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AN. 1156.

Marca, Con

18. n. ult.

Add. Baluz.

ibid.

C'étoit un ancien abus, & fouvent condamné, comme nous avons vu, par les conciles des Gaules; & dans cord. L. VIII. c. la même province, Raimon, comte de Barcelonne, y avoit déja renoncé par une charte de l'année 1150, où il difoit: Etant prêt à faire le voyage d'Almérie, j'ai promis à Dieu, entre les mains de l'archevêque de Tarragone & des évêques de Barcelonne, de Girone & d'Aufone, qui étoient préfens, d'abolir la déteftable coutume qui avoit lieu dans les églifes cathédrales de mes états: fçavoir qu'à la mort des évêques, les baillifs & les vicomtes de mon pere, & de mes prédéceffeurs, pilloient & enlevoient les biens des prélats, c'est-à-dire, ce qu'ils trouvoient dans leurs palais, leurs châteaux & leurs terres: ce que je reconnois être contraire aux loix divines & humaines. C'est pourquoi j'y renonce en la meilleure forme qu'il fe peut, voulant que tout ce qui fe trouvera dans les maisons & les autres lieux dépendans de l'évêché, foit entierement réservé à l'évêque futur. A cet exemple, Ermengarde, vicomteffe de Narbonne, fit une pareille renonciation en faveur de l'archevêque, par acte donné à Montpellier le 15 Janvier 1155, fous le roi Louis qui revenoit de faint Jacques. J'entens fuivant Ep. 41. l'ancien style de l'année 1156, avant Pâque. Et c'est cette renonciation que le pape Adrien confirma par fa bulle adreffée à Berenger, archevêque de Narbonne, & datée du neuviéme de Décembre, à Rome.

V. Pagi, an. 1155. n. 10. Roder. VIII. bist. c. 9.

Le roi Louis le Jeune entreprit le voyage d'Espagne fur la fin de l'an 1155, pour aller en pélerinage à faint Jacques. Mais Rodrigue de Toléde dit que ce n'étoit qu'un prétexte, & que le vrai motif du voyage étoit de s'éclaircir, fi la reine Conftance, qu'il avoit

épousée en secondes nôces, étoit fille légitime d'Alfonfe VIII. roi de Caftille. Ce prince, qui prenoit le titre d'empereur des Espagnes, reçut à Burgos le roi fon gendre, & l'accompagna à faint Jacques. Au retour il le mena à Toléde, où il tint en fa présence une cour pléniere de ses vaffaux tant Chrétiens qu'Arabes. Le roi Louis admira la magnificence de cette cour, & revint pleinement éclairci de l'illuftre naissance de la reine fon épouse.

AN. 1156.

L'an 1156, la châpe de notre Seigneur fut trou- Rob. an. 1156vée au monaftere d'Argenteuil près de Paris: elle étoit fans couture & de couleur rouffâtre : les lettres qui furent trouvées avec cet habit marquoient, que la glorieuse mere de Jefus-Chrift le lui avoit fait, comme il étoit encore enfant. Ce font les paroles de Robert, abbé du mont S. Michel, auteur du tems; & le monaftere d'Argenteuil conserve précieusement cette relique.

Sainte Elifa

1153.

Spicil. p. 336.

La même année 1156, on découvrit à Cologne XVIII. plufieurs tombeaux avec leurs infcriptions, portant beth de Schoque c'étoit de fainte Urfule, vierge & martyre, & de Da Trithem. Chr. fes compagnes, que l'on y honoroit au moins depuis Spanheim. an, trois cens ans. On trouva ensemble les noms de plu- Vandelberti, fieurs évêques & autres faints perfonnages que l'on Martyrol. t.s. difoit les avoir accompagnées. Gerlac, abbé de Duits, envoya les principales & les plus remarquables de ces infcriptions à Elifabeth, religieufe de Schonauge, ef pérant qu'elle en auroit quelque révélation, & qu'elle pourroit affurer fi on y devoit croire ou non; car il avoit quelque foupçon de ceux qui avoient trouvé ces corps faints, & craignoit qu'ils n'euffent fait faire ces infcriptions par le defir du gain. C'est ainfi qu'en parle fons,l. xv. Elifabeth elle-même.

C. 2.

1

AN. 1158.

Vita, ap.

Elle étoit née en 1130; & à l'âge de douze ans ou environ elle entra dans le monaftere de Schonauge Boll. 18. Jun. fitué au diocèse de Trèves, à feize milles de Bingue. Il to. 21. p. 604. étoit proche d'un monaftere d'hommes, fondé en 1125, & dédié à S. Florin, confeffeur, qui vivoit à Coblents au commencement du feptiéme fiécle, & que l'églife honore le dix-feptiéme de Novembre. Ce monaftere de Bénédictins eut pour premier abbé Hildelin: il prit le nom de Schonauge, du lieu de sa situation, ainfi nommé à cause de sa belle vue; & le monaftere de filles qui fut depuis bâti tout proche en dépendoit. En l'année 1152, Elisabeth étant âgée de 23 ans, commença à avoir des extafes & des vifions: ce qui lui arrivoit ordinairement les dimanches & les fêtes aux heures de l'office divin. Comme plufieurs perfonnes defiroient fçavoir ce que Dieu lui révéloit, elle le découvrit, par ordre de l'abbé Hildelin, à frere qu'elle avoit nommé Ecbert, chanoine de l'église de Bonne: mais elle eut bien de la peine à s'y réfoudre, craignant que les uns ne la priffent pour une fainte, les autres pour une hypocrite, qui vouloit impofer, ou pour une folle. Enfin, de peur de résister à la volonté de Dieu, elle racontoit à fon frere ce qu'elle voyoit & entendoit de jour en jour, & il l'écrivoit d'un style fimple, où il ne paroît rien ajouter du fien.

