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S. Thomas dit, dans la premiere grace, mais elle eft A N. 1570. diftinguée de la juftice naturelle : or il ne fert de rien de difputer de la puiffance de Dieu.

Après l'expofition de fes fentimens fur ces articles, il reconnut que dans les disputes, il avoit quelquefois pris le parti oppofé; qu'il avoit traité des questions inufitées dans l'école, & qu'il n'avoit pas toujours parlé fon langage ordinaire & reçu : il témoigna qu'il étoit fâché de l'avoir fait, & que s'il avoit cru par-là devoir causer du trouble, ou offenfer quelqu'un, il s'en feroit abstenu, comme il promettoit de le faire à l'avenir. Quant aux articles dont il n'avoit fait aucune mention, il ajoute, ou qu'ils n'étoient pas de lui, ou qu'ils avoient été mal extraits, ou qu'ils n'avoient pas été pris dans le fens qu'il entendoit qu'ainfi il trouvoit fort mauvais qu'on lui imputât environ quarante de ces articles, aufquels il n'avoit pas feulement pensé ; fecondement, qu'il y eût tant de perfonnes qui fe persuadaffent, que tous les articles condamnez dans la bulle de Pie V. étoient faux & hérétiques, puifqu'il y en avoit plufieurs, qui fans être faux, étoient feulement profcrits comme scandaleux & offenfant les oreilles pieuses, felon les termes même de la bulle.

:

Il ajouta, qu'il avoit appris de l'évêque de Boisleduc qui se trouvoit à Rome, dans le temps qu'on travailloit au catalogue des livres défendus, qu'il y avoit plufieurs livres condamnez & profcrits, non pas, parce qu'ils étoient hérétiques; mais parce qu'ils renfermoient des nouveautez qui pouvoient fcandalifer & offenfer les fidéles : comme il arrivoit affez fouvent qu'on défendoit de parler dans la

chaire,

chaire, de certaines matieres, qui à caufe de leur nouveauté, feroient un fujet de scandale au peuple : AN. 1570. il conclut, que s'il s'étoit expliqué en quelque chofe trop obfcurement, il ne falloit pas pour cela l'accufer d'héréfie; parce qu'autre chofe eft de ne pas fçavoir, & autre chose d'être hérétique : il cita le témoignage d'une perfonne, qui aïant d'abord mal compris fes fentimens, les approuva après qu'on les lui eût expliquez, avoua qu'elle s'étoit trompée, & lui demanda pardon de l'avoir traité avec un peu trop de dureté. « Voilà, dit-il, quelle est ma juf- «< tification, fi toutefois j'ai eu befoin de me juftifier je crois que cela doit fuffire : je porterai cet- « te juftification écrite avec moi, non feulement « fur du papier, mais dans ma mémoire en préfen- «< ce de Dieu qui sera mon juge. Vivez donc tous << en paix, & abftenez-vous de traiter des questions qui peuvent vous divifer, & caufer du trouble «

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aux autres. »>

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XXVII.

cette apologie,

d'Albe.

Inter opera Baij, tom. 2. p. 200.

Cette déclaration de Baïus, ne calma pas les efprits, s adverfaires & ne le justifia pas : on fut juftement choqué de la har- peu contens de dieffe avec laquelle il avoit ofé avancer, que fon crime s'adreflent au duc étoit d'avoir préferé les expreffions des SS. PP. au langage de l'école. On lui reprocha d'accufer le S. fiége, d'avoir prononcé précipitamment, d'avoir pris plufieurs de fes articles dans un fens étranger; & de les avoir flétris quelque vrais qu'ils fuffent en euxmêmes, & dans le fens que fes paroles préfentoient. Mais comme Baïus paroiffoit peu fenfible à ces reproches, plufieurs de fes adverfaires s'adrefferent au duc d'Albe, gouverneur des Païs-Bas, qui étoit déja mal difpofé en fa faveur, parce qu'il le regar

S. Thomas dit, dans la premiere grace, mais elle eft A N. 1570. diftinguée de la juftice naturelle : or il ne fert de rien de difputer de la puissance de Dieu.

Après l'expofition de fes fentimens fur ces artícles, il reconnut que dans les difputes, il avoit quelquefois pris le parti oppofé; qu'il avoit traité des questions inufitées dans l'école, & qu'il n'avoit pas toujours parlé fon langage ordinaire & reçu : il témoigna qu'il étoit fâché de l'avoir fait, & que s'il avoit cru par-là devoir caufer du trouble, ou offenfer quelqu'un, il s'en feroit abftenu, comme il promettoit de le faire à l'avenir. Quant aux articles dont il n'avoit fait aucune mention, il ajoute, ou qu'ils n'étoient pas de lui, ou qu'ils avoient été mal extraits, ou qu'ils n'avoient pas été pris dans le fens qu'il entendoit : qu'ainfi il trouvoit fort mauvais qu'on lui imputât environ quarante de ces articles, aufquels il n'avoit pas feulement pensé ; fecondement, qu'il y eût tant de perfonnes qui fe perfuadaffent, que tous les articles condamnez dans la bulle de Pie V. étoient faux & hérétiques,puisqu'il y en avoit plufieurs, qui fans être faux, étoient feulement profcrits comme scandaleux & offenfant les oreilles pieuses, felon les termes même de la bulle.

