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A N. 1574.

ข. ..

tege, & le roi entra dans Cracovie monté fur un cheval richement enharnaché,fous un dais porté par les confuls de la ville, au bruit des trompettes & Stond. hoc ann. du canon. Il marcha ainsi jusqu'au château, d'où il fe rendit à la cathedrale dédiée à Dieu fous l'invocation de faint Staniflas : il y reçut le compliment du chapitre, après lequel on entonna le Te Deum : Le lendemain il vint au fénat, où Pibrac remercia la compagnie en fon nom, & le roi demanda à Dieu que fon élection fût heureufe pour le roïaume, & pour toute la Chrétienté. Le jour d'après le référendaire du roïaume vint le complimenter au nom de la nobleffe, & fur le foir le légat & beaucoup d'évêques le conduifirent à la grotte de Cafimirie, qui est dans l'église de S. Stanislas patron du roïaume, où après avoir honoré les reliques fuivant un usage très-ancien, il fit fa priere, & fe retira. Enfin le jour fut pris pour la cérémonie de fon facre, & l'on touchoit au moment qui devoit terminer cette grande affaire, lorsqu'un nouvel incident qui furvint, penfa rompre toutes les mesures qu'on avoit prifes. L'archevêque de Gnefne après la messe achevée, fe disposoit à faire les prieres accoutumées au milieu du chœur, où étoit le roi monté fur un théâtre élevé, lorsque le Palatin de Cracovie se leva tout-à-coup, & parla en cette forte.

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CXXVII.
Le Palatin de

s'oppo

De Thou loco

Il n'en fera pas ainfi, & je veux bien que l'on sache, que moi qui vous parle, & tout autant que « Cracre du roi. nous fommes ici de perfonnès libres,nous ne fouf-« fe au facre du roi. frirons pas par un honteux filence,qu'on nous ré- « sup, lib. 57. duise à un esclavage éternel, & que contre l'atten- « te fi jufte de tant de perfonnes diftinguées par leur «

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› noblesse, contre tant de demandes équitables, le A N. 1574. » roi se mocque de nous,& ne veuille pas exécuter ce

CXXVIII.

Les Proteftans

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qu'il a promis. Les conditions propofées ont été remises jufqu'à fon arrivée, il eft préfentement fur les lieux,il eft revêtu de tous les ornemens roïaux, » il ne refte que peu de chose à faire de chose à faire pour l'établir roi,& l'on ne parle point d'exécuter ce qu'on a promis de fa part;non,je ne souffrirai pas qu'on differe plus long-tems:ou que le roi accepte les conditions, & promette avec ferment de les obferver, ou je déclare hautement en présence de tous, que je m'oppofe à fon facre & à fon couronnement. » A peine eut-il achevé, qu'il s'éleva un grand bruit dans toute l'églife, l'on entendit des gens murmurer, comme fi l'on eût été fur le point d'en venir à une sédition. Mais Pibrac s'approcha du roi, & après lui avoir parlé fort bas, il commanda à l'archevêque de la part du nouvel élû, de continuer les fonctions, & dit que le prince de l'avis du fénat regleroit le refte. Le prélat obéït, le roi fut facré, on lui mit la couronne fur la tête, & tout se passa avec de grands applaudiffemens à la vûë même de ceux qui s'y étoient opposez, & qui parurent avoir honte de ce qui venoit de fe passer. Le Palatin mourut peu de tems après.

Les affaires ne prenoient pas en France un tour de France profi- auffi heureux; au contraire, l'on ne fongeoit tentement du due qu'à y exciter de nouveaux troubles. Comme le duc d'Alençon, pour d'Alençon avoit promis conjointement avec le roi de Navarre & le prince de Condé, de fortir de la De Thon lib. cour, & de fe jetter dans les places qui tenoient pour D'Avila liv. 5. les Calvinistes, & s'y déclarer protecteurs de leur re

exciter des trou

bles.

17.

ligion; quelques-uns de ce parti au nombre de deux cens cavaliers parurent bien armez, fous la condui- AN. 1574. te de Jean Chaumont de Guitry, & firent des courses aux environs de faint Germain en Laye, où la cour étoit alors, pour faciliter l'évafion des princes; mais cette nouvelle aïant été auffi-tôt répanduë à la cour, on y prit l'allarme. La reine fit foüiller dans tous les endroits du château, & confeilla au roi d'abandonner promptement un lieu qui devoit lui être fufpect; le roi fe retira à Vincennes, menant avec lui le duc d'Alençon & le roi de Navarre, qu'il faifoit garder à vûë; car le prince de Condé s'étoit déja retiré en Picardie. Les deux autres prin. ces interrogez par le roi, avoüerent franchement, qu'on les avoit follicitez à quitter la cour, pour être chefs des Proteftans & des Politiques; qu'il leur étoit arrivé quelquefois d'écouter ceux qui les vouloient gagner, plûtôt pour découvrir leurs intentions, que par aucun deffein de s'y rendre ; qu'ils n'en avoient rien voulu déclarer, jufqu'à ce qu'ils euffent été exactement informez; que cependant le duc d'Alençon en avoit fait connoître quelque chose à la reine, quoiqu'en termes obfcurs ; ce qui étoit une preuve évidente de la fincerité de leurs

intentions.