III. c. 6. &c. Il en compofa quatre livres, dont le troifiéme intitulé, des voies du Seigneur, contient plusieurs exhortations utiles pour les différens états des Chrétiens, la vie contemplative, la vie active, le mariage, la continence par14. faite. Elifabeth y fait de terribles reproches aux prélats de fon tems, qui vivoient la plupart dans le faste & la pompe féculiere, dans les richeffes & les délices,

AN. 1156.

oubliant leurs devoirs effentiels, & ne fongeant plus qu'ils étoient les fucceffeurs de Jefus - Chrift & des apôtres. Jufques ici il n'y a point lieu de foupçonner la fidélité d'Ecbert: mais les vifions contenues dans le quatriéme livre forment de grandes difficultés; car prefque tout regarde fainte Urfule & fes compagnes, Iv. c. 2. entr'autres fainte Veréne, dont Gerlac, abbé de Duits, avoit envoyé le corps à Hildelin, abbé de Schonauge.

conat. differt.

5.

39.

ecclef. Britan.

En ce livre, Elifabeth raconte fort au long, comme l'ayant apprife de fainte Veréne, d'un ange, & d'autres faints, l'histoire de fainte Urfule, de fes compagnes & de fes compagnons, fi fabuleuse qu'elle eft manifestement infoutenable. On y voit entr'autres un V. Papebr. prétendu pape Cyriaque, inconnu à toute l'antiquité, S. & Paralip. que l'on place entre Pontien & Antéros ; c'eft-à-dire 0.18. Boll. p. l'an 235, & dans le même tems on met un roi de Conf- Uffer. antiq. tantinople nommé Dorothée, & un roi particulier en p. 619. Sicile, quoiqu'Elisabeth prétende redresser les fautes de l'hiftoire que l'on avoit déja écrites des onze mille vierges. Or je ne vois que deux manieres d'expliquer ces difficultés. On peut dire qu'Elifabeth, ayant lu attentivement ou entendu raconter ces hiftoires, s'en étoit tellement rempli l'imagination, qu'elle a cru apprendre en révélation ce que fa mémoire lui fourniffoit, & qu'Ecbert n'a pas fçu diftinguer ce que l'imagination échauffée de fa fœur produisoit naturellement, d'avec les révélations furnaturelles. Ou bien il Bar. an.604. faut dire, comme dit le cardinal Baronius fur un fem- . 58.59.&c. blable fujet, que cette partie des révélations eft fupposée, & qu'Ecbert, où quelqu'autre, voulant autorifer cette hiftoire de fainte Urfule, l'a attribuée à Elisabeth, la faisant parler comme il a voulu, Mais il faut

n.

AN. 1156.

Boll. to. 17.

D. 247. to.21.
P. 635.

Chr. Hirfaug.

1162.

avouer que l'une & l'autre explication donne grande atteinte à toutes ces révélations : car qui nous affurera que les autres foient plus fidéles? En général il faut convenir avec le pieux & fçavant P. Papebroc, qu'on ne peut faire aucun fond fur ces révélations de faintes, pour établir des dogmes théologiques ou des faits hiftoriques, puifque l'on trouve des révélations contradictoires, & qu'il ne faut chercher les faits que dans les hiftoires autentiques, fuivant les regles de la critique la plus judicieuse.

Outre les visions, on a quinze lettres d'Elisabeth, dont la plus considérable est à fainte Hildegarde, qu'elle vifitoit quelquefois. Elle l'écrivit vers l'an Ap. Trith. 1160, étant déja supérieure, ou, comme elle fe nomme, maîtreffe des religieufes de Schonauge. Elle s'y plaint des mauvais difcours que tenoient d'elle les religieufes mêmes, & de quelques fauffes lettres que l'on faifoit courir fous fon nom, & affure qu'elle n'a découvert les graces que Dieu lui avoit faites, que par l'ordre exprès d'un ange plufieurs fois réitéré. Après avoir reçu de ces graces furnaturelles pendant treize ans, elle mourut le vendredi dix-huitiéme de Juin Martyr. R. 1165, étant dans fa trente-fixiéme année; & quoiTrithem. Chr. qu'elle n'ait point été canonisée, elle a été mife dans le martyrologe romain en 1584, & depuis ce tems elle eft honorée comme fainte au monaftere d'hommes de Schonauge, car celui de filles a été ruiné par les Suédois. Ecbert, frere d'Elifabeth, s'y rendit moine à sa persuasion, & en fut abbé après Hildelin en 111. ferm. c. 1167. Il a écrit contre les Cathares ou Manichéens d'Allemagne, dont elle fait auffi mention dans fes exhortations.

18. Jun.

Hirfaug. an. 1163.

12.

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