Imágenes de páginas
PDF
EPUB

vent entendu dire qu'il souhaitoit de mourir sur la cendre & dans le cilice, en prit un des fiens qu'il A N. 1584. couvrit de cendres, & l'en revêtit. Il rendit alors fon ame au Seigneur un famedi troifiéme jour de Novembre, entre neuf & dix heures du soir, âgé de quarante-fix ans & un mois, après vingt-quatre ans & près de trois mois d'épifcopat.

[ocr errors]

Dès qu'il fut mort, on le revêtit de ses habits pontificaux, & on le porta dans la chapelle de l'archevêché, où tout le refte de la nuit fes domeftiques le veillerent en recitant des pfeaumes: il y demeura trois jours, durant lefquels tous les chapitres de la ville vinrent fucceffivement lui rendre leurs devoirs. Pendant ce tems-là, on ouvrit fon teftament qu'il avoit fait le 9. de Septembre de l'année 1576. dans le tems que la pefte ravageoit fon diocéfe : il y ordonnoit qu'il feroit enterré dans fon église cathedrale fous les premiers degrez du grand autel, avec cette épitaphe en latin. « Charles, car- «< dinal du titre de fainte Praxede, archevêque de Milan, a choisi pendant fa vie ce lieu pour sa fépulture, fouhaitant que le clergé, le peuple & le dévot sexe féminin, fe reffouviennent de lui dans « leurs fréquentes prieres. » Il ordonna, de plus, qu'il n'y auroit que fix cierges allumez au tour de fon cercuëil, qu'auffi-tôt après la mort on feroit trois services, & qu'on diroit mille meffes pour le repos de fon ame'; que tous les ans à perpetuité, on célebreroit une meffe folemnelle des morts pour lui le jour de fon décès, à moins qu'il n'arrivât le troifiéme de Novembre, jour auquel on fait dans la cathedrale un service pour tous les archevêques de Milan dé

[ocr errors]
[ocr errors]

сс

[merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors]

funts, & qu'en ce cas, on la diroit le jour suivant. AN. 1584. Il faifoit les pauvres du grand hôpital fes légataires univerfels, mais ce qu'il avoit retenu de fon patrimoine, & dont il ne pouvoit pas difpofer, retourna à ses parens, excepté quelques pensions qu'il y attacha pour fes domestiques. Il laiffa aux chanoines toute la bibliotéque, qui étoit confidérable, & tous fes écrits reliez en plufieurs volumes à Jean-François Bonhomme, évêque de Verceil; enfin, quelques meubles, & fes tableaux à plufieurs de fes amis, comme un gage de fon fouvenir.

CXXIII. Ses funerailles.

Giuffano & Cia

citato.

Ses funerailles fe firent le mercredi matin, avec toute la pompe qui étoit dûë à fa qualité & à fa piéconius loco fup. té, elles furent honorées de tous les ordres ecclefiaftiques, & de tout ce qu'il y avoit de plus grand dans le païs : ce fut le cardinal Nicolas Sfondrate, évêque de Cremone, qui fut depuis pape fous le nom de Gregoire XIV. qui en fit la cérémonie, les évêques d'Alexandrie de la Paille, de Vigevano & de Caltro s'y trouverent, avec tous les chapitres de la ville & tous les religieux ; les confrairies, les écoles chrétiennes & les colleges, les comtes Borromée & d'Altems, le gouverneur, le fénat, les magiftrats, les docteurs de l'univerfité, & la noblesse de la ville, les chanoines les plus confidérables de la cathedrale, porterent le corps jufqu'à l'églife, où il fallut mettre des gardes pour arrêter la foule du peuple, & François Panigarole, évêque d'Afti, fit l'oraison funebre. L'office étant fini, on laiffa le corps découvert pendant quelques heures pour fatisfaire la dévotion du peuple, & on le dépofa enfuite dans la chapelle de Medicis, avec l'épitaphe dont on a par

chap. 19.

lé. Comme il n'avoit jamais voulu fouffrir de fon vivant qu'on le tirât, on le fit immédiatement après A N. 1584. fa mort, & chacun voulut avoir fon portrait, les Giano, liv. 7. rois même le mirent dans leur cabinet. Peu de tems après, on commença à venir de fort loin en pélerinage à fon tombeau, pour y obtenir des graces du ciel par fon interceffion, & ce concours parut fi bien fondé, que dans l'année même qu'il mourut, plufieurs perfonnes de piété célebrerent le jour de fa fête, comme celles des autres faints, l'invoquerent dans leurs prieres particulieres, & mirent fon nom dans les litanies.

CXXIV. Ouvrages de S.

Ciacon. in vita cardinal. tom. 3. pag. 899. in biblioth. quam

in

Poffevinus tam apparatu sacro. liv. 8. chap. 29.

