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qu'elle pourvût à la sûreté de ceux de la religion Proteftante, & qu'elle fit obferver les édits publiez en leur faveur, il avoit jugé à propos de faire ces promeffes au nom du roi, de crainte que s'il les refufoit, il n'échouât tout-à-fait dans fon entreprise: qu'après tout, ceci ne regardoit en aucune maniere les Polonois, & qu'ainsi le roi n'étoit point obligé

de l'observer.

AN. 1573.

CV.
Le roi

baffadeurs.

Cependant comme les ambassadeurs héretiques continuoient vivement leur poursuite, & infif- gne études detoient jusqu'à l'importunité ; & que d'un autre côté mandes des amles ennemis de Montluc repliquoient, qu'il avoit eu tort de passer ainsi ses pouvoirs ; le roi avant de rien décider, voulut en conférer en particulier avec l'évêque de Pofnanie, & les feuls ambaffadeurs Catholiques, & après plufieurs conteftations de part & d'autre, ce Prince éluda tout-à-fait la demande des Evangeliques.

Le jour aïant été pris pour la cérémonie de la prestation de ferment, toute la cour fe rendit en l'église de Nôtre-Dame, où fe trouverent les deux rois & les reines, tous les Polonois, fans en excepter les Evangeliques, les nonces du pape, les ambaffadeurs des princes, les cardinaux de Bourbon, de Lorraine & d'Eft, un grand nombre d'évêques le parlement, & une foule innombrable de peuple. La meffe aïant été celebrée, le nouveau roi s'approcha de l'autel, & là en préfence de Pierre de Gondi évêque de Paris, il jura fur les faints évangiles: qu'il maintiendroit la Pologne & la Lithuanie dans tous leurs droits & privileges, sans y donner jamais aucune atteinte ; & le roi de France jura

par

CVI.' Serment prêté

le roi de Pologne dans l'églife De Thou ut fup's

de Nôtre-Dame.

AN. 1573.

On fait lecture

lection.

De Thou ut fup.

auffi d'exécuter tout ce qu'il avoit promis à la diéte par ses ambassadeurs. Après cette cérémonie, sa majefté très-Chrétienne traita magnifiquement les ambaffadeurs Polonois, & le lendemain on les appella au confeil, où furent lûës les lettres de l'empereur & des princes d'Allemagne, qui accordoient un paffage libre par leurs états au roi de Pologne. CVII. Il ne reftoit plus qu'à publier le décret de l'élecdu décret de l'é- tion, & à en faire folemnellement la lecture; ce qui fut exécuté le 9. de Septembre. L'on avoit fait dreffer un théâtre exprès dans la grande falle du palais, où furent invitez tous les princes & tous les ordres du roïaume. Tous ceux qui compofoient l'assemblée aïant pris leurs places, les ambassadeurs furent introduits au fon des trompettes, & aïant été conduits jusqu'à l'endroit où étoit le roi ; le décret d'élection qui étoit enfermé dans une cassette d'argent, y fut dépofé. L'évêque de Posnanie après un compliment fait au roi sur la vénération que Polonois avoient pour sa majesté, le fupplia trèshumblement de trouver bon qu'on lût en fa présence le décret du fénat & des états, par lequel Henri son frere avoit été déclaré roi de Pologne ; ce queifa majefté aïant approuvé, le Châtelain de Sanock en fit la lecture, après laquelle Henri aïant rendu graces à Dieu, témoigna à tous les ordres du roïaume, & aux ambaffadeurs combien il étoit fatisfait du décret de la république, & avec quelle joïe il en avoit entendu la lecture. Charles IX. embraffa enfuite fon frere, le duc d'Alençon & le roi de Navarre en firent autant; mais les autres princes le faluerent feulement, & les ambassadeurs Polonois lui

les

baiferent

aiferent la main. Ainsi se termina cette cérémoie.

AN. 1573.

CVIII.
Le roi de Po-

trée dans Paris.

De Thou lib. 57.

Le lendemain, Henri fit fon entrée dans Paris avec beaucoup de pompe. On avoit érigé dans tous logne fait fon enles endroits de la ville des arcs de triomphe ornez de ftatuës & de tableaux avec plufieurs infcriptions, tant en vers qu'en profe à la loüange des Polonois, ou fur d'autres fujets qui avoient rapport à cette fète. Le foir la reine mere donna à fouper aux envoïez du fénat, dans fon palais des tuilleries : enfin les Polonois furent traitez magnifiquement; on leur donna des fêtes, des courfes de bagues, des carousels, des bals, & tous les autres divertissemens qu'on put imaginer.

CIX.
Le roi envoic

Pologne.

