boient en ruine, fans qu'on pensât à les réparer, AN. 1570. qu'on violoit les voeux, que la menfe des religieux Le pape fait re la vie de S. Char les. S. Charles liv. 2. chap. 26. avoit été mife en commende. Pie V. réforma tous Par une autre du 29. May, il foumit à un même gé- XXXIII. Le même pape aïant réfolu de punir les affaffins qui chercher ceux qui avoient attenté à la vie du cardinal Charles Borromée, avoient attenté à ordonna à ce cardinal de déclarer ceux fur qui pouvoit tomber le foupçon de ce crime. Mais CharGiuffano, vie de les fe contenta de répondre, qu'aïant entrepris de corriger beaucoup de défordres parmi les prêtres, les religieux & les laïques, il ne doutoit pas que beaucoup de personnes ne s'en fuffent offenfées, mais qu'il n'avoit aucun foupçon en particulier qui fût bien fondé; qu'il fçavoit feulement que les juges inquiétoient & poursuivoient à ce fujet beaucoup de perfonnes qu'il croïoit innocentes. XXXIV. Le pape peu content de cette réponse, chargea nonce à Milan Antoine Scarampa évêque de Lodi, nonce apofpour informer. tolique, de faire toutes les informations néceffaiIrv. 2. chap. 26. res, afin de découvrir, s'il étoit poffible, les auteurs Ciaconius in vi de l'attentat. Mais le faint archevêque de Milan ne l'eut pas plûtôt appris, qu'il en témoigna sa douleur au pape, & qu'il fit tout ce qu'il put pour arrêter les effets de cette perquifition; il demanda grace Il envoie un Giuffano ut fup. tis pontif. tom. 3. pag. 894. pour que pour les coupables, & protesta par un écrit public, fon intention n'étoit point que l'on en fit aucune poursuite; le pape admira cette generofité, & n'y eut aucun égard. L'évêque de Lodi étant arrivé à Milan, fit publier & afficher l'ordonnance de fa fainteté, par laquelle on enjoignoit, fous peine d'encourir les cenfures ecclefiaftiques les plus rigoureuses, à tous ceux qui fçauroient quelque chofe de l'attentat commis contre le cardinal Borromée, de le venir inceffamment déclarer. Cette démarche eut fon effet : deux prévôts de l'ordre des Humiliez, dont l'un étoit complice de l'affaffinat, & l'autre en avoit feulement oüi parler, vinrent fe présenter au nonce qui reçut d'abord leur dépofition. Mais comme elle ne s'expliquoit prefque point, & qu'ils ne fe déclaroient point coupables, il les interrogea, & s'apperçevant, qu'ils varioient dans leurs réponses, & qu'ils fe contredifoient même, il jugea qu'ils étoient coupables, & les fit mettre en prison. L'aveu des prifonniers confirma la verité de fon jugement; ils confefferent leur crime, & nommerent quelques complices & entr'autres celui qui avoit tiré fur le cardinal; c'étoit un nommé Farina, qui depuis ce coup, s'étoit retiré dans les états du duc de Savoïe, où il portoit les armes comme fimple foldat. Comme il n'étoit point averti de ce qui se passoit à Milan, il ne fongea point à prendre la fuite; on envoïa pour fe faifir de lui, & il fut amené à Milan. Le faint cardinal fenfible à ces poursuites, & touché de compaffion pour les coupables, écrivit au fieur Ormanette à Rome, pour le prier d'en gager le pape à ufer de clémence, & à accorder A N. 1570. la vie aux criminels. Mais nulles prieres, nulles Giusfano loco fup. raifons ne purent jamais fléchir le pape. Trois de citate. ces malheureux, après avoir été dégradez, fuivant Après cette exécution, le faint cardinal fit une feconde vifite dans les trois vallées de fon diocéfe qui étoient fous la domination des Suiffes, afin de recueillir les fruits de la premiere. Cette vifite achevée, il avança dans le païs au-delà des