Gruffano ut fup. ·

On a beaucoup d'ouvrages de ce faint cardinal. On voit dans la bibliotéque du faint fépulcre à Mi- Charles. lan, trente & un volumes de fes lettres à des rois ou des princes, & à d'autres : outre ces lettres, il a laiffé un grand nombre de traitez fur le fymbole, fur le décalogue, les facremens, l'oraison dominicale, la paffion de Jefus-Chrift, & chacun de fes misteres, les fêtes des faints, les évangiles de l'année, & les épîtres de faint Paul. De plus, les actes de fes fix conciles, que le cardinal Frederic Borromée, son neveu, fit imprimer en 1599. un traité de la confeffion facramentelle; un fermon du jubilé, & des fruits qu'on en doit tirer; des inftructions aux prédicateurs & aux confeffeurs de fon diocéfe ; deux livres d'inftructions fur la fabrique des églises; de la maniere de vifiter le tombeau de faint Pierre à Rome; un traité du foin des peftiferez. Giuffano, auteur de fa vie, fait encore mention d'un ouvrage intitulé: Sylva Paftoralis, qui eft un recueil fait avec beaucoup d'étude & de travail, des plus beaux

endroits de l'écriture fainte & des faints peres, pour AN. 1584. l'usage des pasteurs : & l'on a encore fes onze fynodes qui contiennent tous les reglemens néceffaires pour le gouvernement d'un diocése.

CXXV. Auteurs qui ont

faint.

Sa vie a été écrite par divers auteurs; entr'autres, écrit la vie de ce par Charles Bafcapé, géneral de la congrégation des clercs réguliers de S. Paul, ou Barnabites, puis évêque de Novarre. Il avoit été difciple, prêtre & domestique de S. Charles, & emploïé par lui dans des négociations importantes. Dès les premieres années qu'il avoit été auprès de lui, il avoit commencé à recueillir tout ce qu'il entendoit dire, & ce qu'il voïoit faire au saint : & quand il eut entrepris d'écrire fa vie, il confulta les parens & les amis du prélat, qui pouvoient l'éclaircir fur beaucoup de faits. Cette hiftoire eft en latin, de même que celle qui a été écrite par Augustin Valerio cardinal, évêque de Verone, qui avoit auffi été des disciples & des amis de faint Charles. Jean-Baptifte Giuffano de la congrégation des Oblats de faint Ambroise établis par ce faint cardinal, & qui fut auffi quelque tems du nombre de fes domeftiques, a écrit pareillement fon histoire, elle est en Italien, & très-circonftanciée.

CXXVI.

François Com

mendon.

lib. 80. in fine.

Le cardinal François Commendon, Venitien, Mort du cardinal dont on a plufieurs fois parlé dans cette histoire, mourut plufieurs femaines après faint Charles le 25. De Thom hift. de Décembre de la même année 1584. dans la foixantiéme année de fon âge. Il avoit assisté à la mesfe avec beaucoup de piété, & il alloit se mettre à table, lorfque tout d'un coup il fentit une grande foiblesse, & tomba. On le porta fur fon lit, où il de

Ciacon. in vit.

pontif. & cardin. 80. 3. pag. 968.

meura le refte du jour, & la nuit fuivante dans de violentes agitations, au milieu defquelles il mourut. A N. 1584. Son corps fut porté fans aucune pompe dans l'églife des peres Capucins de Padoue, comme il l'avoit ordonné par fon teftament. Antoine-Marin Gratiani, évêque d'Amelia, fon fécretaire, & qui l'avoit accompagné dans tous les voïages, compofa en latin l'hiftoire de fa vie.

cxxvII. Mort de Gentien

CXXVII.

des

De Thou lib. 80.
Dupin biblioth.

ant. ecclefiaft. feiziéme pécle to.

5. in-8. pag. 446. Poffevin in apa par. Sacro.

Le Mire de fcripti

Le 12. de Septembre précedent, mourut le célebre Gentien Hervet, né au commencement du feiziéme fiécle à Olivet, bourg près d'Orleans. Après s'être rendu habile dans les langues grecque & latine, il fut d'abord chargé de conduire dans fes études Claude de l'Aubespine, qui fut fécretaire d'état fous quatre rois. Lorfqu'il eut quitté fon difciple, il s'attacha à Edoüard Lupfet, Anglois, & il le fuivit faculi xv1. en Angleterre. La comteffe de Salisbery l'y chargea de l'éducation d'Artus Polus fon fils, frere du cardinal de ce nom, qui l'appella dans la suite à Rome pour l'y emploïer à traduire en latin plusieurs auteurs grecs. Pendant le féjour qu'Herver fit dans cette ville, il demeura dans la maison de ce cardinal, qui étoit une école de science & de vertu, & fon fçavoir, joint à la douceur de fa conversation, lui acquit l'amitié de ce prélat, & des plus grands hommes de l'Italie. De retour en France, il s'arrêta à Bourdeaux, où il fit des leçons publiques dans le college, qui paffoit alors pour un des plus célebres du roïaume. Le féjour d'Italie lui plaisant davantage, il y retourna, & s'attacha au cardinal Marcel Cervin, qui l'emploïa à traduire plusieurs ouvrages des peres Grecs, & quelques autres.

« AnteriorContinuar »