13. fort estimé du sacré college, qu'on parla de le faiAN. 1570. re fucceder à Pie IV. dans le conclave où Pie V. fut élû, & auquel il affifta : ce fut fous le Pontificat de ce dernier pape, qu'il mourut à Rome un lundi de Mars 1570. âgé de foixante-cinq ans. Son corps qu'on dépofa dans l'église de faint Jacques des Efpagnols, fut enfuite transporté à Venife & inhumé chez les Cordeliers: on a de lui plufieurs lettres, des difcours latins & italiens, & un traité du genre fublime dans le difcours. Il fonda à Padoue un college avec douze places pour douze jeunes nobles Venitiens, aufquels on devoit donner tous les ans foixante ducats pour leur entretien. XLIII. Mort du cardinal Cicada. Ciacon, ut fup. tom. 3. pag. 779. elog. clarorum Li gurum. Aubery bift, des cardinaux. Le troifiéme fut Jean-Baptifte Cicada, Genois, né le 27. de Mai 1510. neveu d'Edouard évêque de Sagon dans l'ifle de Corfe, dont l'évêché ruiné par les Pirates a été transferé à Calvi. Cicada après avoir achevé le cours de fes études, & s'être perfectionné dans la fcience du droit civil & canonique, vint à Rome fous Paul III. qui le fit d'abord réferendaire des deux fignatures; enfuite en 1539. Pierre-Paul Parifio aïant été élevé au cardinalat, il fut fait procureur fifcal, puis auditeur de la chambre apoftolique, où il eut pour vicaire Hugues Buoncompagnon, qui fut depuis cardinal, & enfuite pape; par toutes ces charges, Cicada parvint à l'évêché d'Albenga aux frontieres de la Ligurie, & jouit de cette dignité depuis l'an 1544. jufqu'en 1560. Il affifta au concile de Trente; & Jules III. en 1551. le mit au nombre des cardinaux-prêtres avec le titre de faint Clement, & l'honora de la légation de la Campanie, où il eut pour vice-légat le même Buon-compagnon. Pie IV. élevé à la papauté, le nomma pour examiner les décrets du concile A N. 1570. & les faire exécuter, & le mit à la tête de l'inquifition: il fut emploïé à terminer le differend furvenu entre ce pape & l'empereur Maximilien, à l'occafion du ferment que fa fainteté vouloit exiger de ce prince; il eut l'administration de plusieurs églises; il fut évêque de Sabine, protecteur des religieux du mont Olivet, & après avoir affifté aux élections de Marcel II. Paul IV. Pie IV. & Pie V. il mourut un famedi matin 12. d'Avril, & fut inhumé dans l'église de fainte Marie du peuple. XLIV. Mort du cardi Ciacon. ibid. ut Bembo epift. lib. Le quatrième, fut François Pifani, Venitien, dit le cardinal de Venife: il étoit fils de François Aloyfe nal François PifaPifani, procurateur de faint Marc. Sur les inftan- ni. ces de Leonard Lauredano, doge de Venife, il ob- sup. tom. 3. pag. tint de Leon X. la pourpre Romaine affez jeune ; il 412, étoit auparavant protonotaire apoftolique, & de- 15. epist. 39. vint à la fin doïen des cardinaux, & fucceffivement évêque d'Albano, de Tufculum, de Porto & d'Oftie : il fut cardinal pendant cinquante-trois ans ; il administra l'église de Padouë, qu'il rétablit depuis fes fondemens, & couronna les papes Marcel II. & Paul IV. Il n'abandonna point Clement VII. lorfque la ville de Rome fut prife par les imperiaux en 1527. il s'enferma avec lui dans le château S. Ange, jufqu'à ce qu'on en vint à une compofition. Pifani fut un des ôtages; on le conduifit à Naples, où il demeura dix-huit mois enfermé dans la citadelle: il fit préfent de quatre mille ducats à la république de Venife, quand les Turcs lui eurent déclaré la guerre. Il fut auffi archevêque de Narbonne, com me on le voit par les actes d'un concile provincia AN. 1570. tenu en cette ville au mois de Décembre 1551. & auquel préfidoit Alexandre Zerbinette fon grandvicaire il mourut à Rome le 29. de Juin 1570. four corps fut porté dans l'églife de faint Marc, & inhumé proche la grande porte. XLV. tom. 3. pag. 949. in hift. Venet. cardinaux. Le cinquième enfin, étoit neveu du précedent nal Louis Pifani. Louis Pisani, aussi Venitien, & évêque de Padouë Ciacon. ut fup. par la démiffion de fon oncle en 1548. Il gouverna Franc. Sanjovinus cette églife tant qu'il vécut avec beaucoup de fagef Aubery hift. des fe & de prudence. Pie IV. le fit clerc de la chambre apoftolique, enfuite président, & à la recommandation du cardinal fon oncle, qui étoit alors doïen du facré college, il fut créé, quoiqu'abfent, cardinal du titre de faint Vital, dans la promotion de l'année 1565. Comme il