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AN. DU M.

1800. AVANT J. C. 2204.

Bélus, ou Baal, fignifie Maître.

Gen. ch. 10.

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NĚMROD. C'eft le même que Bélus *, qui fut depuis honoré fous ce nom comme une divinité.

Il étoit fils de Chus, petit-fils de Cham, & arriére petit-fils de Noé. C'étoit, dit l'Ecriture fainte, un violent cbaffeur devant le Seigneur. Il avoit deux vûes en s'appliquant à ce pénible & dangereux exercice. La premiere étoit de s'attirer l'affection des peuples, qu'il délivroit & de la crainte & de l'attaque des bêtes farouches. La feconde, d'exercer à la chaffe beaucoup de jeunes gens, de les endurcir au travail, de les accoutumer à une efpece de difcipline & d'obéiffance, de les former à l'ufage des armes, & de faire fervir à des deffeins plus férieux que la chaffe, des hommes qu'il auroit aguéris fous ce prétexte, & qui feroient accoutumés à fes ordres.

L'hiftoire ancienne a confervé quelques veftiges de cet artifice de Nemrod, qu'elle a confondu avec [Lib. 2. pag-Ninus fon fils. Car Diodore en parle en ces termes : » Ninus, le plus ancien » des rois d'Affyrie dont il foit parlé » dans l'hiftoire, a fait de grandes D chofes. Etant naturellement belli» queux, & zélé pour la gloire qui est

le fruit de la vertu, il arma un nom- «-
bre considérable de jeunes gens ro- «
buftes & courageux comme lui, les «
forma lontems par de durs & de «<
pénibles exercices, & par là les ac- «
coutuma à fupporter avec patience
les fatigues de la guerre, & à en «<
affronter les dangers avec courage «
& intrépidité. «

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Ce qu'ajoute Diodore, que Ninus bid. fit alliance avec le roi des Arabes en uniffant fes troupes aux fiennes, eft un refte de l'ancienne tradition, qui nous apprend que les enfans de Chus, & par conféquent freres de Nemrod, s'établirent tous dans l'Arabie le long du golfe Perfique depuis Hévila juf qu'à l'océan, & qu'ils étoient affez fes voifins pour le fecourir & en être fecourus. Et ce que le même Hiftorien dit de Ninus, qu'il fut le premier roi des Affyriens, répond précisement à ce que dit l'Ecriture de Nemrod, qu'il commença à être puiffant fur la terre: c'est-à-dire qu'il s'y établit, qu'il y bâtit des villes, qu'il fubjugua fes voifins les plus proches, qu'il réunit ces différens peuples fous u ne même autorité par des loix communes & par une même police, & qu'il en for

L

ma un Etat, qui pour ces premiers tems étoit d'une étendue affez confidérable, quoique bornée aux rives de l'Euphrate & du Tigre; & qui dans les fiécles fuivans fut prendre peu à peu de nouveaux accroiffemens, & vint à bout de pouffer fort loin fes conquêtes.

Gen. 10. 10. La ville capitale de fon roiaume, dit l'Ecriture, fut Babylone. Les Hiftoriens profanes attribuent prefque tous à Sémiramis la fondation de Babylone: a d'autres la donnent à Bélus. Il eft visible que les uns & les autres fe trompent, s'il eft question du premier fondateur de cette ville. Car elle ne doit fon commencement ni à Sémiramis, ni à Nemrod, mais à la folle Gen. 11. 4. vanité de ceux dont l'Ecriture dit qu'ils voulurent bâtir une tour & une ville, qui rendiffent leur mémoire immortelle.

1. cap. 4.

Hift. Jud.lib. Jofephe raporte, fur le témoignage d'une Sibylle qui doit être fort ancienne, & dont on ne peut attribuer les fictions au zêle imprudent de quelques chrétiens, que des tourbillons &

a Semiramis eam con- I regia oftenditur. 2. Curt. diderat, vel, ut plerique lib. 5. cap. 1. tradidere, Belus, cujus

des vents impétueux envoiés par les
dieux renverférent la tour. Si cela
étoit, la témérité de Nemrod feroit
encore plus grande d'avoir rebâti une
ville & une tour, que Dieu même
auroit renversée avec de fi grandes
marques de fa colere. Mais l'Ecriture
ne dit rien de tel; & il y a bien de
l'apparence que l'ouvrage demeura
où il en étoit lorfque Dieu le fit ceffer
par
la divifion des langues, & que la
tour confacrée à Bélus, dont Hérodote
fait la defcription, étoit celle que les 181.
enfans des hommes avoient prétendu
élever jusques aux nues.

Ileft encore fort vraisemblable que ce ridicule deffein aiant été déconcerté par un prodige inoui dont Dieu feul pouvoit être l'auteur, tout le monde d'abord abandonna un lieu qui lui avoit déplu, & que Nemrod fut le premier qui l'environna de murailles, établit fes amis & fes confédérés, & fe foumit tous les environs, commençant par là fon empire, mais ne l'y bornant pas : Fuit principium regni ejus Babylon. Les autres villes que nomme ici l'Ecriture étoient dans la terre de Sennaar, qui eft certainement la province dont Babylone devint la métropole.

Lib. 1. cap.

.

De ce pays il paffa dans celui quỉ eft appelle Allyrie, & y bâtit Ninive: Gen. 10. 11. De terra illa egreffus eft Assur, & adificavit Niniven. C'est le fens que plufieurs Savans donnent au mot d'Affur, en le regardant comme celui d'une province, & non comme celui du premier homme qui l'avoit occupée, comme s'il y avoit, egreffus eft in Affur, in Affyriam:& ce fens paroit le plus naturel pour plufieurs raisons qu'il n'est pas néceffaire de raporter ici. Le pays d'Affirie eft marqué dans un prophete par ce caractére particulier, d'être Mich. 5. 6. la terre de Nemrod: Et pafcent terram Affur in gladio, & terram Nemrod in lanceis ejus; & liberabit ab Affur, cùm venerit in terram noftram. Il tiroit fon nom d'Affur fils de Sem, qui fans doute s'y étoit établi avec fa famille, & qui en fut apparemment chaffé, ou affujetti par l'ufurpateur Nemrod.

Gen. 10. V.

II. 12.

Celui-ci s'étant emparé des provin ces d'Affur, ne les ravagea pas en tyran, mais les remplit de villes, & fe fit aimer de fes nouveaux fujets avec Diod. lib. 2.autant de paffion que des anciens ; en forte que les Hiftoriens, qui n'ont pas affez approfondi ce point, ont cru qu'il s'étoit fervi des Affyriens pour

pag. yo.

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