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avoit réfolu de répondre à leur bonne volonté & d'observer religieusement l'amitié que ses ancêtres, & particulierement Henri fon pere, & François fon aïeul avoient entretenue avec eux; après cette réponse, les ambassadeurs s'en retournerent comblez d'honneurs & de préfens.

les

A N. 1570.

& leurs cruautez

tiens.

De Thou in hift. lib. init.

669.

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feq.

Spond in annal.

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anno. n. 14

Avec cette année 1570. finit en Espagne la guer- Révole des Manre des Maures qui duroit depuis plus de trois ans. res en Espagne, Les Maures du roïaume de Grenade fe voïant trai- envers les Chrétez avec la derniere rigueur par gouverneurs Espagnols, avoient entrepris d'en secouer le joug & s'étoient élû un roi de leur propre nation; il fe nommoit Ferdinand de Valore ou de Valoire. C'étoit un jeune homme de vingt-cinq ans, mais courageux & intrépide, & le plus diftingué d'entr'eux par fes richesses & par fa noblesse; après cette élection ils amafferent des troupes avec lesquelles ils commirent beaucoup de défordres : ils exercerent mille cruautez fur les Chrétiens dans les terres d'Alpuxara & d'Almeria : ils profanerent les églifes, & firent fouffrir aux religieux differentes fortes de fupplices. A Guecija, où il y avoit un monastere d'Auguftins, les religieux s'étant retirez dans le clocher, les Maures y mirent le feu, & jetterent ces religieux dans des chaudiéres d'huile boüillante; ils brûlerent le curé de Tuerques ; ils enterrerent jufqu'à la ceinture fon vicaire, & tirerent des fléches fur lui comme contre un but ; ils en laifferent mourir d'autres, qu'ils avoient ainsi enterrez; ils en mirent quelques-uns en croix pour infulter au chriftianifme, & en les faifant ainfi fouffrir, ils étoient forcez d'admirer leur conftance.

Aben-Kauher, l'un des chefs de ces barbares, blåAN. 1570. moit ces cruautez ; & le roi même fit un édit,

XXIII. Suite de l'affaire

de Louvain.

par

lequel il défendoit qu'on maltraitât les enfans audeffous de dix ans, & les femmes ; mais cet édit fut mal obfervé, & les infractaires demeuroient impunis. Les Espagnols oppoferent donc la force à la force, & rendirent souvent cruautez pour cruautez : Les Maures fouvent battus n'en devinrent que plus furieux ; il fallut que les Efpagnols fortifiaffent leurs troupes par de nouvelles recruës, & dom Jean d'Autriche eut le commandement général de l'armée : on en vint souvent aux mains de part & d'au& chaque côté fit de grandes pertes. Le roi d'Espagne fe laffa plufieurs fois de cette guerre, qui étoit fi ruineufe pour fon état, & qui lui enlevoit tant de braves gens. Il tenta de faire la paix, & ne put y réüffir ; mais enfin il l'obtint par la force, fon armée remporta une grande victoire fur ces infideles, fous le commandement du duc d'Arcos, ceux qui avoient échappé à l'épée furent obligez de fuïr & ils ne fe virent plus en état de remuer.

tre,

Baïus fe vit cette année vivement preffé par de Baius docteur fes adversaires. Joffe Ravestein, conservateur des privileges de l'univerfité de Louvain, théologien diftingué par fon érudition, s'éleva avec beaucoup de force contre lui; mais il mourut dès le fept Fevrier de la même année.

Inter opera Baij.

tom. 2. Baiana

Pag. 299.

!

Cunerus Petri prit sa place. Il étoit né dans un village de Zelande appellé Duivindik. Ce docteur plein de zele & de feu ne craignit point d'entrer en lice contre un théologien de la réputation de Baïus. Il l'attaqua ouvertement, & fe fit un devoir de réfu

ter fes erreurs, dans les exercices de théologie qu'on faifoit tous les famedis, & à qui l'on donnoit pour cela le nom de Sabbatines. Un cordelier nommé Godefroy de Liege, qui prêchoit le carême dans l'église de fon ordre, combattit auffi en chaire la doctrine de Baïus: tous deux l'accuferent d'exciter de nouveaux troubles dans l'univerfité, & de foûtenir avec plus de hardieffe & plus ouvertement depuis la mort de Ravestein les articles profcrits par le pape. C'est pourquoi trois évêques, Martin Rithovius d'Ypres, François Sonnius de Boifleduc, & Corneille Jansenius de Gand, voulant prévenir les troubles, lui confeillerent le onze d'Avril d'expliquer publiquement ses veritables fentimens, afin de calmer les efprits, & d'imposer filence à ses adverfaires.

