es 06 С. Co plus aifément tout foupçon de rechûte, en fouf- « ∞ CG 15 Il ne paroît pas que cette lettre ait produit beaucoup d'effet, puifqu'il ne refte aucun monument de cette foufcription, & qu'on ne voit nulle part que la faculté de théologie se soit soumise à ce qu'on exigeoit d'elle. -9 la Å Rome, le pape Pie V. faifant droit fur le rapport, que le procureur général de l'ordre de Citeaux lui avoit fait des déreglemens qu'il avoit trouvez parmi les religieux de cet ordre en Sicile, donna le huit de Mars une bulle pour les réformer. Le procureur s'étoit plaint que le fervice divin fe céle-1004 broit avec indécence, que les monafteres tom AN. 1570. XXXII Le pape mex réforme dang quelques ordres. Bullarium 10. 2 in 102.403. Ciacon, in vita Pis V. tom. 3-pale boient en ruine, fans qu'on pensât à les réparer, A N. 1570. qu'on violoit les voeux, que la menfe des religieux avoit été mife en commende. Pie V. réforma tous ces abus par fa bulle. Par une autre du 29. May, il foumit à un même gé néral tout l'ordre des Serviteurs de la fainte Vierge, qu'on appelle religieux Servites, dont faint Philippe Benizi fut le cinquième général, & qui auparavant étoit divifé en deux branches ou familles. Pie V. abolit le titre de congrégation qu'ils s'étoient donné, & retrancha un grand nombre d'abus qui tendoient a la décadence & à la ruine de cet ordre. XXXIII. Le même pape aïant réfolu de punir les affaffins qui Le pape fait re: avoient attenté à la vie du cardinal Charles Borromée, chercher ceux qui avoient attenté à ordonna à ce cardinal de déclarer ceux fur qui pou la vie de S. Char les. S. Charles liv. 2. chap. 26. voit tomber le foupçon de ce crime. Mais CharGiuffano, vie de les fe contenta de répondre, qu'aïant entrepris de corriger beaucoup de défordres parmi les prêtres, les religieux & les laïques, il ne doutoit pas que beaucoup de personnes ne s'en fuffent offensées, mais qu'il n'avoit aucun foupçon en particulier qui fût bien fondé; qu'il fçavoit feulement que les juges inquiétoient & poursuivoient à ce sujet beaucoup de perfonnes qu'il croïoit innocentes. XXXIV. Le pape peu content de cette réponse, chargea Il envoie un pour informer. nonce à Milan Antoine Scarampa évêque de Lodi, nonce apoftolique, de faire toutes les informations néceffaiafin de découvrir, s'il étoit poffible, les auteurs Ciaconius in vi- de l'attentat. Mais le faint archevêque de Milan ne Giuffano ut fup. liv. 2. chap. 26. res, tis pontif. tom. 3. pag. 894. l'eut pas plûtôt appris, qu'il en témoigna fa douleur au pape, & qu'il fit tout ce qu'il put pour arrêter les effets de cette perquifition; il demanda grace pour pour les coupables, & protefta par un écrit public, que fon intention n'étoit point que l'on en fit aucune pourfuite; le pape admira cette generofité, & n'y eut aucun égard. L'évêque de Lodi étant arrivé à Milan, fit publier & afficher l'ordonnance de fa fainteté, par laquelle on enjoignoit, fous peine d'encourir les cenfures ecclefiaftiques les plus rigoureuses, à tous ceux qui fçauroient quelque chofe de l'attentat commis contre le cardinal Borromée, de le venir inceffamment déclarer. Cette démarche eut son effet : deux prévôts de l'ordre des Humiliez, dont l'un étoit complice de l'assasfinat, & l'autre en avoit feulement oui parler, vinrent fe préfenter au nonce qui reçut d'abord leur déposition. Mais comme elle ne s'expliquoit presque point, & qu'ils ne fe déclaroient point coupables, il les interrogea, & s'apperçevant, qu'ils varioient dans leurs réponfes, & qu'ils fe contredifoient même, il jugea qu'ils étoient coupables, & les fit mettre en prifon. L'aveu des prifonniers confirma la verité de fon jugement; ils confefferent leur crime, & nommerent quelques complices & entr'autres celui qui avoit tiré fur le cardinal; c'étoit un nommé Farina, qui depuis ce coup, s'étoit retiré dans les états du duc de