Le roi parut les croire, & cependant il chargea Christophle de Thou, premier préfident, & Pierre Hennequin, préfident au parlement, de faire les informations néceffaires pour fçavoir s'il n'y avoit point quelque nouvelle confpiration fecrette; & fur la dépofition d'un certain Yves Brinon, homme d'une bonne famille, mais d'une mauvaise réputa

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tion, on arrêta plufieurs perfonnes; entr'autres, A N. 1574. Jofeph. Boniface de la Mole, Annibal comte de Coconas, Milanois, Laurens du Bois fieur de faint Martin, Pierre de Grandry maître d'hôtel du roi, Pierre & François Tourtray. On avoit en même tems envoïé des gens pour arrêter Guillaume de Montmorenci-Thoré, Henri de la Tour vicomte de Turenne, Jean Lafin seigneur de Beauvais, & Grand-champs ; mais ils s'étoient déja fauvez : ceci fe paffa le 10. d'Avril, qui étoit le famedi de Pâques. Le lendemain la Mole & Coconas furent interrogez; le premier à Paris par les commiffaires, & nia tout; le second en présence du roi, & dit tout ce qu'il fçavoit. Deux jours après le duc d'Alençon fut oui, & avoüa tout aufli fans fe foucier de mettre en peine ceux qu'il avoit emploïez ; il chargea Thoré, Turenne & la Mole : on ne put rien tirer du roi de Navarre. Après que l'on eut convaincu les accufez d'avoir conjuré contre le roi, ils furent condamnez à mort comme criminels de lezemajesté, & on les appliqua auparavant à la queftion, afin de découvrir tous leurs complices, s'il étoit poffible.

CXXX.

Les Calviniftes

On fit auffi arrêter les maréchaux de Montmorenci & de Coffé. Le prince de Condé qui étoit à Amiens, informé de tout ce qui fe paffoit, fe déguifa avec quelques-uns de fes amis, & fe retira à Strafbourg; le Vicomte de Turenne & Lafin, s'étoient fauvez en Guienne.

Il n'en fallut pas davantagé pour exciter les Calrenouvellent les viniftes & les mécontens à prendre les armes ; les premiers commencerent à s'emparer des châteaux,

troubles dans le roïaume.

De Thou lib. 57.
D'Avila liv. 5.

Mezeray abregé

chron. to. 5. pag. 285.

des villes & des places les plus fortes, & publierent un memoire pour colorer leur entreprise du pré- A N. 1574. texte de la néceffité de se défendre. On y répondit par un écrit imprimé & adreffé au peuple de Paris, où l'auteur après s'être emporté contre les hérétiques, exhortoit les Parifiens à perféverer dans leur foi, à fe garder des fourberies de leurs ennemis, & enfin à continuer de s'oppofer courageufement à toutes leurs entreprises. Cet écrit fut caufe les que Calvinistes renouvellerent la queftion tant de fois agitée, s'il étoit permis à un fujet de prendre les armes pour se défendre contre un fouverain qui abufe de fon autorité, & ils s'efforcerent de prouver l'affirmative, dans un écrit qu'ils rendirent public, & qui ne servit qu'à augmenter le trouble.

CXXXI. Montgomeri

en Normandie.

D'Avila liv. 5. De Thou lib. 57.

France

Duplex hift. de pag. 816.

tom. 3.

Le comte de Montgommeri s'étant rendu en Normandie, y fut joint par un grand nombre de excite des troubles Calvinistes & de mécontens, avec lesquels il fe dit maître en peu de tems de Domfront, de Carentan, de faint Lo & de Valogne. La rapidité de fes fuccès, jointe à la crainte que l'on avoit qu'Elifabeth, reine d'Angleterre, ne fût d'intelligence avec lui, engagea à faire marcher contre lui Jacques de Matignon, qui attaqua Montgommeri dans faint Lo, le fit prifonnier, & prit Domfront. Carentan & Valogne se rendirent fans qu'on les assiégeât, & la paix fut rétablie pour lors dans cette pro

vince.

Pendant ce tems-là, le roi Charles IX. qui languiffoit depuis du tems, fe voïant réduit à l'extrêmité, déclara sa mere régente du roïaume, par lettres patentes fignées à Vincennes le 30. de Mai, &

il

CXXXII.
Mort du roi

Charles IX.
De Thou ibid.
chron. to. 5. pag.

Mezeray abregé

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