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A N. 1572.

LXII. Le pape envoie légat en France,

le cardinal des Ur

fins.

Ciaconius in hift.

pontific. tom. 3.

Duchefne hift. des papes, pag. 433. De Thou hift.

Au milieu de ces troubles, le pape Gregoire XIII. envoïa des légats dans toutes les cours de l'Europe, pour exhorter les princes à s'unir contre les Turcs, qui menaçoient de faire de grands ravages. Celui qu'il envoïa en France pour engager Charles IX. à fe liguer avec les autres fouverains, fut le cardinal Fulvio des Urfins; mais il trouva la France dans fituation bien differente de l'idée qu'il en avoit con- lib. 4. pag. 875. çûë à Rome : les uns étoient abbatus par la crainte, & faifis d'effroi ; les autres irritez des cruautez qu'on venoit de commettre, & tout le roïaume étoit dans le trouble. Il étoit furpris d'entendre détester publiquement, ce qu'on avoit fi hautement loüé en Italie & en Espagne ; & de ce que le roi lui-même, dont on avoit vanté hors de la France la fageffe & la prudence dans cette action, n'en parloit qu'avec confusion, & ne la faifoit regarder que comme une action précipitée, que la furprife & la néceffité avoient plûtôt arrachée, qu'elle n'avoit été faite par religion & par raison. Dans une des conférences qu'il eut avec le roi, il marqua fon étonnement de ce que le concile de Trente n'étoit point encore reçû dans le roïaume depuis neuf ans qu'il étoit terminé : il tâcha de perfuader que toute la chrétienté étoit fcandalisée de ce délai, & pria avec inftance Charles IX. au nom du pape, de faire enfin recevoir ce concile dans fon roïaume: il réïtera plufieurs fois ces follicitations; fans ceffe il vantoit les grands avantages de ce concile, & il ne manqua aucune occafion d'en exalter la fageffe, & d'en recommander la réception. Mais fes follicitations, & ses

instances, non plus que ses raisons ne firent presque

A N. 1572. aucune impreffion.

LXIII.

Le roi refufe de

fon roiaume le

te.

Le roi après s'être contenté d'affurer le légat de faire publier dans fon zéle pour la vraïe religion, & de fon refpect concile de Tren- pour le S. fiége, lui dit, que la fituation de fes affaires ne lui permettoit pas de déferer actuellement De Thou lib. 54. à fes demandes, & le congédia ainfi. Charles IX. s'expliqua plus clairement dans une autre occafion, où on le preffa de nouveau fur la même matiere : il déclara que cette publication du concile n'étoit pas néceffaire dans fon roïaume pour ce qui regarde la foi, puifqu'on l'y confervoit dans fa pureté. Qu'à l'égard des points de difcipline, ce qui venoit de se paffer au fujet des Proteftans, & plufieurs autres raisons particulieres l'empêchoient d'en faire faire la publication, furtout par rapport à quelques articles particuliers: qu'au refte, il suppléeroit par ses édits à ce que l'on pouvoit exiger raifonnablement. Quelque tems après le départ du cardinal des Urfins, le roi envoïa à Rome Nicolas Dangennes, feigneur de Rambouillet, miniftre également refpectable par sa dignité & par sa grande expérience dans les affaires, & Dangennes fut fuivi peu après par Jean de Durfort, seigneur de Duras, qui alla auffi à Rome en qualité d'envoïé du roi de Navarre.

LXIV. Etabliffement de

des chevaliers de

Ce fut dans cette année que le pape institua l'orl'ordre militaire dre des chevaliers de faint Maurice en Savoye, à la S. Maurice en Sa priere du duc Emmanuel Philibert. Sa bulle eft du 16. de Septembre 1572. elle permet à ce duc d'établir cet ordre fous le nom de faint Maurice, dans le deffein de s'opposer à l'hérefie qui s'étoit introdui

voye.

In Bullar. 10. 2.

to.

Conftitut. Gre

gor. 13. conf. 6.

70 من

6.

24.

Heliot hift. des

te en plufieurs provinces, & dont les frontieres de la Savoye étoient menacées. Le 13. de Novembre A N. 1572. suivant, le même duc obtint encore du pape une ord. moneftig. to. nouvelle bulle qui unit l'ancien ordre de faint La- Ciaconius in vit. zare à l'ordre naissant de faint Maurice, & qui or- fontif. 10. 4. pag. donne que ceux qui y feroient admis, seroient appellez chevaliers de faint Maurice & de S. Lazare; à la charge que les ducs de Savoye qui en feroient toûjours les grands maîtres, entretiendroient deux galeres pour la défense du S. fiége contre les infidéles, les héretiques, les pirates, & les autres ennemis de l'église. Il prefcrivit aux chevaliers la régle de Câteaux, & les vœux de pauvreté, d'obéïffance & de chafteté conjugale, avec la permiflion de pouvoir fe marier une fois feulement à une vierge; & il exigea d'eux, qu'ils fiffent une profession de foi; femblable à celle que le pape Pie IV. avoit dressée conformément à la doctrine du concile de Trente, pour ceux qui devoient être reçûs dans l'église ou dans les univerfitez.

