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au Sauveur, & qu'il n'eût pas fervi à parfumer fes A N. 1570. pieds, afin qu'en le vendant il pût en retirer quelque argent mais cette fainte femme voulut faire fon offrande de la feconde maniere, & l'emploïer à l'honneur & à la gloire de fon maître. Par-là, continuë-t'il, on diftingue l'oblation, du facrifice, en ce que quand la chofe qui eft offerte, n'eft pas changée, c'est oblation; comme quand on offre à l'autel du pain, du vin, des fruits, des raisins ; mais quand la chofe eft confumée, alors c'est un facrifice, comme quand on brûle de l'encens pour honorer Dieu, & lui rendre gloire : de même dans le facrifice de la messe, fi l'on regarde le terme que les théologiens appellent à quo, quo, c'est-à-dire, le pain & le vin qui font offerts à Dieu, c'est une oblation, c'est-à-dire, un don, un préfent. C'est pourquoi il eft dit dans le canon de la meffe, ces dons, ces préfens; mais fi l'on regarde le terme que l'on appelle ad quem, fçavoir le corps & le fang de Jefus-Christ, dans lefquels le pain & le vin font changez, c'est un facrifice proprement dit, & vraiment propitiatoire; parce qu'on y offre celui qui eft propitiation pour nos pechez. Mais fi nous parlons en général du facrifice, conclut-il, en ce qu'on donne ce nom à ce qui fait que nous fommes unis à Dieu par une fainte fociété, alors en regardant l'action., elle eft véritablement appellée facrifice dans un sens général, parce que c'eft une œuvre faite en l'honneur de Dieu, pour nous unir à lui..

&Voyez ces prr

pofitions dans la

pas Bulle rapportée

Sur la charité qui comprend les articles 31. 32. 67. Baïus dit que l'erreur n'eft qu'en ce qu'il n'a fuivi le langage de l'école : qu'il ne difpute pas qu'il 34. & fuiv.

au Livre 170. n°.

cap. I. v. 5.

n'y ait dans les Cathecumenes une bonne volonté AN. 1570. l'amour de Dieu, la dilection; mais que la difficulté vient de ce qu'il n'a pas distingué entre la bonne volonté & la charité, fuivant la maniere accoutumée de parler de l'école, qui ne prend pas la chari Ad Thimotheum té autrement que S. Paul, quand il dit que la fin des commandemens eft la charité, qui naît d'un cœur pur, d'une bonne conscience, &c. c'est-àdire d'une charité parfaite, qui eft l'acte ou l'habitude operée par le S. Esprit habitant en nous, & que cette charité ne fe trouve point dans ceux à qui les pechez ne font pas encore remis: Qu'il eft vrai qu'ils ont l'amour par lequel ils commencent d'aimer Dieu, comme parle le concile de Trente ; une bonne volonté, une charité commencée, quoi qu'elle ne foit pas encore parfaite : Que S. Auguftin ne fait point cette diftinction, puisqu'il dit que la bonne volonté, la dilection, l'amour & la charité, font indifferemment prises dans l'Ecriture fainte: de forte, ajoute Baïus, que fi j'ai manqué, ce n'a été qu'en m'attachant aux expreffions de S. Auguf tin, sans suivre la maniere de parler de l'école.

Sur l'article 12. qui dit que c'eft le sentiment de Pelage, que la bonne œuvre faite fans la grace de l'adoption, ne mérite pas le roïaume des Cieux. Baïus reconnut qu'il l'avoit avancée feulement une fois, à ce qu'il croïoit ; mais qu'il n'avoit pas voulu afsurer par-là que ce sentiment fût herétique, comme l'avoient peut-être conçu ceux qui avoient extrait fes ouvrages : j'ai dit feulement, ajoute-t'il, que Pelage l'avoit pensé, fans ajouter qu'en cela il eût mal penfé. Là-deffus, il cite l'endroit de S. Au

1. Cor. cap. 7.

guftin contre Julien, où ce faint docteur traite des differentes juftifications, en expliquant ce paffage A N. 1570. de S. Paul, au lieu que maintenant vos enfans font faints : d'où il conclut que les Cenfeurs n'avoient pas bien entendu ce paffage, & l'avoient rendu odieux fans raison.

Sur l'article 19. où on lit, que les œuvres que Jefus-Chrift a faites, ne tiroient pas plus de valeur de la dignité de la perfonne qui les faifoit; Baïus avouë que cela est faux & bien condamné, & qu'il avoit toujours enfeigné que les œuvres que JesusChrift avoit faites, étoient d'une valeur infinie, à raison de la dignité de sa personne.

v. 14.

