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Venise pour y conferer avec les Juifs, & à fon re- tour il mourut à Ufés en 1570. Il a beaucoup écrit A N. 1570. fur l'écriture fainte, & l'on a imprimé de lui un commentaire fur la Genefe in folio en 1598. des notes fur le livre de Ruth en firiaque en 1564. des commentaires fur Job en 1573. d'autres fur les proverbes de Salomon, l'ecclefiafte, & le cantique des cantiques, avec une harmonie fur ces deux derniers livres, en 1573. des commentaires fur Ofée, Joël, Amos, Abdias & Jonas in folio, outre plufieurs autres ouvrages, tant fur le droit que fur d'autres matieres : il étoit pere de Jofias le Mercier, qui s'est aussi beaucoup distingué dans la république des lettres.

XLVIII Mort de Jean Brentius, Luthe

De Thou, hift. lib. 47. in fin.

l.

Sander hares. 205.

Fior. de Remond.

2. c. 14. n. 4.

Onuph. chron. an.

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in vita jurifconf.

Il ne faut pas omettre un célébre Protestant qui mourut auffi dans cette année; c'eft Jean Brentius ou Brentzaën, dont nous avons déja eu occafion rien. de parler : c'étoit un des plus fideles difciples de Luther. Il naquit à Wil, petit bourg de Soüabe. Bucer & Melanchton l'emmenerent à l'âge de quatorze ans à Heidelberg, ou quatre ans après il prit le degré de maître-ès-arts: comme il paffoit une Mellier Adam grande partie des nuits à l'étude, il contracta beau- germ. coup d'infirmitez qui lui ôterent le fommeil prefque jufqu'à fa mort, qui arriva néanmoins dans un âge affez avancé, le 10. de Septembre 1570. aïant foixante & douze ans ; il fe fit une grande réputation dans les colleges, par la difpute, & par l'étude affiduë qu'il fit de l'écriture fainte, pour laquelle il avoit un goût & un attrait fingulier. Sa profonde érudition & les recommandations de fes amis lui aïant procuré un canonicat à Vittemberg,

il fe fit ordonner prêtre, & en exerça fouvent les AN. 1570. fonctions; mais la lecture fréquente des livres de Luther, & la trop grande liaison qu'il eut avec cet heréfiarque, lui firent bien-tôt changer de sentiment : il embrassa ouvertement sa doctrine, quoiqu'il ne difcontinuât pas de célébrer la meffe, qu'il prétendoit n'offrir que pour les vivans, & nullement pour les morts. Contre Zuingle & fes fectateurs, il foutenoit vivement la présence réelle de Jefus-Chrift dans l'euchariftie, & fe trouva aux affemblées de Vorms & de Ratisbonne, où il difputa avec beaucoup de chaleur : il devint profeffeur de théologie à Tubinge, & il y époufa une jeune veuve dont il eut fix enfans.

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Brentius eut part à toutes les affaires de fon tems, dont la religion étoit, ou le motif, ou le prétexte & il fut comme chef de parti après la mort de Luther: mais aïant été acccufé d'avoir eu beaucoup

de
part à la guerre d'Allemagne, qui fe fit en 1546.
il courut fouvent rifque de perdre la vie. Charles V.
réfolut de le faire arrêter & punir, fur ce qu'après
la prife de Hall en Soüabe en 1549. on trouva dans
le cabinet de cet héretique beaucoup de lettres &
d'écrits, qui ne tendoient qu'à la fédition & à la
révolte. Brentius ne fe tira d'affaire que par la pro-
tection & le crédit d'Ulric, duc de Vittemberg.
Christophle, fils de ce duc, prit encore plus vive-
ment ses interêts : il le combla de biens, & l'hono-
ra de la charge de fon confeiller ordinaire. Vers l'an
1550. Brentius devenu veuf, fe remaria avec Ca-
therine Iffemmane, dont il eut douze enfans: il
compofa deux ou trois confeffions de foi, & fut ap-

pellé

Variations, to. 1.

pellé dans plusieurs colloques, où il s'agissoit de réünir les Lutheriens avec les Sacramentaires. Il fut A N. 1570. auffi invité à la conference de Vorms, tenuë en Bout hit. des 1557. pour y condamner quatre fortes d'erreurs; b. 8. art. 31. P. 1. celle des Zuingliens; 2. celle d'Ofiander sur la 478. justification ; 3. la propofition qui affure que les bonnes œuvres font néceffaires au falut; 4. l'erreur de ceux qui avoient reçû les cérémonies indifferentes;article qui regardoit nommément Melanchton, avec lequel Brentius étoit uni; ce dernier parut favorable à Ofiander.

