fe laiffer gagner par des promeffes, il vient nous A N. 1972. repaître de vaines efperances, & s'efforce fous ombre d'amitié de nous trahir par le moïen d'une conférence ? Il est vrai, ajoûtoient-ils, que vous avez le même vifage qu'autrefois, mais non pas le même cœur ni la même volonté ; c'eft pourquoi retirezvous. La Nouë diffimulant cet outrage, obtint enfin des députés, qu'ils rapporteroient à leur confeil les ordres qu'il avoit à leur communiquer: on ignore ce qui fe paffa dans ce confeil; mais pour toute réponfe, on lui propofa trois chofes, ou d'être reçû dans la ville en homme privé, ou d'être le géneral des troupes qui combattroient fous ses aufpices ; ou enfin de monter fur un de leurs vaiffeaux, & de paffer en Angleterre: il accepta le commandement géneral qui lui fut déferé, & fut ainfi reçu dans la ville. LXI. Pluficurs villes foumettent au Strada de bello Belgico lib. 7. La Flandre n'étoit pas plus tranquille que la Frandes Pais - Bas fe ce : les rigueurs du duc d'Albe fouleverent quantité prince d'Orange. de perfonnes, & un affez grand nombre de villes De Thon ut fup. s'étant foumifes au prince d'Orange, la religion Proteftante étendit fes conquêtes, malgré les efforts des Efpagnols pour en arrêter les progrès. Le parti des conféderez pénetra jufqu'en Hollande, & s'empara de plufieurs villes; les Efpagnols, qui les y fuivirent, agirent plus en barbares qu'en fimples guerriers, & leur cruauté fit prefque autant de conquêtes au profit de leurs ennemis, que ceux-ci en obtinrent par leurs propres armes; car on craignoit tellement d'être foumis au joug dur & inhumain de ce peuple fier & impérieux, que les villes s'unif foient pour s'oppofer au fuccès de leurs armes, & aimoient mieux fe ranger du côté de leurs adverfaires. " que rob "noit in de unil &ai papes, pag. 433. De Thou hift. Au milieu de ces troubles, le pape Gregoire XIII. envoïa des légats dans toutes les cours de l'Europe, pour exhorter les princes à s'unir contre les Turcs, qui menaçoient de faire de grands ravages. Celui qu'il envoïa en France pour engager Charles IX. à fe liguer avec les autres fouverains, fut le cardinal Fulvio des Urfins; mais il trouva la France dans une fituation bien differente de l'idée qu'il en avoit con- lib. 54. pag. 879. çûë à Rome : les uns étoient abbatus par la crainte, & faifis d'effroi ; les autres irritez des cruautez qu'on on venoit de commettre, & tout le roïaume étoit dans le trouble. Il étoit furpris d'entendre détester publiquement, ce qu'on avoit fi hautement loüé en Italie & en Espagne ; & de ce que le roi lui-même, dont on avoit vanté hors de la France la fageffe & la prudence dans cette action, n'en parloit qu'avec confufion, & ne la faifoit regarder que comme une action précipitée, que la furprife & la néceffité avoient plûtôt arrachée, qu'elle n'avoit été faite par religion & par raison. Dans une des conférences qu'il eut avec le roi, il marqua fon étonnement de ce que le concile de Trente n'étoit point encore reçû dans le roïaume depuis neuf ans qu'il étoit terminé : il tâcha de perfuader que toute la chrétienté étoit scandalisée de ce délai, & pria avec instance Charles IX. au nom du pape, de faire enfin recevoir ce concile dans fon roïaume: il réïtera plufieurs fois ces follicitations; fans ceffe il vantoit les grands avantages de ce concile, & il ne manqua aucune occafion d'en exalter la fageffe, & d'en recommander la réception. Mais fes follicitations, & ses A a iij A N. 1572. LXII. Le pape envoie légat en le cardinal des Ur fins. Ciaconius in hift. pontific, tom. 3. Duchefne hift. des instances, non plus que fes raisons ne firent presque A N. 1572. aucune impreffion. Le roi après s'être contenté d'affurer le légat de faire publier dans fon zéle pour la vraie religion, & de fon refpect LXIII. fon le te. concile de Tren- pour le S. fiége, lui dit, que la fituation de ses affaires ne lui permettoit pas de déferer actuellement De Thon lib. 54. à fes demandes, & le