LXV. Differens regle mens faits par le

Dans le premier confiftoire que tint le nouveau pape, il recommanda fort aux cardinaux de maintenir l'autorité du tribunal de l'inquifition dans tou- nouveau pape. te fa vigueur, & de veiller à l'exécution des décrets du concile de Trente, furtout pour ce qui concernoit la réformation des mœurs; il nomma quelques membres du facré college pour travailler au catalogue des livres défendus, qui avoit été déja commencé. Il manda aux évêques de ne point conferer les ordres à ceux dont la conduite n'étoit ni reglée, ni édifiante, & pria le roi d'Espagne de lui marquer les noms des bons fujets de fes états, afin

LXVI.

11 fait deux de

naux.

Ciacon. in vitis

de récompenfer leur mérite. Il plaça deux de fes A N. 1572. neveux dans le facré college, afin de partager avec eux le soin des affaires de l'églife; le premier, Phifes neveux cardi- lippe Buoncompagnon, fut nommé cardinal le 2. de Juin de cette année 1972. & mis au rang des pontif. tom. 4. in prêtres fous le titre de faint Xifte, & le pape le fit grand pénitencier ; le second, ne fut promû qu'au. mois de Juillet de l'année suivante au rang des cardinaux diacres, du titre de fainte Marie la Neuve, & fut Camerlingue de la sainte église : il se nommoit Philippe Guastavillani, & étoit fils unique d'une fœur de Gregoire XIII.

fol. p. 45. 46.

LXVII.

Mort du cardi

nal Spinofa.

Trois cardinaux moururent cette année : le premier eft, Didace Spinofa., Espagnol, fils de Pierre. Ciacon, ut fup. Après les études en droit civil & canonique, il enAubery vie des feigna l'un & l'autre dans l'université de Salaman

tom. 3. pag. 1031.

cardinaux.

que, étant encore fort jeune, & s'y distingua par fa doctrine on prétend qu'il avoit auffi enfeigné à Alcala. Philippe II. connoiffant fon mérite, le fit président de Castille, inquifiteur géneral dans toute l'Espagne, & évêque de Siguença. Pie V. le fit cardinal dans le mois de Mars de l'année 1568. mais Spinofa ne jouit du cardinalat que quatre ans & demi, étant mort à Madrid un mercredi 5. de Septembre de cette année 1572. Son corps fut porté dans le bourg de Martin-Mugnoz dans la vieille Castille, où il étoit né. On rapporte que Philippe II. faisant la vifite des villes de fon roïaume, & paffant par ce bourg, voulut entendre la meffe dans la chapelle où repofoient les os de ce cardinal, & dit à fon fils après le facrifice : ici repose le meilleur des miniftres que j'aïe eûs. En effet, il aima la justice, & punit sé

verement

verement tous les juges qui en faifoient un trafic fordide. Les vertus qui éclaterent le plus en lui, fu- A N. 1572. rent son humilité, fon amour pour la pauvreté, & fon parfait défintereffement, qui lui concilierent

l'eftime de tout le monde.

Le second cardinal, fut Jerôme de Corregio, fils de Gilbert de Corregio VIII. de ce nom, qui avoit épousé en fecondes nôces Veronique Gambara, qui fut renommée dans fon fiécle par fon efprit & par fa vertu; il en eut deux fils, Hyppolite mort en 1552. & Jerôme dont nous parlons. Celui-ci aïant achevé les études à Boulogne, vint à Rome fous le pontificat de Paul III. & fut envoié par ce pape, nonce en France en 1540. pour complimenter François I. fur la mort du duc d'Orleans fon fils. Paul IV. étant mort, & Jerôme étant resté auprès du cardinal Alexandre Farnefe, neveu de fa fainteté, fut envoïé en Espagne pour traiter avec Philippe II. de la reftitution de Plaisance au duc de Parme Octavio Farnese, frere du cardinal, & fa négociation aïant heureusement réüssi,Octavio pour reconnoître ce service, lui donna Corregio, qu'il défendit contre le duc de Ferrare. Enfin, Pie IV. devenu pape, le fit cardinal en 1561. dans fa feconde promotion : & huit ans après il eut l'archevêché de Tarente. Pie V. l'envoïa dans la Marche d'Ancone, pour y faire fortifier les places maritimes, & les mettre en état de défense contre les Turcs, qui menaçoient d'y faire une defcente avec une nombreuse armée navale. Il s'acquitta très-bien de cette commiffion, & après la mort de ce pape, il fut propofé par quelques-uns pour être mis fur le trône pontifical, dans le conclave

LXVIII.

Mort du cardi

nal Corregio.

Ciacon, ut fup. tom. 3. pag. 942.

Bon. Angels in

bift. Parmenfi. Aubory vie des cardinaux.

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