montagnes d'Allemagne, fous prétexte d'aller voir sa fœur la comteffe Hortenfia qui réfidoit dans le château d'Altaëms, quoique fa veritable intention fût A N. 1570. de conferer avec les Suiffes fur plufieurs affaires importantes concernant la religion & le rétablissement de la difcipline dans les trois vallées de fon diocéfe. Il vifita tous les cantons catholiques les uns après les autres, & il s'y fit beaucoup eftimer il réforma le clergé du païs qui vivoit dans une grande licence, & plufieurs monafteres dans lefquels il ne reftoit prefque plus aucun veftige des obfervances religieufes. Le défordre y étoit venu à un tel point, que les moines fe faifoient fervir par des femmes jufques dans leurs cellules, & que la plupart des convents étoient des hôtelleries, où l'on commettoit beaucoup de diffolutions. Il se comporta avec tant de douceur & de fageffe, qu'il se fit aimer des religieux, des prêtres féculiers & des feigneurs laïques qui le regardoient comme leur pere; tous le prierent d'ordonner tout ce qu'il jugeroit de plus convenable pour le bon ordre, & lui promirent de s'y foumettre; fes ordonnances furent reçues avec joïe, & exécutées fans délai. Il établit aufli tout ce qui concernoit la juridisdiction ecclefiaftique & le bon gouvernement dans les trois vallées qui dépendoient de lui pour le fpirituel. Cependant le pape n'étant pas encore fatisfait du châtiment qu'on avoit fait fubir à ceux qui avoient confpiré contre la vie du faint cardinal, prenoit des mefures pour abolir l'ordre entier des freres Humiliez, quelques obftacles qu'il s'attendît d'y trouver du côté de l'Efpagne. Il assembla auparavant le college des cardinaux, pour ne point XXXVII. pape de détruire Réfolution du liez. des Humi Giuffano loco fup. lib. 2. c. 27. faire de fauffe démarche dans une affaire fi imporAN. 1570. tante; & leur demanda leur avis; mais ce def XXXVIII. Le faint Pere abo ordre. prà c. 27. pontific. tom. 3. pag. 894. 2. conftit. 119. Pii V. fol. 168. fein ne fut pas plutôt connu à Milan, qu'on eut recours à faint Charles, pour le prier de détourner le coup, & il fut résolu, en fuivant fon avis, qu'on envoïeroit à Rome le géneral, qui promettroit au pape d'accepter telle réforme qu'il lui plairoit, & que la ville en écriroit elle-même au faint pere; que fes lettres feroient accompagnées de celles du faint archevêque, & que l'on affureroit le pape que ces religieux étoient prêts d'accepter la réforme fans aucune contradiction. Le géneral étant arrivé à Rome, fe profterlit entierement cet na aux pieds de Pie V. & en répandant beaucoup de larmes, il lui préfenta les lettres du cardinal & Giuffano ubi fu- celles de la ville, le fupplia d'ufer de clémence Ciaconius in vitis a à l'égard de fon ordre, & lui fit efperer un changement réel & conftant pour l'avenir; mais Pie V. De Thou hist. lib. fut inflexible; il lui répondit, que l'énormité de 50. in Bullar, to: la faute que fon ordre avoit commife, & le peu d'efperance qu'il avoit de la converfion des religieux, ne lui permettoient pas d'agir avec indulgence, & que leur destruction étoit réfoluë. Ainfi ferme dans fon projet, après avoir beaucoup loüé la grande charité du cardinal & la pieté des Milanois, il affembla fon confiftoire, & de fon autorité apoftolique il fupprima l'ordre des Humiliez; cet ordre qui avoit autrefois quatre-vingtquatorze monafteres, n'avoit plus en tout que cent foixante-quatorze religieux, parce qu'il y avoit plufieurs prévôtés où le prévôt étoit feul joüiffant de tous les revenus. Cette fuppreffion fut faite par |