Quant à l'article 30. où il eft marqué que ceuxlà ne font pas feulement voleurs & larrons, qui nient que Jesus-Christ soit la porte de la vie & de la verité, &c. Il dit que c'eft-là fa propofition, mais qu'on y a ajouté quelque chofe qui ne fe trouve pas dans fon livre, fçavoir que le libre arbitre ne peut résister à aucune tentation, fans le fecours de Dieu; de forte qu'il n'en foit point féduit, ou qu'il n'y fuccombe point. Il ajoute que cela eft faux, parce que le libre arbitre peut réfifter à quelque tentation, fans la grace de Jesus-Chrift: vû que nous pouvons furmonter la tentation de la chair, en labourant la terre, ou par l'ambition ; en forte qu'on réfiste à un vice par un autre vice, ou par quelque ouvrage naturel, comme le dit S. Auguftin dans fes livres de la Cité de Dieu, qu'on eft souvent vain- cap. 16. ou & furmonté par des vices fecrets cachez.

S. Auguft. lib. de civitate Des

XXVI.
Il continue à

Le 19. d'Avril, Baïus voulut achever la matiere qu'il avoit commencée, & étant monté en chaire s'expliquer un au

tre jour.

tom. 2. pag. 144. Seq.

devant les mêmes auditeurs; il dit que s'il y avoit AN. 1570. eu quelques troubles dans l'univerfité, il s'étoit apInser opera Baij, pliqué à empêcher qu'ils ne vinffent à la connoiffance du public; & que s'il n'avoit pas semblé à quelques-uns néceffaire d'en parler, il auroit mieux aimé se taire aux dépens même de fa réputation: Que les articles dont il alloit parler, étoient prefque tous faux & juftement profcrits; mais qu'ils ne le regardoient pas. Que l'article 52. conçû en ces termes: Cette maxime définitive, que Dieu ne comman de rien d'impoffible à l'homme, eft fauffement attribuée à S. Auguftin, étant de Pelage, eft bien cenfuré, parce que Pelage tâchoit par-là d'exclure le peché originel. Que le cinquante-troifiéme, que Dieu au commencement n'auroit pas pû créer l'homme tel qu'il naît aujourd'hui, eft auffi abfolument faux; mais qu'on peut dire que s'il l'avoit créé tel, il ne l'auroit pas créé pecheur, parce qu'il auroit été tel felon l'ordre de Dieu : or, de ce que nous fommes tels, cela nous eft justement imputé à peché, parce que nous fommes tels contre l'ordre de Dieu; de même que fi Dieu avoit réglé que quelqu'un auroit plufieurs femmes, celui qui les prendroit ne pécheroit pas; mais que fi un autre vouloit jouir du même privilege fans une permiffion expresse de Dieu, il pêcheroit fans doute,

Sur le 55. article, Baïus parlant de la double juftification, dit que cette diftinction étoit bonne & fondée fur l'Ecriture fainte : que la premiere fe fait quand le cœur eft changé, parce que la lettre ne fait pas obeïr à la loi, comme fait l'efprit, que l'autre est celle que le baptême ou l'absolution opere ;

Rom. cap. 8.

V. 11.

qu'on pourroit en ajouter une troifiéme dont parle S. Paul, quand il dit que celui qui a reffufcité Je- A N. 1570. fus-Chrift d'entre les morts, donnera auffi la vie à nos corps mortels; & ailleurs : que comme tous font morts en Adam, tous auffi recevront la vie en Jefus - Chrift. Que de même la diftinction d'une double justice, dont parle l'article 60. eft très-bonne, & que ceux qui la défapprouvent, font bien condamnez. Que le foixante-deuxième article, où il eft dit que c'est une erreur Pelagienne, d'admettre quelque ufage du libre arbitre qui foit bon, ou qui ne foit pas mauvais, eft bien condamné ; de même que le 67. qui dit que l'homme qui eft en peché mortel, ou coupable de la damnation éternelle, peut avoir une vraïe charité, & que la charité parfaite peut fubfifter avec le mérite de la damnation éternelle : que cela eft faux & contre l'écriture, parce que la charité parfaite chaffe la crainte, & qu'il ne fe peut que celui qui eft coupable ne craigne. Sur le 73. article, tant qu'il refte quelque chofe de la concupifcence dans celui qui aime, il n'accomplit pas ce précepte, Vous aimerez le Seigneur, &c. Baïus reconnoît que cet article eft abfolument faux ; qu'il feroit vrai, fi l'on avoit dit, il ne fait pas tout ce qui eft du précepte; mais qu'on ne peut pas dire qu'il n'accomplit pas le précepte : il ne dit rien du 75. article.

Sur le 76. & dernier, qui dit, qu'il eft faux d'enfeigner que le premier homme ait pu être créé de Dieu, & formé fans la juftice naturelle. Baïus dit qu'il s'est donné beaucoup de peine pour comprendre ce que cet article veut dire : Je fçai, dit-il, que

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