Il ajouta, qu'il avoit appris de l'évêque de Boisleduc qui fe trouvoit à Rome, dans le temps qu'on travailloit au catalogue des livres défendus, qu'il y avoit plufieurs livres condamnez & profcrits, non pas, parce qu'ils étoient hérétiques; mais parce qu'ils renfermoient des nouveautez qui pouvoient fcandalifer & offenfer les fidéles : comme il arrivoit affez fouvent qu'on défendoit de parler dans la

chaire,

chaire, de certaines matieres, qui à cause de leur nouveauté, feroient un fujet de fcandale au peuple: AN. 1570. il conclut, que s'il s'étoit expliqué en quelque chofe trop obfcurement, il ne falloit pas pour cela l'accufer d'héréfie; parce qu'autre chofe eft de ne pas fçavoir, & autre chose d'être hérétique : il cita le témoignage d'une personne, qui aïant d'abord mal compris ses sentimens, les approuva après qu'on les lui eût expliquez, avoia qu'elle s'étoit trompée, & lui demanda pardon de l'avoir traité avec un peu trop de dureté. « Voilà, dit-il, quelle est ma juf- « tification, fi toutefois j'ai eu besoin de me juftifier je crois que cela doit fuffire : je porterai cet- « te juftification écrite avec moi, non feulement « fur du papier, mais dans ma mémoire en préfen- «< ce de Dieu qui fera mon juge. Vivez donc tous «< en paix, & abstenez-vous de traiter des questions qui peuvent vous divifer, & caufer du trouble

:

aux autres. »>

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XXVII.

cette apologie.

s'adreffent au dac

d'Albe.

Inter opera Baj tom. 2. p. 200.

Cette déclaration de Baïus, ne calma pas les efprits, ses adverfaires & ne le juftifia pas : on fut juftement choqué de la har- peu contens de dieffe avec laquelle il avoit ofé avancer, que fon crime étoit d'avoir préferé les expreffions des SS. PP. au langage de l'école. On lui reprocha d'accufer le S. fiége, d'avoir prononcé précipitamment, d'avoir pris plufieurs de fes articles dans un fens étranger; & de les avoir flétris quelque vrais qu'ils fuffent en euxmêmes, & dans le fens que fes paroles préfentoient. Mais comme Baïus paroiffoit peu fenfible à ces reproches, plufieurs de fes adverfaires s'adretlèrent au duc d'Albe, gouverneur des Païs-Bas, qui eod déja mal difpofé en faveur, parce qu se

doit comme un homme trop attaché à ses sentimens AN. 1570. Ils lui firent comprendre que ce docteur n'étoit point foumis de bonne foi à la bulle qui condamnoit fes erreurs, fous prétexte qu'elle n'avoit pas été publiée folemnellement, & qu'elle avoit été feulement lûë dans le logis du docteur Ravestein, en présence de quelques théologiens de l'univerfité ; & ils n'omirent rien de ce qu'ils purent faire, pour l'engager à ordonner que ladite bulle feroit publiée dans les écoles de Louvain, & que tous les docteurs, & Baïus lui-même, feroient obligez à la foufcrire. Le duc écrivit en conféquence aux prélats qui fe écrit aux évêques trouvoient affemblez à Malines, pour les preffer din concile de Ma- de publier folemnellement la bulle de Pie V. contre voir la bulle. les foixante & feize articles, & de la faire souscrire Baiana ut fup. par tous les docteurs fans aucune exception. Les

XXVIII.
Le duc d'Albe

lines pour rece

pag. 200.

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prélats promirent de tout exécuter, & ordonnerent

que Maximilien Morillon fe rendroit de nouveau

à Louvain pour y faire publier folemnellement la

bulle,& exiger des théologiens la fouscription.

Mais avant que d'en venir là, ils jugerent à propos de députer à Louvain les évêques d'Ypres & de Gand, afin de communiquer à Baïus la résolution du fynode. Les députez s'étant rendus dans cette vilconcile à Baius.le, allerent trouver Baïus, confererent avec lui, & Baiana ut fup. lui communiquerent les ordres du concile. Ce doc

XXIX.

Députation du

pag. 201,

teur diffimulant ses veritables difpofitions, les affura qu'il aimoit la paix, qu'il fe conformeroit avec plaifir aux vûës du fynode, & qu'il fe foumettroit à fes réfolutions, tant que la verité n'y feroit point blessée. Les deux évêques, fans faire attention à une clause si captieuse, parurent fatisfaits de cette ré

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