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Mort du cardi

nal de Ferrare.

tom. 3. pag. 650.

addit. ad Ciacon.

Gallia Chriftia

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où Gregoire XIII. fut élû. Il mourut quatre ou A N. 1572. cinq mois après un mercredi 8. d'Octobre de cette année, regretté de tous les gens de bien, & fut enterré dans l'églife de S. Silveftre au mont Quirinal. LXIX. Le troifiéme fut Hyppolite d'Est, fils d'Alfonse I. duc de Ferrare, & de Lucrece de Borgia. Il naquit Ciacon, ut fup. le 24. d'Août 1509, & fut élevé avec grand foin auAndr. Victorel in près du duc fon pere, qui prit lui-même le foin de "Ughel Italia fa l'inftruire dans les fecrets du gouvernement & de cra. San Marth. la politique. Il fut envoïé fort jeune en France, & François I. qui regnoit alors, & qui connoiffoit fa prudence & fon habileté, & de qui il avoit d'ailleurs l'honneur d'être allié, l'admit dans fes confeils, & lui confia le foin d'affaires très-importantes : il lui donna auffi l'administration des archevêchez d'Arles, d'Ausch, de Lyon, & des évêchez d'Autun, de Treguier, & selon quelques-uns, d'Orleans, de Narbonne & de Novarre. Enfin, le pape Paul III. le fit cardinal le 5. de Mars 1538. Jules III. le fit en 1550. évêque de Ferrare, & l'année suivante il fut emploïé à accommoder quelques differens furvenus entre ce pape & Henri II. auprès duquel il fut en fi grande faveur, que ce prince ne vouloit point que fes ambassadeurs & fes géneraux entrepriffent rien, fans l'avis de ce cardinal : ce fut fous ce même monarque, qu'il eut le gouvernement de Sienne, qui s'étoit mife fous la protection de la France. Sous Pie IV. il eut la légation du patrimoine de S. Pierre, & il fe rendit en Allemagne, afin de ménager la paix avec le roi des Romains, & peu de tems après le même pape l'envoïa en France, lui donnant pour adjoints Profper de fainte Croix & Mathieu Ĉon

tarel, qui peu de tems après fut fait cardinal. Ce fut dans cette légation, qu'aïant affifté au prêche d'un mi- A N. 1572. niftre, il fut obligé d'écrire à Rome pour se justifier: la lettre qu'il adreffa à ce sujet à l'évêque de Caferte, eft du mois de Février 1562.Revenu à Rome, Charles IX. lui confia l'administration des affaires de France, dont il s'acquitta avec beaucoup de zéle : il s'étoit trouvé au colloque de Poiffi, comme on a dit ailleurs. Il mourut à Rome le 2. de Décembre 1572. dans la foixante-uniéme année de fon âge : fon corps fut inhumé à Tivoli, où il avoit fait bâtir un magnifique palais, & fut mis dans l'église des Cordeliers. Ce cardinal avoit l'efprit grand & fort élevé; il se faifoit un plaifir d'acquerir l'eftime des fçavans dont il étoit le protecteur. Muret qui fit fon oraison funébre, fe reffentit de fes liberalitez, auffi-bien que Paul Manuce, & d'autres grands hommes célébres dans la république des lettres. Les beaux édifices qu'il fit conftruire en France, & fes jardins magnifiques à Monte-Cavallo & à Tivoli, qu'on voit encore aujourd'hui, font des preuves de fon bon goût & de fa magnificence.

LXX.
Mort de Jerôme

Maggius.

Addit. aux éle ges de M. de Thou

pag. 381.

Entre les auteurs ecclefiaftiques morts dans cette année, on peut compter Jerôme Maggi ou Maggius, né à Anghiari dans la Toscane. Après avoir étudié les humanitez & les premiers élemens du par Teiffer, 10. 1. droit civil fous Pierre-Antoine Ghieti, il alla à Bou- Suvertus in elologne pour y profiter des leçons de Robortel : il ne se borna pas à un certain genre d'études; il donna prefque dans toutes les fciences. Il voulut même fçavoir l'art militaire, & compofa des livres fur ce fujet, quoique la médiocrité de sa fortune, qui l'o

libri de Tintinna

gio Maggii init.

bulis,

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bligea à fe mettre aux gages des Imprimeurs de AN. 1572. Venise, fembloit demander qu'il s'abftînt de ces fortes d'occupations. Ce fut cependant par cet endroit qu'il se signala davantage; car aïant été envoié par les Venitiens dans l'ifle de Chypre, en qualité de juge d'armée dans Famagoufte fous Antoine Bragadin, il y rendit tous les fervices qu'on pouvoit attendre d'un habile ingénieur, & défendit cette ville avec beaucoup de valeur, lorfqu'elle fur affiégée & prife par les Turcs en 1571. Maggius devint leur efclave, & en fut traité très-cruellement. On l'envoïa à Conftantinople chargé de chaînes, & il y vécut dans la fervitude fous des maîtres inhumains, après avoir perdu fa bibliotéque avec tous fes écrits.

