjuration tramée par Coligni contre fa perfonne facrée. Briquemaut qui ne fe croïoit point coupable, refufa de fe rendre à cette propofition. Cavagnes qui avoit les yeux toûjours levez au ciel, & recitoit des pfeaumes, craignant que Briquemaut ne manquât de conftance, le pria de rappeller le fouvenir de cette fermeté, qu'il avoit fait paroître à la guerre depuis tant d'années d'une maniere figlo

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