«

Baïus fe rendant à leur avis, commença dès le dixfept du même mois à expofer ce qu'il penfoit des articles condamnez par la bulle, & continua la même explication le dix-neuf; il la fit dans l'école de théologie en présence de tous les docteurs de la faculté, & de beaucoup d'autres perfonnes. « Il faut dit-il, que je vous déclare ce que je ne vous ai « point encore dit : Vous fçavez qu'il y a environ «< deux ans, qu'on envoïa de Rome une bulle qui condamne un certain nombre d'articles, dont << quelques-uns font faux & juftement cenfurez; d'autres font mal entendus; il y en a qui font mal extraits & quelques-uns font feulement odieux, en ce qu'on ne s'est pas exprimé felon le langage de l'école, & les termes reçus par les fcolaftiques; quoiqu'on trouve qu'en quelques

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AN. 1579.

XXIV.

Bus fait l'apomens dans une ex

logie de fes fenti

plication publi

que.

Inter opera Baij,

tom. 2. pag. 141.

&

feq.

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AN. 1570.

Jacob. 3. v. 2.

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دو

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:

endroits les Peres ont parlé de cette maniere je » ne vous en ai rien dit jufqu'à présent, & j'ai eu des raifons pour ne le pas faire. La premiere eft, que je voulois afsoupir cette affaire par mon filence, & que mon deffein étoit de ne pas exciter de nouveaux troubles, & de ne paroître pas vouloir accuser de fauffeté & de calomnie, ceux qui » avoient fait les extraits; ou le S. fiége, de négli gence & de précipitation dans fes jugemens; » furtout dans les conjonctures fâcheufes où l'on fe trouve, & où il convient encore plus de refpecter le S. fiége, & de ménager fa dignité & son autorité. La feconde raifon eft, que l'on pourroit compter dans la bulle environ quarante articles qui ne me regardent pas, & aufquels je n'ai jamais pensé. La troifième, étoit l'appréhension d'offenfer quelqu'un, ce qu'on n'évite que trèsdifficilement, lorsqu'il s'agit de fe juftifier fur des » crimes dont on eft fauffement accufé, quelque modeste qu'on veüille être, puisque celui-là eft »parfait, qui ne fait point de faute en parlani, dit S. » Jacques.

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دو

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» J'ai donc fait mon poffible pour me contenir » dans les bornes de cette modération ; & ces queftions aïant été traitées dans les Sabbatines de Cu» nerus Petri, & dans les fermons que le pere Godefroy a prêchez ce carême dans l'église des Cordeliers, où l'on me chargeoit de calomnies; je me fuis tû, & je me tairois encore, fi nos réverendiffimes les évêques n'avoient pas jugé à propos que je m'expliquaffe : content de mettre tou»te ma confolation dans ces paroles du pape S.

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Leon, qui parlant de la paffion de Jesus-Chrift,
dit, que cet Homme-Dieu prit le parti de fe tai- «<
re, parce que quand on ne peut répondre utile- «
ment, il eft plus expédient de ne rien dire, je «<
m'étois fait un devoir de garder le filence. Je
penfois d'ailleurs que cela entroit dans les def «<
feins de Dieu pour affliger les juftes, & je me di-
fois à moi-même : fi l'on m'a bien repris, je dois
prendre patience; fi on l'a mal fait, c'est à Dieu «
à en prendre la vengeance. Peut-être le Sei- «
que
gneur comme parle David, au lieu de la malédic- «
tion, me donnera la bénédiction; mais je dois fuivre
aujourd'hui l'avis de nofseigneurs les évêques
d'Ypres, de Boisleduc & de Gand, qui croïent «
qu'il est d'autant plus convenable de vous expo-
fer mes fentimens, qu'on m'accufe d'avoir mis «
partout le trouble, d'avoir innové & d'avoir en- «<
feigné depuis la mort du docteur Ravestein, les
articles condamnez. Vous fçavez combien cela est
faux, & cette feule raifon vous le fera encore «<
mieux connoître, & vous en convaincra plus éf- «
ficacement.."

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K

Un certain Licentié plus âgé que moi de dix « ans, m'écrivit de Gand, qu'on y publioit beau- «< coup de chofes qui m'étoient défavantageuses; mais en examinant fes lettres, & comparant le « tems auquel elles avoient été écrites, avec celui «* de la premiere leçon que j'avois faite après la mort de Ravestein, je connus qu'il n'y avoit que « trois jours d'intervalle : d'où je conclus que cette « nouvelle n'avoit pû paffer fi promptement à « Gand, & être mandée ici. Il y a environ vingt «

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A N. 1570.

S. Leo fermo de paffione Domin

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