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d'effroi. Dieu a changé le commencement d'une nuit qui étoit l'objet de mes defirs, en un fujet de terreur. C'eft l'état de Baltazar, lorsqu'au milieu du repas il vit fortir de la muraille une main qui écrivoit des caractéres qu'aucun de fes devins ne put ni expliquer, ni lire: & fur tout lorfque Daniel lui déclara que ces caractéres contenoient Dan. 5. 6. l'arrêt de fa mort. Alors, dit l'Ecri

ture, le vifage du Roi fe changea, les penfees qui agitoient fon efprit le troublerent, fes reins fe relâchérent, & dans fon tremblement fes genoux fe choquoient P'un l'autre. L'étonnement, la fraieur, la défaillance, le tremblement de Baltazar font exprimés par le Prophéte qui en a été le témoin, comme par le Prophéte qui les avoit prédits deux cens ans auparavant.

Mais il faloit qu'Ifaïe fût éclairé d'une lumière bien divine, pour ajouter immédiatement après la defcription du trouble de Baltazar, les paroIfai. 21. 5. les qui fuivent: Couvrez la table: confidérez avec attention du haut d'une guérite: mangez, bûvez. C'eft que Baltazar, d'abord effraié & perdant courage, fera confolé, & ensuite rassuré par fes courtisans, & plus encore par

la

Reine fa mere, qui lui avoit dit dès le commencement qu'il ne devoit pas fe livrer à fes craintes & à fes allarmes : Non te conturbent cogitationes tuæ, ne- Dan. 5.10 que facies tua immutetur. On l'exhortera donc à fe contenter de donner de bons ordres, pour être averti de tout par les fentinelles; à faire fervir de nouveau, comme fi rien n'étoit arrivé; & à rappeller la joie & la tranquillité, que des craintes exceffives lui avoient ôtée: Pone menfam: contemplare in fpecula: comede, bibe. Heb.

6. Mais pendant que les hommes donnent ces ordres, Dieu donne auffi les fiens de fon côté : Levez – vous, Ifai. 21. Šo Princes, & poliffez vos boucliers. C'est Dieu lui-même qui commande aux Princes de s'avancer, de prendre les armes, & d'entrer fans crainte dans une ville noiée dans le vin, ou plongée dans le fommeil.

7. Ifaïe nous apprend deux circonftances importantes de la prife de Babylone. La premiére est que les trou pes dont elle eft remplie, ne feront ferme nulle part, ni au palais, ni dans la citadelle; ni dans aucune place publique; qu'elles fe débanderont, fans penser à autre chofe qu'à la fuite; &

qu'elles fe diviferont en fuiant par diverfes routes, comme un troupeau de dains ou de brebis fe diffipe dès Ifai. 13. 14. qu'il eft effraié: Et erit quafi damula fugiens, & quafi ovis ; & non erit qui congreget. La feconde circonftance eft que la plupart de ces troupes étoient à la folde des Babyloniens, mais n'étoient pas de Babylone; & qu'elles retourneront dans les provinces d'où elles avoient été tirées,fans être pourfuivies par les vainqueurs, parce que c'étoit principalement fur les citoiens de Babylone que la vengeance divine devoit tomber: Unufquifque ad populum fuum convertetur, & finguli ad terram fuam fugient.

8. Enfin,fans parler du carnage horrible qui doit fe faire des habitans de Babylone, où l'on n'épargnera ni les vieillards,ni les femmes,ni les enfans, pas même ceux qui feront encore enfermés dans le fein de leurs meres, ce qui a déja été marqué ci-devant; une derniére circonftance eft la mort dut Roi même qui fera privé de fépulture, & Pextinction entiére de la famille roiale, annoncées dans l'Ecriture d'unemaniére bieneffraiante,mais enmême tems bien inftructive pour les Princes.

20.

Pour toi, tu feras jetté loin de ton fepul- 1sai.14-194 cre comme un tronc abominable..... Tu ne2 feras point mis dans le tombeau de tes ancêtres , parce que tu as ruiné ton roiaume, tu as fait périr ton peuple. Il eft jufte qu'on oublie un Roi, qui ne s'eft jamais fouvenu qu'il étoit le protecteur & le pere de fon peuple. On doit refufer jufqu'au tombeau à celui qui n'a vécu que pour ruiner fon propre pays. Il doit être féparé de tous les hommes, puifqu'il en a été l'ennemi. Il étoit femblable aux bêtes farouches & il en aura la fépulture: & puifqu'il n'avoit aucun fentiment hu main, il eft indigne qu'on en ait aucun à fon égard. C'eft l'arrêt que Dieu lui-même prononce contre Baltazar: & il étend cette malédiction jufques fur fes enfans, qu'on regardoit comme affociés au trône, & comme la fource d'une longue poftérité de rois, & que les flateurs n'entretenoient que de leur future grandeur. Préparez fes enfans à v. 25. 28 être égorgés comme des victimes à caufe de Piniquité de leurs peres ... Ils ne feront point les héritiers du roiaume de leur pere. Je m'élèverai contre eux: je perdrai le nom de Babylone: j'exterminerai les restes de cette famille,le fils & le petit-fils,dit le Seigneur,

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Dan.5. 1-19.

§. II.

Defcription de la prise de Babylone.

APRE's avoir vu la prédiction de tout ce qui doit arriver à l'impie Babylone, il eft tems maintenant d'en voir l'exécution, & de reprendre le récit de la prise de cette ville.

Quand Cyrus vit que le foffé auquel on travailloit depuis lontems étoit achevé, il fongea sérieusement à exécuter fon grand deffein dont il n'avoit encore fait part à perfonne. La Providence lui en fournit une occafion telle qu'il la pouvoit fouhaiter. Il apprit qu'on devoit célébrer à Babylone une grande fête, & que les Babyloniens avoient accoutumé dans cette folennité de paffer la nuit entiére & à boire & à faire la débauche.

Baltazar prit part plus qu'aucun autre à cette réjouiffance publique, & fit un feftin magnifique aux premiers Officiers de fon roiaume,& aux Dames. de la Cour. Dans la chaleur du vin. il fit apporter les vafes d'or & d'argent qui avoient été enlevés du temple de Jérufalem; &, comme pour infulter au Dieu d'Ifrael, il y but lui & toute fa Cour, & il y fit boire toutes fes

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