Nous avons les ouvrages de ce théologien Protestant, en huit volumes, dans lefquels on voit qu'il rencherit fur les dogmes & fur les fentimens de Luther, dans la doctrine de l'eucharistie & de la juftification; il enfeignoit que le baptême n'effaçoit point toute forte de crimes, puifque la concupifcence, qu'il nommoit un peché, reftoit toujours. Il foutenoit aufli que l'évangile n'étoit pas une loi, mais une nouvelle agréable: il inventa encore une nouvelle maniere d'expliquer la préfence réelle du corps de Jesus-Christ dans l'eucharistie, en disant, que depuis l'ascension le Fils de Dieu étoit par tout, c'eft-à-dire, qu'il donnoit dans le fentiment de l'ubiquité, que Weftphale, Jacques-André Schmidelin, David Chytrée, & quelques autres établissoient de toutes leurs forces contre Melanchton, qui regardoit cette doctrine avec horreur, parce qu'elle confondoit les deux natures de Jefus-Chrift, le faifant immense, non-feulement felon fa divinité, mais encore felon fon humanité, & même felon fon corps ; & de plus, parce qu'elle détruifoit le mistere

de l'eucharistie, à qui l'on ôtoit tout ce qu'il y avoit A N. 1570. de particulier, fi Jefus-Christ, comme homme, n'y étoit préfent, que de la même maniere qu'il l'est dans le bois & dans la pierre.

XLIX.

Stator.

In biblioth. Ar

On rapporte auffi vers le même temps, la mort Mort de Pierre de Pierre Stator. Il étoit de Thionville au-deffous de Mets, & fort zelé pour les nouveautez en matitrinit.pag. 47. tiere de religion : mais il se déclara particulierement pour Theodore de Beze & Calvin, qu'il eut pour maîtres. Les nouveaux Ariens lui déplûrent, & il fe déclara contr'eux : cette hardieffe lui attira des affaires : il en prévit les fuites, & pour les éviter, il fe retira en Pologne en 1559. Muni des livres, & l'efprit occupé des opinions de Servet, il y fit affez de bruit pour fe diftinguer des autres Sectaires, & pour s'y concilier des amis, qui lui procurerent le rectorat du college de Pinczow, dans lequel il fucceda à Orfacius. Pour fe faire quelque réputation, il compofa des ouvrages qui ne tendoient Lubinieski in beft. qu'à ruiner la foi de la divinité du faint-Efprit : il fe eform. ecclef. défendit cependant dans la fuite d'avoir enfeigné cette hérefie. Mais les hiftoriens Sociniens, prétendent que c'est l'amour du fiécle, ou la crainte de se mettre mal avec fes amis, ou de perdre fes penfions, ou de s'attirer des affaires, ou peut-être toutes ces raisons ensemble, qui l'ont engagé à parler autrement qu'il pensoit. En effet, dans un fynode tenu en 1567. les parties difputant fort pour & contre la divinité du faint-Efprit, auffi-bien que contre celle de Jesus-Chrift; Stator craignant qu'on ne lui ôtât les moïens de fubfifter, prit le parti de ceux qui étoient pour la divinité, & nia haute

Polon.

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ment, qu'il eût jamais eu des fentimens contraires. Alexis Radecius lui foutint, que dans le tems qu'il A N. 1.570. étudioit à Pinczow, il avoit appris de lui-même, que le faint-Esprit n'étoit pas Dieu; & Stator nia avec la même hardieffe, qu'il lui eût jamais donné de pareilles leçons, & repeta que le faint-Esprit étoit Dieu, & un Dieu qu'il falloit adorer, & que tous ceux qui croïoient le contraire, étoient les enfans du démon : c'eft au fujet de ces variations, que Budzinius lui reproche, qu'il étoit le Prothée de fon fiécle.

Au reste, on ne peut difconvenir qu'il n'eût beaucoup d'efprit, qu'il ne fût fçavant, & qu'il n'eût une grande facilité de parler élegamment en latin & en Polonois, auflì-bien qu'en François : il nous a laiffé quelques livres fort contraires à la foi de l'églife fur la Trinité. A peine fut-il entré dans le rectorat du college de Pinczow, qu'il écrivit contre Stancar : fon livre fut imprimé à Pinczow en 1560. & a pour titre; Livre contre le dogme de François Stancar. Prateolus ou du Préau, dit que Staphilus aïant lu cet ouvrage, accusa auffi-tôt l'auteur d'hérefie: il fit le 29. Janvier de la même année, l'oraifon funébre de Jean à Laska; l'on a encore de lui, une lettre à Remi Chelmius, datée du 30. Janvier 1561. qui eft une réponse faite par ordre du fynode de Pinczow, fur la queftion: fi l'on doit invoquer le faint-Efprit; une grammaire Polonoise; la bible traduite en langue Polonoise par les Pinczowiens, imprimée en 1563. par les foins, & aux dépens du prince Nicolas Radzivil, Palatin de Vilna, & à laquelle plufieurs fçavans avoient travaillé avec Stator.

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