Sa confolation dans ce trifte état, fut de se rappeller le fouvenir des chofes qu'il avoit autrefois арprifes : il travailloit la nuit, après avoir supporté le jour le poids d'un dur efclavage : fes veilles produifirent deux traitez finguliers. Le premier eft, le traité des Cloches ; & le deuxième, un traité du Chevalet, (de Equuleo.) Ce qui lui fit choisir ces matieres, fut d'un côté, parce qu'il remarqua que les Turcs ne se fervent point de cloches ; & de l'autre, parce que roulant dans fon efprit diverses fortes de tourmens, aufquels fa condition l'exposoit, il fe fouvint que perfonne jufqu'alors n'avoit bien expliqué ce que les anciens nommoient Equuleus. Il dédia le premier de ces deux traitez à l'ambassadeur de l'empereur à Constantinople, & l'autre à Fambaffadeur de France au même lieu; on croit que c'étoit Charles-François de Noailles, évêque

d'Acqs: mais ces deux traitez n'ont été imprimez que plufieurs années après la mort de l'auteur. Ceux A N. 1572. à qui il les avoit dédié, s'emploïerent à lui procurer la liberté, & traiterent de fa rançon ; on croit même que le marché fut conclu. Mais Mahomet Baffa aïant appris que Maggius avoit été chez l'ambassadeur de l'empereur, & fe rappellant d'ailleurs les maux qu'il avoit faits aux Turcs dans le fiége de Famagouste, donna ordre qu'on l'étranglât dans sa prifon la nuit fuivante : c'étoit le 27. de Mars de

cette année.

Le traité des cloches de Maggius eft fort curieux : il y montre 1°. qu'elles n'ont point été inventées par faint Paulin, évêque de Nôle, comme l'ont prétendu quelques auteurs ; mais qu'elles font beaucoup plus anciennes : il traite en fecond lieu de leurs differens ufages; il remarque que les Chrétiens grecs, au lieu de cloches fe fervent d'un certain inftrument de bois, qu'ils appellent Symandre, qui n'eft autre chofe qu'un ais fort étroit, long de quatorze pieds, fur lequel on frappe avec deux petits maillets de bois. Ils fe fervent encore d'une plaque de fer suspenduë par le milieu avec une corde, fur laquelle ils frappent avec un morceau de fer; mais cet inftrument n'eft d'ufage, que quand on porte le faint Sacrement aux malades. Des cloches il paffe aux clochers & aux tours, & fait fur ce fujet des rcmarques très-curieufes. Ce traité fut imprimé à Hanau en 1609. & réimprimé depuis à Amsterdam. Dans le traité du chevalet qui fut auffi imprimé à Hanau en 1608. avec les notes de Jungerman, fur un manuscrit laiffé à Arnoul Manlius, par Mag

vez M. Dupin ecclefiast. in - 4°tem. 16. pag. 11t, & fuiv.

biblioth. des aut.

gius même; l'auteur rapporte les opinions differenA N. 1572. tes des auteurs fur la maniere dont étoit conftruit le chevalet ; il le représente comme un cheval de bois, dont le dos va en diminuant, comme le tranchant d'un couteau. Il prétend qu'on attachoit les hommes fur cette machine avec des poids aux pieds & aux mains, pour les faire fouffrir davantage; qu'on fufpendoit quelquefois fous ce chevalet par les pieds & par les mains, ceux qu'on vouloit tourmenter, & qu'on les brûloit avec des flambeaux ardens, ou qu'on les déchiroit avec des tenailles.

De tous les ouvrages que Maggius avoit publiez avant que d'aller en Chypre, celui qui appartient plus directement à l'histoire de l'églife, eft celui de Le titre de ce li- la fin du monde par l'embrafement. Ce traité eft divifé en cinq livres, & fut imprimé à Bafle in folio en 1562. L'auteur y réfute l'opinion des philofophes, qui ont crû le monde éternel, & foutient qu'aïant été créé corruptible, Dieu a destiné l'eau & le feu pour le purifier, qu'il a commencé d'abord

vre eft. De mundi exitio per combuftionem libri quinque in fol.

le faire par le déluge, & qu'il y emploïera le feu à la fin des fiécles. Il examine dans le fecond livre, fi tout le monde sera embrafé, ou feulement une partie, & jufqu'où s'étendra cet embrafement. Il croit dans le troifiéme livre, que l'embrafement fera caufé par une pluïe de feu & de souffre, & il rapporte tout ce qui doit arriver auparavant. Dans le quatriéme livre, il penfe que cet embrasement précedera la venuë de Jefus-Chrift, & il explique en paffant, ce que c'est que la trompette qui doit réveiller les morts. Enfin dans le cinquième livre, il traite de la résurrection, il rejette le regne de mille

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