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Spond. hoc an.

22.33.

nation. tom. I. in

fuiv.

& l'amiral de Coligny. Les députez de l'isle de France AN. 1571. & de Berri, parlans conformément au nouveau parti qu'ils avoient pris, demanderent que l'on exAymon fynodes pliquât ce qui étoit dit dans le trente-fixiéme article 49. pag. 98. en question, de la participation à la substance de Jesus-Christ en la cène. Mais après une assez longue conférence le fynode approuva cet article, & rejetta l'opinion de ceux qui ne vouloient pas recevoir le mot de fubftance, par lequel mot, le synode dit, qu'il n'entendoit aucune conjonction, ni mélange, ni changement, ni transmutation de quoique ce foit d'une façon charnelle & groffiere, qui ait du rapport à la matiere des corps; mais une conjonction vraïe, très-étroite & d'une façon fpirituelle, par laquelle Jefus-Chrift lui-même eft tellement fait nôtre, & nous fiens, qu'il n'y a aucune conjonction de corps, ni naturelle, ni artificielle, qui foit fi étroite. Laquelle néanmoins, continuë le fynode, n'aboutit point à faire, que sa substance ou fa perfonne jointe avec nos personnes, en compofe quelque troifiéme ; mais feulement à faire que fa vertu, & ce qui eft en lui de falutaire pour les hommes, nous foit par ce moïen plus étroitement donné & communiqué : c'eft pourquoi, conclut le fynode, nous ne fommes pas du fentiment de ceux qui difent que nous participons feulement à ses mérites, & aux dons qu'il nous communique par fon efprit, fans que lui-même foit fait nôtre : mais au contraire, nous adorons ce grand myftere furnaturel & incompréhensible de l'operation réelle & très-efficace de Jesus-Christ en nous.

LXX. Plaintes des Suif

Les Suiffes, difciples de Zuingle & les Calvinif

tes

:

fujet du décret de

cernant la préfent dans la Céne. Hospinian. ad

de Jefus-Chrift

ann. 1571. fol.

tes François, qui vouloient faire réformer l'article, croïans voir leur condamnation dans cette décifion A N. 1571. du fynode de la Rochelle, & la fraternité rompue, fes Zuingliens, au s'en plaignirent & en écrivirent à Beze. Ce préfi- ce fynode, condent du fynode eut ordre de leur répondre que le décret ne les regardoit pas, mais feulement certains François de forte qu'il y avoit une confeffion de foi pour la France, & une autre pour la Suiffe, 344. comme si la foi varioit felon les païs. Beze ajoutoit pour contenter les Suiffes, que les églifes de France déteftoient la préfence fubitantielle & charnelle, avec les monftres de la tranfubftantiation & de la consubstantiation; en quoi il maltraitoit autant les Lutheriens que les Catholiques, & faifoit regarder leur doctrine comme également monftrueufe.

Les Suisses ne se païerent pas de ces subtilitez : ils virent bien qu'on les attaquoit fous le nom de ces François. Bullinger miniftre de Zurich qui fut chargé de répondre à Beze, lui représenta vivement que c'étoit eux, en effet, que l'on avoit condamnez. Vous condamnez, répondit-il, ceux qui rejettent le mot de propre substance ; & qui ne sçait que nous fommes de ce nombre ? Ce que Beze avoit ajouté contre la présence charnelle & substantielle n'ôtoit pas la difficulté: Bullinger fçavoit affez que les Catholiques auffi-bien que les Lutheriens fe plaignoient qu'on leur attribuât une préfence charnelle, à quoi ils ne penfoient pas ; & d'ailleurs il ne fçavoit ce que c'étoit que de recevoir en substance, ce qui n'est pas fubftantiellement présent : ainsi ne comprenant rien dans ces rafinemens de Beze, ni dans fa substance unie fans être préfente, il lui ré

pondit, qu'il falloit parler nettement en matiere

A N. 1571. de foi, pour ne point réduire les fimples à ne fçavoir plus que croire, d'où il conclut qu'il falloit adoucir le décret ; ce fut le feul moïen d'accommodement qu'il propofa.

LXXI.

Le roi de Fran

Quoique l'édit de pacification donné en faveur des Calviniftes dans le mois d'Août de l'année précedente, eût dû établir la paix dans le roïaume; on voïoit néanmoins s'élever toujours de tems en tems des fujets de querelle entre les deux partis. Ce fut ce envoie des dé- pour y remedier que le roi Charles IX. dès le commencement de Janvier, envoïa à la Rochelle Artus De Thou, hift. de Coffé, maréchal de France, & Philippe Guerfui temporis lib. reau de la Proutiere, maître des requêtes, pour 754. édit Genev. entendre les plaintes des Proteftans & confulter fur Mezeray abregé quelques articles obfcurs de l'édit, afin d'en faire chronolog. tom. 5. leur rapport au roi. Ces députez y firent, comme

putez à la Ro

chelle.

