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L'une étoit que Créfus devoit fe croire en danger lorfqu'un mulet régneroit fur les Médes. L'autre, que quand il pafferoit le fleuve Halys pour faire la guerre aux Médes, il détruiroit un grand empire. Le premier de ces oracles lui fit conclure que, vû l'impoffibilité de la chose, il étoit en pleine fûreté. Le fecond lui laiffoit espérer qu'il renverferoit l'empire des Médes. Quand il vit que les chofes avoient tourné tout autrement, il dépécha, avec la permiffion de Cyrus, des couriers à Delphes, qu'il chargea de présenter au dieu de fa part des chaînes d'or, & de lui faire en même tems. des reproches de ce que, malgré les préfens infinís qu'il lui avoit faits, il l'avoit fi indignement trompé par oracles. Le dieu n'eut pas de peine à juftifier fa réponse. Cyrus étoit le mufet dont l'oracle avoit voulu parler, parce qu'il tiroit fa naiffance de deux différens peuples, étant Persan par fon pere, & Méde par fa mere. A l'égard de l'empire qu'il devoit renverfer, ce n'étoit pas celui des Médes, mais le fien propre.

fes

C'eft par ces fortes d'oracles faux & trompeurs que le démon, cet ef

353.

prit de menfonge qui en étoit l'auteur, abufoit le genre humain dans ces tems de ténébres & d'ignorance, répondant à ceux qui le confultoient en des termes fi douteux & fi ambigus, que quelque fût l'événement, ils pouvoient recevoir un fens qui s'y raportât.

de

Herod. 1. 1. Quand les peuples d'Ionie & d'Eolie 14. 152 eurent appris que Cyrus s'étoit rendu maître des Lydiens, ils lui envoiérent des députés à Sardes pour mander d'être reçus fous fon empire aux mêmes conditions qu'il avoit accordées aux Lydiens. Cyrus, qui avant fa victoire les avoit inutilement follicités d'embraffer fon parti, & qui fe voioit alors en état de les y contraindre par la force, ne leur répondit que par l'apologue d'un Pêcheur, qui aiant joué en vain de la flute pour faire venir à lui les poiffons, ne vint à bout de les prendre qu'en jettant fon filet dans l'eau. Exclus de cette efpérance, ils implorérent le fecours des Lacé démoniens, qui députérent vers Cyrus pour l'avertir qu'ils ne fouffri roient pas qu'il entreprît rien contre les Grecs. Ce Prince ne fit que rire d'une telle députation, & les avertit

fon tour de fe mettre en état de fe bien défendre eux-mêmes.

Les Infulaires n'avoient rien à craindre de Cyrus, parce qu'il n'avoit pas encore domté les Phéniciens, les Perfes étoient fans flote.

&

que

ARTICLE I I.

de la prise de

Hiftoire du fiége
Babylone par Cyrus.

Cyrop. lib. 7

CYRUS refta dans l'Afie Mineure Herod. I. jufqu'à ce qu'il eût entiérement fou-cap. 177 mis les divers peuples qui l'habi- p. 186-188. toient, depuis la mer Egée jufqu'à l'Euphrate. Il paffa de là dans la Syrie & dans l'Arabie, qu'il fubjugua pareillement. Après quoi, il entra dans l'Affyrie, & s'avança vers Babylone, qui étoit la feule ville d'orient qui lui réfiftât encore.

Le fiége de cette importante place n'étoit pas une entreprise facile. Les murailles en étoient d'une hauteur extraordinaire, & paroiffoient inacceffibles: fans compter que le nombre de ceux qui les défendoient étoit immenfe. La ville d'ailleurs étoit pour vûe de toutes fortes de provifions pour vingt ans.

Ces difficultés n'empéchérent pas Cyrus de pouffer fon deffein. Désespérant de prendre la place d'affaut, il laiffa croire qu'il fongeoit à la réduire par la famine. Il fit donc tirer d'abord une ligne de circonvallation tout au tour de la ville avec un foffé large & profond: & pour ne pas accabler fes troupes de fatigue, il divifa fon armée en douze parties, & affigna à chacune fon mois pour la garde des tranchées. Les affiégés, fe croiant en pleine fûreté à la faveur de leurs rempars & de leurs magazins, infultoient à Cyrus du haut de leurs murailles, & fe moquoient de la peine inutile qu'il se donnoit, & de tout ce qu'il faifoit

contre eux.

§. I.

Prédictions des principales circonftances du fiége de la prise de Babylone, marquées en différens endroits de l'E

criture Sainte.

COMME la prise de Babylone eft un des plus grands événemens de l'hiftoire ancienne, & que les principales circonftances qui l'ont accompagnée

ont été prédites plufieurs années au-
paravant dans l'Ecriture Sainte;avant
que de raconter ce qu'en ont dit les
Auteurs profanes, je croi qu'il eft à
propos de raporter ici en abrégé ce
qui s'en trouve dans les Livres faints,
afin que les Lecteurs foient plus en
état de comparer l'accompliffement
avec les prédictions.

I. Prédiction de la captivité des Juifs à
Babylone, & de fa durée.

DIEU ne s'étoit pas contenté de faire prédire lontems auparavant la captivité que fon peuple devoit fouffrir à Babylone, mais il avoit encore marqué le nombre précis d'années qu'elle devoit durer. Il en avoit fixé le terme à 70 ans, après lefquels il avoit promis de le délivrer, en détruifant avec éclat & fans retour la ville de Babylone qui lui avoit fervi de prifon. Servient Regi Babylonis feptuaginta Jerem. 25.

annis.

11.

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