Savoïe, où il portoit les armes comme fimple foldat. Comme il n'étoit point averti de ce qui fe paffoit à Milan, il ne fongea point à prendre la fuite; on envoïa pour fe faifir de lui, & il fut amené à Milan. Le faint cardinal fenfible à ces pourfuites, & touché de compaffion pour les coupables, écrivit au fieur Ormanette à Rome, pour le prier d'en Tome XXXV. G AN. 1570. XXXV. Les criminels font punis du der nier fupplice à Milan. citato. gager le pape à ufer de clémence, & à accorder A N. 1570. la vie aux criminels. Mais nulles prieres, nulles Giuffano loco fup raifons ne purent jamais fléchir le pape. Trois de ces malheureux, après avoir été dégradez, fuivant la difpofition des canons, furent pendus le vingthuit de Juillet 1570. Le quatrième qu'on nommoit Jerôme Lignano prévôt de Verceil & un autre eurent la tête tranchée, parce qu'ils étoient nobles; & le fixiéme & dernier n'aïant été condamné qu'aux galeres perpetuelles, le faint archevêque fit de fi fortes inftances auprès du pape, qu'il fit changer cette peine en une prifon dans un monaftere pour un certain temps, afin que le coupable y fit pénitence. On dit que Farina mourut dans de grands fentimens de pieté ; & qu'il dit à ceux qui le dégradoient, qu'indignement il avoit porté un fi faint habit, & qu'il méritoit qu'on le lui ôtât : étant fur l'échelle, il conjura le peuple de prier Dieu pour lui, afin qu'il lui pardonnât le crime qu'il avoit commis, en voulant, dit-il, ôter la vie à un pasteur fi faint & fi utile au falut des ames. Un des prévôts qui fut décapité, connoiffant la grande charité du cardinal, lui fit recommander une de fes niéces qu'il laiffoit très-pauvre; le faint archevêque lui envoïa dire qu'il en. prendroit un foin particulier, & lui tint parole dans la fuite. Après cette exécution, le faint cardinal fit une feconde vifite dans les trois vallées de fon diocéfe qui étoient fous la domination des Suiffes, afin de recueillir les fruits de la premiere. Cette vifite achevée, il avança dans le païs au-delà des montagnes d'Allemagne, fous prétexte d'aller voir fa XXXVI. Saint Charles vifite les cantons Suilles catholi ques. Giuffano ibid. lib. 2. cap. 26. fœur la comteffe Hortenfia qui réfidoit dans le château d'Altaëms, quoique fa veritable intention fût A N. 1570. de conferer avec les Suiffes fur plufieurs affaires importantes concernant la religion & le rétabliffement de la difcipline dans les trois vallées de fon diocéfe. Il vifita tous les cantons catholiques les après les autres, & il s'y fit beaucoup eftimer; il réforma le clergé du païs qui vivoit dans une grande licence, & plufieurs monafteres dans lef quels il ne reftoit prefque plus aucun veftige des observances religieufes. Le défordre y étoit venu à un tel point, que les moines fe faifoient servir par des femmes jufques dans leurs cellules, & que la plupart des convents étoient des hôtelleries, où l'on commettoit beaucoup de diffolutions. Il fe comporta avec tant de douceur & de sagesse, qu'il se fit aimer des religieux, des prêtres féculiers & des feigneurs laïques qui le regardoient comme leur pere; tous le prierent d'ordonner tout ce qu'il jugeroit de plus convenable pour le bon ordre, & lui promirent de s'y foumettre; ses ordonnances furent reçues avec joïe, & exécutées fans délai. Il établit aufli tout ce qui concernoit la juridisdiction ecclefiaftique & le bon gouvernement dans les trois vallées qui dépendoient de lui pour le spirituel. XXXVII. des Humi Cependant le pape n'étant pas encore fatisfait du châtiment qu'on avoit fait fubir à ceux qui pape de détruire avoient confpiré contre la vie du faint cardinal, liez. prenoit des mesures pour abolir l'ordre entier des Giusano loco fup. freres Humiliez, quelques obftacles qu'il s'attendît d'y trouver du côté de l'Efpagne. Il affembla auparavant le college des cardinaux, pour ne point lib.2.c.27. |