portoit le même nom que fon oncle, pour le diftinguer, on le nomma le cardinal de Padouë, parce qu'il en étoit évêque : il assista au conclave pour l'élection de Pie V. sous le pontificat duquel il mourut à Venise le 31. de Mai 1570. n'aïant que quarante-cinq ans : fon corps fut inhumé dans l'églife de Nôtre-Dame de graces, devant le maître autel. XLVI. Mort des freres Jean du Tillet. De Thou hift. Ab. 47 pag. 664. versùs finem. On compte auffi quelques auteurs ecclefiaftiques morts dans cette même année; entr'autres les deux freres Jean du Tillet, originaires d'Angoulême, tous deux nommez Jean, & tous deux morts dans San- Marth. in la même année; l'aîné le 2. d'Octobre, & le cadet Poßevin in ap le 18. de Novembre 1570. L'aîné fut greffier en Dupin biblioth. chef du parlement de Paris: charge qui a été fiaft. tom. 16. in pendant longtems comme héréditaire dans fa fa40, pag. 102. & mille. Il avoit fait de grandes recherches fur l'hif elog. lib. 2. parat. biblioth. des auteurs eccle 103. toire de France; mais il s'eft rendu furtout illuftre par les memoires qu'il a donné fur les libertez de A N. 1570. l'église Gallicane, qui ont été imprimez à Paris en 1594. L'autre frere auffi nommé Jean du Tillet, cadet du premier, prit le parti ecclefiaftique, & fut d'abord nommé à l'évêché de faint Brieux en Bretagne par Henri II. en 1553. mais en 1567. il fut transferé à celui de Meaux : quoiqu'ils euffent eu l'un & l'autre dans leur jeuneffe Calvin pour précepteur, ils vêcurent tous deux très-bons catholiques. L'évêque a même compofé plufieurs ouvrages contre les miniftres de la prétendue réforme; les principaux sont, un traité de la religion Chrétienne, imprimé en 1559. une réponse aux miniftres de la nouvelle églife, imprimé en latin en 1564. & en François en 1565. un avis aux gentilshommes féduits, imprimé en 1567. un traité fur le fymbole des Apôtres, des douze articles de foi, Paris 1566. Il a encore donné une édition des canons des Apôtres, & de treize conciles en grec, Paris 1540. une édition de l'évangile de faint Mathieu en hebreu, avec la version latine, imprimée à Bafle en 1552. Les œuvres de Lucifer Cagliari, Paris 1568. l'exhortation à la pénitence de faint Pacien évêque de Barcelone, Paris 1558. & les livres carolins en 1549. fous le nom d'Eliphilus. Il a auffi fait une chronique des rois de France depuis Pharamond, jusqu'à la premiere année du regne de Henri II. en 15 47. qui parut d'abord en latin, & qui fut enfuite mife en françois, & continuée jufqu'en 1604. elle a été imprimée avec le recueil concernant les rois de Fran ce, & l'histoire de Paul Emile. Il y a encore un au A N. 1570. tre ouvrage de ce fçavant prélat; fçavoir les exemples des actions de quelques pontifes Romains, comparées avec celles des princes Païens, & d'autres ouvrages qui n'ont point vû le jour. Florim. de Re mond hift. de 9. p. 883. & ch. 890. cap. 4. vita Cal vini, pag. 457. Ces deux auteurs avoient encore un frere nomTherefie liv. 7.ch. mé Louis du Tillet, qui fut chanoine d'Angoulê10. pag. 889. & me, & curé de Clei en Poitou : il donna dans les In elog. Papyr, erreurs nouvelles, & ce fut à sa priere que Calvin Mallon, addit. ad qui avoit été auffi fon précepteur, compofa de courtes exhortations, que ce curé lifoit dans les prônes qu'il faifoit à ses paroissiens, afin d'accoûtumer peu à peu fon peuple fon peuple à fe former au langage des héretiques. Cette infidelité dans son miniftere, le conduisit à l'apostasie ; il se retira avec Calvin, & s'en alla en Allemagne : mais l'évêque de Meaux son frere sensible à fes égaremens, alla l'y trouver, & lui pafla avec tant de zéle, qu'il le toucha & le ramena en France. Il y mourut dans le fein de l'églife Catholique; depuis fon retour à la religion de fes peres, Calvin en parla toujours avec aigreur. La même année 1570. on perdit Jean le Mercier, d'une bonne famille d'Ufés: il s'étoit d'abord appliqué à l'étude du droit, où il avoit fait de grands progrès; mais dégoûté enfuite de cette étude, il embraffa celle de l'écriture fainte, & y devint très-habile : il fçavoit les langues fçavantes, le grec, l'hebreu, le caldéen & le latin. Après la mort de Vatable ou Watblé, on lui donna la chaire de profeffeur roïal en langue hébraique à Paris, que ce fçavant avoit remplie avec tant de distinction, c'étoit en 1546. Aïant quitté cette place, il alla à |