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vetiques, c'est-à-dire des Zuingliens. On y produisoit
tout entier l'article de la confeffion Saxonique, fur A N. 1571.
la céne que Melanchton avoit dreffée en 1551.
pour être portée à Trente: on y difoit, entr'autres
chofes, que Jefus-Christ est vraïement & fubftan-
tiellement préfent dans la communion, & qu'on le
donne vraïement à ceux qui reçoivent le facrement
de fon corps
& de fon fang. Que la préfence fub-
ftantielle de Jefus-Chrift n'eft pas feulement figni-
fiée, mais vraïement effectuée, les fignes n'étant
pas nuds, mais joints à la chofe même, fuivant la
nature des facremens : cette confession passa, mais
l'union n'eut son effet qu'en Pologne.

Les Zuingliens de la Suiffe demeurerent fermes
à rejetter les équivoques, & l'on vit dès-lors une
partie des Calviniftes de France imiter leur exem-
ple. Plufieurs foutenoient ouvertement qu'il falloit
rejetter le mot de substance, & changer l'article
36. de la confeffion de foi qu'ils avoient préfentée
au roi Charles IX. où il s'agiffoit de la céne. Ce
parti ne fut pas pris par des particuliers seulement,
mais auffi par les églifes de l'ifle de France & de Brie,
par celles de Paris & de Meaux, & leurs voisines. Dix
ans auparavant, elles avoient foutenu le contraire,
comme étant la pure parole de Dieu : mais c'est le
propre de l'erreur de varier dans fa doctrine. Ce
changement allarma ceux qui tenoient encore pour
la premiere confeffion de foi, & le fynode de la
Rochelle qui fut tenu dans cette année, réfolut de
condamner ces réformateurs de la réforme. Theo-

LXIX. Synode des Cal

viniftes à la Ro

chelle.

Benoit, hift. de

rédit de Nantes,

tom. 1. pag. 4. Poffuet at fup. lib. 12. art. 1.

furv.

dore de Beze vint exprès de Genève pour y préfi-
der ; la reine de Navarre s'y trouva avec les princese Then, hift.

& l'amiral de Coligny. Les députez de l'isle de France AN. 1571. & de Berri, parlans conformément au nouveau parti qu'ils avoient pris, demanderent que

Spond. hoc an.

l'on ex

22.33.

nation. tom. I. in

49. pag. 98.

fuiv.

pas rece

Aymon fynodes pliquât ce qui étoit dit dans le trente-fixiéme article en question, de la participation à la fubftance de Jesus-Christ en la cène. Mais après une assez longue conférence le fynode approuva cet article, & rejetta l'opinion de ceux qui ne vouloient voir le mot de substance, par lequel mot‚ale synode dit, qu'il n'entendoit aucune conjonction, ni mélange, ni changement, ni tranfmutation de quoique ce foit d'une façon charnelle & groffiere, qui ait du rapport à la matiere des corps; mais une conjonction vraïe, très-étroite & d'une façon fpirituelle, par laquelle Jefus-Chrift lui-même eft tellement fait nôtre, & nous fiens, qu'il n'y a aucune conjonction de corps, ni naturelle, ni artificielle, qui foit fi étroite. Laquelle néanmoins, continue le fynode, n'aboutit point à faire, que fa substance ou fa perfonne jointe avec nos perfonnes, en compofe quelque troifiéme ; mais feulement à faire que fa vertu, & ce qui eft en lui de falutaire pour les hommes, nous foit par ce moïen plus étroitement donné & communiqué : c'eft pourquoi, conclut le fynode, nous ne fommes pas du fentiment de ceux qui difent que nous participons feulement à ses mérites, & aux dons qu'il nous communique par fon efprit, fans que lui-même foit fait nôtre : mais au contraire, nous adorons ce grand myftere furnaturel & incompréhenfible de l'operation réelle & très-efficace de Jefus-Chrift en nous.

Les Suiffes, disciples de Zuingle & les Calvinis

LXX. Plaintes des Suif

tes

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du décret de

ce de Jefus-Chrift

ann. 1571.

tes François, qui vouloient faire réformer l'article,
croïans voir leur condamnation dans cette décifion A N. 1571.
du fynode de la Rochelle, & la fraternité rompuë, fes Zuingliens, au
s'en plaignirent & en écrivirent à Beze. Ce préfi- ce fynode, con-
dent du fynode eut ordre de leur répondre que le cernant la préfent
décret ne les regardoit pas, mais feulement certains dans la Céne.
François : de forte qu'il y avoit une confeffion de Hospinian. ad
foi pour
la France, & une autre pour la Suiffe,
comme si la foi varioit felon les païs. Beze ajoutoit
pour contenter les Suiffes, que les églises de France
déteftoient la présence fubitantielle & charnelle,
avec les monftres de la tranfubftantiation & de la
consubstantiation ; en quoi il maltraitoit autant les
Lutheriens que les Catholiques, & faifoit regarder
leur doctrine comme également monstrueuse.

