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AN.M.3421.

Il étoit à peu près dans sa seiziéme année, lorfque le fils du Roi des * Babyloniens (c'étoit Evilmérodac fils de Nabucodonofor) aiant fait une partie de chaffe un peu avant fon mariage, s'avifa, pour faire montre de fa bravoure, de faire une irruption dans les terres des Médes; ce qui obligea Aftyage de fe mettre en campagne pour s'y oppofer. Ce fut pour lors que Cyrus, aiant fuivi fon grand-pere, fit fon apprentiffage dans la guerre. s'y comporta fi bien, que la victoire que les Médes remportérent fur les Babyloniens fut principalement dûe à fa valeur.

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L'année d'après, Cambyfe l'aiant A.J. C. 583. rappellé pour lui faire achever fon tems dans les exercices des Perfes, il partit fur le champ, pour ne donner par fon retardement aucun lieu de plainte contre lui ni à fon pere, ni à fa patrie. On connut dans cette occafion combien il étoit tendrement aimé. A fon départ tout le monde l'ac

*Ces peuples font toujours appellés Affyriens dans Xenophon; & en effet ・ce font les Affyriens, mais de Babylone, qu'il ne faut pas confondre avec ceux

de Ninive,dont nous avons

vú auparavant que l'empire avoit été entiérement détruit, par la ruine de Ninive qui en étoit la caPpitale.

compagna, ceux de fon âge, les jeunes gens, les vieillards: Aftyage même le conduifit à cheval affez loin; & quand il falut fe féparer, il n'y eut perfonne qui ne verfât des larmes.

Ainfi Cyrus repaffa en Perfe, où il demeura encore un an dans la claffe des enfans. Ses compagnons, après le féjour qu'il avoit fait dans uneCour auffi voluptueufe & remplie de faste qu'étoit celle des Médes,s'attendoient à voir un grand changement dans fes mœurs. Mais, quand ils virent qu'il fe contentoit de leur table ordinaire, & que s'il fe rencontroit dans quelque feftin il étoit plus fobre & plus retenu que les autres, ils le regardérent avec

une nouvelle admiration.

Il paffa de cette premiére claffe dans AN.M. 3422. la feconde, qui eft celle des jeunes gens; où il fit voir qu'il n'avoit point fon pareil en adreffe, en patience, en obéiffance.

Dix années après, il fut admis dans AN.M. 3432. la claffe des hommes faits, & il y de A. J. C. 572. meura pendant treize ans, jufqu'au tems où il partit à la tête de l'armée de Perfe pour aller au fecours de fon oncle Cyaxare.

Cyrop. lib. 1.

22-17. AN.M.3444.

§: III.

au

Premiére campagne de Cyrus, qui va an fecours de fon oncle Cyaxare contre les Babyloniens.

le

ASTYAGE roi des Médes étant mort, Cyaxare fon fils, frere de la A. J.C.560. mere de Cyrus, lui fuccéda. A peine fut-il monté fur le trône, qu'il eut une rude guerre à foutenir. Il apprit que Roi des Babyloniens (Nérigliffor) armoit puiffamment contre lui, & qu'il avoit déja engagé dans fa querelle plufieurs Princes, entre autres Créfus roi de Lydie. Il avoit auffi envoié des Ambaffadeurs vers le Roi des Indes, pour jetter dans fon esprit de mauvaises impreffions contre les Médes & les Perfes, en lui repréfentant qu'il étoit à craindre que ces deux peuples, déja fort puiffans d'ailleurs, s'étant unis par de nouvelles alliances, ne s'affujetîffent à la fin toutes les autres nations, fi l'on ne s'oppofoit au progrès de leur puiffance. Cyaxare dépêcha donc vers Cambyfe pour lui demander du fecours, & chargea fes députés de faire en forte que Cyrus cût le commandement de l'armée qu'on lui enverroit, Ils n'eurent pas

de peine à l'obtenir. La joie fut univerfelle quand on fut que Cyrus marcheroit à la tête de l'armée. Elle étoit de trente mille hommes, d'infanterie feulement; (car les Perfes n'avoient point encore de cavalerie ;) mais tous hommes d'élite, & qui avoient été levés d'une maniére particuliére. D'abord Cyrus avoit choifi parmi la Nobleffe deux cens Officiers des plus braves, qui furent chargés d'en choifir chacun quatre autres de même forte, ce qui faifoit mille en tout : & c'étoient ces Officiers qu'on appelloit* Ouriuos, *Officiers de & qui fe fignalérent fi fort dans la fui-même dignité, te en toute occafion. Chacun de ces mille eut charge de lever parmi le peupledix Piquiers armés à la légére, dix Frondeurs,& dix Archers:ce qui montoit en tout à trente-un mille hommes.

Avant qu'on procédât à ce choix, Cyrus crut devoir parler aux deux cens Officiers, dont il loua extrêmement le courage, & qu'il remplit de l'ef pérance affurée d'un heureux fuccès. »Savez-vous, leur dit-il, à quels en» nemis vous aurezaffaire? A des hom» mes mous, lâches, efféminés, déja » à demi vaincus par les délices; qui » ne peuvent fouffrir ni la faim ni la

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foif; également incapables de fou» tenir ou le poids du travail,ou la vûe » du péril: au lieu que vous, accoutu» més dès l'enfance à une vie fobre & » dure, la faim & la foif font le seul af» saisonnement de vos repas, les fati»gues votre plaifir, les dangers votre joie, l'amour de la patrie & de la » gloire votre unique paffion. Comp>>tez-vous pour peu la juftice de notre » caufe? Ce font les ennemis qui nous » attaquent: ce font nos alliés qui nous appellent. Y a-t-il rien de plus jufte » que de repouffer l'injure qu'on nous » veut faire? Y a-t-il rien de plus hono»rable que de voler au fecours de nos » amis ? Mais ce qui doit faire le prin

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cipal motif de votre confiance, c'est » que je ne me fuis point engagé dans » cette expédition, fans avoir aupara» vant confulté les dieux, & imploré » leur fecours: car vous favez que c'est " par où j'ai toujours coutume de com

» mencer toutes mes actions & toutes » mes entreprises.

Cyrus partit bientôt après fans perAv.J.C. 559. dre de tems: mais ce ne fut qu'après avoir encore invoqué les dieux du pays. Car fa grande maxime, & il la tenoit de fon pere, étoit qu'on ne de

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