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Dans la premiére, je traiterai du double empire des Affyriens de Ninive & de Babylone, du roiaume des Médes, & de celui des Lydiens. La feconde renfermera l'hiftoire Tome II.

A

des commencemens du roiaume des Médes & des Perfes conjointement depuis la prife de Babylone, fous Cyrus, Cambyfe, & Smerdis le Mage, & fera, à proprement parler, l'hiftoire de Cyrus, qui en occupera la plus grande partie.

Dans la troifiéme, j'effaierai de tracer un plan général des différens Etats de la Gréce, dont l'hiftoire, depuis le regne de Darius, fe trouvera jointe & confondue avec celle des Perfes & dont il eft par conféquent néceffaire de donner quelque légére idée aux Lecteurs avant que de paffer plus loin.

§. II.

Réflexion fur la variété des

nemens.

gouver

LA MULTIPLICITE' de gouvernemens parmi les peuples dont j'ai à parler, offre d'abord aux yeux & à l'efprit un fpectacle bien digne d'at

tention,& montre l'étonnante varieté que le fouverain Maître du monde a mife dans les empires qui le partagent, par la différence d'inclinations & de mœurs qui fe rencontre dans chacune des nations. On reconnoit en cela le caractére de la Divinité, qui toujours

femblable à elle-même dans tous fes ouvrages, fe plait à y peindre fous mille différentes formes, & à y faire éclater fa fageffe infinie, & par une fécondité merveilleuse, & par une admirable fimplicité: fageffe, qui de toutes les parties de l'univers, auffi bien que de toutes les productions de la nature, quoique multipliées & diverfifiées en une infinité de maniéres, fait former un ouvrage unique, & compofer un tout parfaitement régu lier.

Dans l'Orient c'est le gouvernement Monarchique qui domine: lequel entraînant avec foi une pompe majeftueuse & une hauteur prefque inféparable de l'autorité fouveraine, conduit naturellement à exiger des sujets un refpect plus marqué, & une foumiffion plus entiére. A l'égard de la Gréce, il femble qu'un fouffie de li berté & un esprit républicain s'étoit répandu dans tout le pays, & avoit infpiré prefque à tous les peuples qui l'habitoient un violent defir de l'indépendance, diverfifiée néanmoins fous différentes fortes de gouvernemens mais tous également ennemis de l'af fujettiffement & de la fervitude. Ici

c'eft le peuple qui commande,& c'est ce qu'on appelle Démocratie: là c'est l'affemblée des fages & des anciens, connue fous le nom d'Ariftocratie:dans une autre république, c'eft un petit nombre d'hommes choifis & puiffans, & qui fe nomme Oligarchie: dans quelques-unes c'eft un mélange de toutes ces parties, ou de plufieurs d'entr'elles, & quelquefois même de la roiauté.

On fent bien que cette varieté de gouvernemens, qui tendent tous à une même fin quoique par des voies différentes, contribue beaucoup à la beauté de l'univers, & qu'elle n'a pu venir que de celui qui le gouverne avec une fageffe infinie, & qui met par tout un ordre & une fymmetrie, dont l'effet eft de lier toutes les parties entre elles, & par là de les rappeller toutes à l'unité. Car, bien que parmi ces différentes fortes de gouvernemens les uns foient préférables aux il est vrai néanmoins de dire Rom. 13.1. qu'il n'y a point de puiffance qui ne vienne de Dieu, que c'est lui qui a établi toutes celles qui font fur la terre. Tout usage de cette puiffance, ni toute voie pour y entrer, ne font pas de Dieu, quoique

autres,

toute puiffance foit de lui: & fi l'on voit ces gouvernemens dégénérer quelquefois en violence, en factions, en defpotifme, en tyrannie, ce n'eft qu'aux paffions des hommes qu'il faut attribuer ces defordres, qui font directement contraires à l'inftitution primitive des Etats, & qu'une fageffe fupérieure fait faire rentrer dans l'ordre, en les faifant fervir à l'exécution. de fes deffeins toujours pleins d'équité & de justice.

Ce fpectacle, comme je l'ai déja dit, eft bien digne de notre attention & de notre admiration ; & il fe dévelopera peu-à-peu à mesure que j'avancerai dans l'expofition de l'hiftoire ancienne, dont il fait ce me. femble une partie effentielle. C'est pour y rendre les efprits attentifs, que je me croi obligé d'ajouter au récit des faits & des événemens ce qui regarde les mœurs & les coutumes des peuples, parce que c'est ce qui en fait connoître le génie & le caractére, & ce qu'on peut appeller en quelque forte l'ame de l'hiftoire. Car n'y obferver que les faits & les dates, fans porter plus loin fa curiofité ni fes vûes, ce feroit imiter l'imprudence

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