Avant que de quitter la France, ils détacherent Jean Sborouski pour informer le fénat de Pologne du fuccès de l'ambaffade, & l'affurer en même tems, que le roi paroîtroit bien-tôt dans fon roïaume, & qu'ainfi on eût à convoquer tous ceux qui devoient fe trouver à fon facre. Le roi de France de fon côté envoia en Pologne avec le caractere le feigneur de d'ambaffadeur, Nicolas d'Angennes de Ramboüil- Rambouillet en let: il étoit chargé de remercier le fénat de la part De Thou ut fup. de fa majefté très-Chrétienne, de ce qu'à fa recommandation les affaires de l'élection avoient eu un fi heureux fuccès. Etant arrivé en Pologne, il fe rendit auprès de la princesse Anne, sœur de Sigismond Auguste, qui avoit eu beaucoup de part à l'élection de Henri, & à laquelle il préfenta des lettres de compliment de leurs majestez : il alla pareillement faluer l'archevêque de Gnefne, qui gouvernoit le roïaume en l'absence du roi, & qui s'é

toit toûjours montré fort affectionné à la France AN. 15.73. enfuite il paffa à Cracovie, où le lendemain de fon arrivée il fut introduit dans le fénar ; & pour lui faire plus d'honneur, l'on délibera en fa présence des moïens de s'opposer au grand duc de Mofcovie, qui menaçoit d'envahir la Lithuanie & la Livonie avec une nombreuse armée.

CX. Départ du roi de Pologne.

D'Avila liv. 5.

n. 10.

Tout étant prêt pour le départ du nouveau roi de Pologne, il fortit de Paris le 28. de Septembre, acD. Thou lib. 57. compagné de fa mere, & d'un grand nombre de Spond. hoc ann. feigneurs. Leur féparation fe fit à Blamont, petite ville de Lorraine. Catherine de Medicis prit congé de fon fils, les larmes aux yeux, & laiffa imprudemment échapper ces paroles : allez, mon fils, vous n'y demeurerez pas long-tems. Ce qui aïant été entendu par plufieurs, fit croire, quoique sans fondement, que la maladie du roi Charles IX. qui se déclara quelque tems après, n'étoit pas naturelle. Henri traversa toute l'Allemagne, & arriva fur les frontieres de Pologne, vers la fin du mois de Janvier de l'année fuivante, & la reine mere s'en revint en France.

CXI. Députez des Cal

doc au roi, & leurs

demandes.

Pendant ces mouvemens, les Proteftans qui reviniftes de Guien- fufoient de fe foumettre à l'édit qui avoit été donne & du Langue- né lors de la reddition de la Rochelle, s'affemblerent dans la Guienne, & dans le Languedoc le jour De Thou lib. 57; de l'anniverfaire du maffacre de la faint Barthelemi, Mezeray abregé chron. tom. 5. in- & aïant dreffez quelques articles, ils y joignirent Spond. in annal. une requête, qu'ils envoïerent au roi qui étoit à Villers-Coterets.

12. pag. 283.

nd hunc an. n. II.

Après y avoir remercié le roi de la bonne volonté qu'il avoit toûjours témoignée à ceux de leur

religion, & du foin qu'il prenoit pour procurer la paix ; ils le supplioient très-humblement de ne point A N. 1573. trouver mauvais, fi dans le fouvenir encore tout récent du massacre de Paris, ils demandoient qu'il fût plus amplement pourvû à leur sûreté ; qu'ils ne doutoient point de fa bienveillance à leur égard; mais que voiant qu'à la perfuafion de certains confeillers,hommes dangereux,qui aujourd'hui étoient, difoient-ils, les maîtres à la cour, & difpofoient de tout, sa majesté déclaroit par fes lettres patentes, que c'étoit par fon ordre qu'une fi cruelle exécution avoit été faite, quoiqu'ils fçuffent qu'il n'y avoit rien de plus éloigné de fon efprit & de sa bonté naturelle, puifqu'elle avoit même depuis peu témoigné publiquement, combien elle avoit cette action en horreur; ils avoient fujet de craindre, que par les artifices de ces confeillers mal-intentionnez, la paix accordée par le dernier édit ne fût violée,fi l'on n'y apportoit quelque remede, & fi l'on n'usoit de falutaires précautions. Qu'ils fupplioient donc le roi, que les villes qu'ils occupoient, fuffent gardées par des foldats de leur religion, qui feroient entretenus aux dépens de fa majesté ; qu'outre ces villes, il leur en fût encore donné deux dans chaque province, telles que le jugeroient à propos des perTonnes d'honneur nommées par les deux partis. Que l'exercice libre de leur religion fût permis dans tout le roïaume fans diftinction : Que l'on établit en quelque endroit un parlement compofé de feuls Proteftans, devant lequel ils puffent porter leurs procès: Que la dixme qui fe levoit fur les terres qu'ils poffedoient, fût emploïée à la nourriture &

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