congédia ainfi. Charles IX. s'expliqua plus clairement dans une autre occafion, où on le preffa de nouveau fur la même matiere : il déclara que cette publication du concile n'étoit pas nécessaire dans son roïaume pour ce qui regarde la foi, puifqu'on l'y confervoit dans fa pureté. Qu'à l'égard des points de difcipline, ce qui venoit de fe paffer au fujet des Proteftans, & plufieurs autres raifons particulieres l'empêchoient d'en faire faire la publication, furtout par rapport à quelques articles particuliers: qu'au refte, il fuppléeroit par fes édits à ce que l'on pouvoit exiger raifonnablement. Quelque tems après le départ du cardinal des Urfins, le roi envoïa à Rome Nicolas Dangennes, feigneur de Rambouillet, miniftre également refpectable par fa dignité & par la grande expérience dans les affaires, & Dangennes fut fuivi peu après par Jean de Durfort, feigneur de Duras, qui alla aussi à Rome en qualité d'envoïé du roi de Navarre. Ce fut dans cette année que le pape institua l'orEtabliffement de dre des chevaliers de faint Maurice en Savoye, à la LXIV. l'ordre militaire des chevaliers de priere du duc Emmanuel Philibert. Sa bulle eft du 16. de Septembre 1572. elle permet à ce duc d'établir cet ordre fous le nom de faint Maurice, dans le deffein de s'oppofer à l'hérefie qui s'étoit introdui voye. In Bullar. to. 2. gor. 13. cont. 6. Conftitut. Gre 70 من ne Heliot hift. des 6. 24. te en plufieurs provinces, & dont les frontieres de Dans le premier confiftoire que tint le nouveau pape, il recommanda fort aux cardinaux de maintenir l'autorité du tribunal de l'inquifition dans tou- nouveau pape. te fa vigueur, & de veiller à l'exécution des décrets du concile de Trente, furtout pour ce qui concernoit la réformation des mœurs ; il nomma quelques membres du facré college pour travailler au catalogue des livres défendus, qui avoit été déja commencé. Il manda aux évêques de ne point conferer les ordres à ceux dont la conduite n'étoit ni reglée, ni édifiante, & pria le roi d'Espagne de lui marquer les noms des bons fujets de fes états, afin · Jour alte 5,25 effida deta Jans! crod LXV. Differens regle mens faits par le de récompenfer leur mérite. Il plaça deux de fes LXVI. naux. A N. 1572. neveux dans le facré college, afin de partager avec eux le foin des affaires de l'églife; le premier, Phifes neveux cardi- lippe Buoncompagnon, fut nommé cardinal le 2. de Juin de cette année 1972. & mis au rang des prêtres fous le titre de faint Xifte, & le pape le fit grand pénitencier; le fecond, ne fut promû qu'au. mois de Juillet de l'année fuivante au rang des cardinaux diacres, du titre de fainte Marie la Neuve, & fut Camerlingue de la fainte églife: il se nommoit Philippe Guastavillani, & étoit fils unique d'une fœur de Gregoire XIII. . Ciacon. in vitis pontif. tom. 4. in fol. p. 45. & 46. nal Spinofa. Trois cardinaux moururent cette année : le premier eft, Didace Spinofa., Espagnol, fils de Pierre. Ciacon. ut fup. Après les études en droit civil & canonique, il en tom. 3. pag. 1031. Cardinaux. Aubery vie des feigna l'un & l'autre dans l'université de Salamanque, étant encore fort jeune, & s'y diftingua par fa doctrine : on prétend qu'il avoit auffi enfeigné à Alcala. Philippe II. connoiffant fon mérite, le fit président de Castille, inquifiteur géneral dans toute l'Espagne, & évêque de Siguença. Pie V. le fit cardinal dans le mois de Mars de l'année 1568. mais Spinofa ne joüit du cardinalat que quatre ans & demi, étant mort à Madrid un mercredi 5. de Septembre de cette année 1572. Son corps fut porté dans le bourg de Martin-Mugnoz dans la vieille Caftille, où il étoit né. On rapporte que Philippe II. faifant la vifite des villes de fon roïaume, & paffant par ce bourg, voulut entendre la messe dans la chapelle où repofoient les os de ce cardinal, & dit à fon fils après le facrifice: ici repofe le meilleur des miniftres que j'aïe eûs. En effet, il aima la justice, & punit fé verement LXVII. Mort du cardi |