c'étoit

Les Suiffes ne se païerent pas de ces subtilitez :
ils virent bien qu'on les attaquoit fous le nom de
ces François. Bullinger ministre de Zurich qui fut
chargé de répondre à Beze, lui représenta vivement
effet, que
que
en effet
eux,
l'on avoit condam-
nez. Vous condamnez, répondit-il, ceux qui re-
jettent le mot de propre fubftance; & qui ne sçait
que nous fommes de ce nombre ? Ce que Beze avoit
ajouté contre la présence charnelle & substantielle
n'ôtoit pas la difficulté: Bullinger fçavoit affez que
les Catholiques auffi-bien que les Lutheriens fe plai-
gnoient qu'on leur attribuât une préfence charnel-
le, à quoi ils ne pensoient pas ; & d'ailleurs il ne
fçavoit ce que c'étoit que de recevoir en substance,
ce qui n'est pas fubftantiellement présent : ainsi ne
comprenant rien dans ces rafinemens de Beze, ni
dans sa substance unie fans être préfente, il lui ré-

Tome XXXV.

M

pondit, qu'il falloit parler nettement en matiere A N. 1571. de foi, pour ne point réduire les fimples à ne fçavoir plus que croire, d'où il conclut qu'il falloit adoucir le décret ; ce fut le feul moïen d'accommodement qu'il propofa.

Quoique l'édit de pacification donné en faveur des Calvinistes dans le mois d'Août de l'année précedente, eût dû établir la paix dans le roïaume; on voïoit néanmoins s'élever toujours de tems en tems des fujets de querelle entre les deux partis. Ce fut ce envoie des dé pour y remedier que le roi Charles IX. dès le commencement de Janvier, envoïa à la Rochelle Artus

LXXI.

Le roi de Fran

putez à la Ro

chelle.

De Thou, hift. de Coffe, maréchal de France, & Philippe Guerfui temporis lib. reau de la Proutiere, maître des requêtes, pour

so. tom. 2. pag.

754. édit Genev. entendre les plaintes des Proteftans & consulter fur

ann. 1626.

in 12. pag. 230.

Mezeray abregé quelques articles obfcurs de l'édit, afin d'en faire chronolog. tom. 5. leur rapport au roi. Ces députez y firent, comme en paffant quelques propofitions fur le mariage de Marguerite de Valois, fœur de Charles IX. avec Henri prince de Navarre ; & pour mieux gagner l'amiral de Coligny qui affiftoit à cette conférence, & qui avoit, comme on ne l'ignoroit pas, beaucoup d'éloignement de la guerre civile, que les Ef pagnols fouhaitoient; on lui fit entendre que le deffein du roi étoit de fecourir le prince d'Orange dans les Païs-Bas, & d'y porter la guerre contre le duc d'Albe. C'est ce que l'amiral fouhaitoit avec paffion, tant pour le venger de l'affront qu'il avoit reçû à faint Quentin, que pour appuïer les Proteftans & rétablir les Princes de Naffau, afin que parlà ils euffent le moïen de s'aider mutuellement.

Après qu'on eut examiné les articles contestez de

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A N. 1571.

LXXII. Plaintes des Cal

De Thou, loce

a

l'édit, & que de Coffé eut promis d'en faire fon
rapport au roi. Les Proteftans propoferent leurs
griefs; ils dirent que quelques bonnes intentions
que fa majefté eût pour eux, elle ne pouvoit néan-
moins fe refufer aux follicitations de ceux, qui après
avoir eu ce prince en leur pouvoir dès fon bas âge,
après avoir prévenu fon efprit par de fauffes opi-
nions, & l'avoir comme forcé de prendre les armes viniftes à ces dé-
contre ses sujets, joüiffoient de toute l'autorité à la putez.
cour: que ces perfonnes ne pouvant plus attaquer up.
les Proteftans à force ouverte, toutes chofes étant
rétablies par
la paix, elles ne cessoient de les atta-
quer par leurs calomnies, en irritant fans ceffe l'ef-
prit du prince, en excitant le peuple & en cher-
chant à renouveller les troubles entierement affou-.
pis. Qu'ainsi pour défendre la justice de leur cause,
& la faire voir au roi & à tous ceux qui étoient capa-
bles d'en juger, ils avoient été forcez d'en venir à
une guerre ouverte, de prendre les armes, & de
renouveller des malheurs qu'ils auroient souhaité en-
fevelir dans un éternel oubli. Qu'ils fupplioient donc
le roi de confidérer ce qui avoit été résolu dans l'en-
trevûë de Bayonne avec le duc d'Albe & les légats du
pape : que quand Philippe II. auroit envoïé des trou-
pes Espagnoles dans les Païs-Bas & en France,les en-
nemis du repos public extermineroient les Protes-
tans lorfqu'ils y penferoient le moins ; qu'on avoit
levé cela fix mille Suiffes, en apparence pour
pour
la défense de la frontiere, jufqu'à ce que le duc
d'Albe fût paffé; mais en effet, pour favorifer les
deffeins de ce duc qui avoit confeillé cette levée.
Les Proteståns ajouterent de grandes plaintes fur

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