50. tom. 2. pag.

Ann. 1626.

in 12. pag. 230.

en paffant quelques propofitions fur le mariage de Marguerite de Valois, fœur de Charles IX. avec Henri prince de Navarre ; & pour mieux gagner l'amiral de Coligny qui affiftoit à cette conférence, & qui avoit, comme on ne l'ignoroit pas, beaucoup d'éloignement de la guerre civile, que les Efpagnols fouhaitoient ; on lui fit entendre que le deffein du roi étoit de fecourir le prince d'Orange dans les Païs-Bas, & d'y porter la guerre contre le duc d'Albe. C'eft ce que l'amiral fouhaitoit avec paffion, tant pour se venger de l'affront qu'il avoit reçû à faint Quentin, que pour appuïer les Proteftans & rétablir les Princes de Naffau, afin que parlà ils euffent le moïen de s'aider mutuellement.

Après qu'on eut examiné les articles contestez de

a

A N. 1571.

Plaintes des Cal

De Thou, loco

l'édit, & que de Coffé eut promis d'en faire fon rapport au roi. Les Proteftans propoferent leurs griefs; ils dirent que quelques bonnes intentions que fa majefté eût pour eux, elle ne pouvoit néanmoins se refufer aux follicitations de ceux, qui après avoir eu ce prince en leur pouvoir dès fon bas âge, après avoir prévenu fon efprit par de fauffes opi- LXXII. nions, & l'avoir comme forcé de prendre les armes viniftes à ces décontre fes fujets, joüiffoient de toute l'autorité à la purez. cour: que ces perfonnes ne pouvant plus attaquer. les Proteftans à force ouverte, toutes chofes étant rétablies par la paix, elles ne ceffoient de les attaquer par leurs calomnies, en irritant sans cesse l'efprit du prince, en excitant le peuple & en cherchant à renouveller les troubles entierement afsoupis. Qu'ainfi pour défendre la justice de leur cause, & la faire voir au roi & à tous ceux qui étoient capables d'en juger, ils avoient été forcez d'en venir à une guerre ouverte, de prendre les armes, & de renouveller des malheurs qu'ils auroient fouhaité enfevelir dans un éternel oubli. Qu'ils fupplioient donc le roi de confidérer ce qui avoit été résolu dans l'entrevûë de Bayonne avec le duc d'Albe & les légats du pape: que quand Philippe II. auroit envoïé des troupes Espagnoles dans les Païs-Bas & en France, les ennemis du repos public extermineroient les Proteftans lorfqu'ils y penseroient le moins ; qu'on avoit levé pour cela fix mille Suiffes, en apparence pour la défense de la frontiere, jufqu'à ce que le duc d'Albe fût paffé; mais en effet, pour favorifer les deffeins de ce duc qui avoit confeillé cette levée.

Les Proteståns ajouterent de grandes plaintes sur

la conduite qu'on avoit tenue à leur égard. PourA N. 1571. quoi, dirent-ils, a-t'on violé la paix faite à Longjumeau ? pourquoi par les embûches du cardinal de Lorraine, le prince de Condé lui-même & l'amiral de Coligny ont-ils prefque été furpris à Noyers, où ils s'étoient retirez pour y vivre en repos ? pourquoi a-t'on arrêté fon fécretaire, que ce prince envoïoit au roi pour se plaindre des infultes qu'on lui avoit faites, & à lui & aux fiens pourquoi le même prince s'étant retiré à Cofne fur Loire avec Coligny, écrivit-on de la part du roi aux gouverneurs des Provinces, aufquels on commandoit de poursuivre le prince de Condé & fes adherans comme criminess de léze-majesté ? Ils dirent encore, qu'il étoit conftant, qu'avant que l'on eût pris les armes, les ennemis du roïaume avoient déja concerté cette manœuvre conformément à un bref du pape du mois de Juillet, qui permettoit au roi d'aliéner pour cinquante mille écus de rente des biens ecclefiaftiques, pour fervir aux frais de cette guerre : que puifque ces mêmes ennemis avoient confeillé au roi d'ôter aux Proteftans par fon édit du mois de Septembre la liberté de conscience, & les affemblées pour la religion, il étoit évident, qu'ils vouloient ôter toute efperance d'accommodement, afin de pouvoir entretenir dans le roïaume une guerre que le défefpoir rendroit perpetuelle, ou qui ne pourroit finir que par la perte de l'un des partis.

Enfin ils représenterent que c'étoit injustement, qu'on privoit la reine de Navarre de la joüiffance de Leictoure, capitale de la principauté d'Armagnac qui lui appartenoit, & qu'on ôtoit aux Proteftans

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