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Diod. l. 3.

pag. 95.

Grands de l'Etat, que fes bienfaits ou fes promeffes lui avoient attachés elle fupplia fon mari avec les plus vives inftances de vouloir bien lui con

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fier pour cinq jours la puiffance fouveraine. Il fe rendit à fes prières, & routes les provinces de l'empire eurent ordre d'obéir à Sémiramis. On n'exécuta cet ordre que trop exactement pour l'infortuné Ninus, qui fut mis à mort ou fur le champ même ou après quelques années de prison. SEMIRAMIS.

CETTE Princeffe ne fongeoit qu'à immortalifer fon nom, & à couvrir la baffeffe de fa naiffance par la grandeur de fes entreprises. Elle fe propofa de furpaffer en magnificence ses prédéceffeurs, &* bâtit Babylone, aiant emploié à la conftruction de cette ville fuperbe deux millions d'hommes qu'elle ramassa de toutes les parties de fon vafte empire. Quelques-uns de fes fucceffeurs s'appli querent encore à orner & à embellir cette ville de nouveaux ouvrages.

par

Auteurs profanes, de dire qu'un Prince a bâti une

On ne doit pas être furpris de voir que la fondation d'une même ville foit attri-ville, foit qu'il l'ait fondée buée à différentes perfonnes. C'est un langage affez sommun, même dans les

le premier, foit qu'i l'ait embellie & augmentée.

Je les réunirai tous ici, pour en donner d'abord une idée plus jufte & plus fuivie.

Les principaux ouvrages qui ont rendu Babylone fi fameufe, font les murailles de la ville; les quais & le pont; le lac, les digues, & les canaux faits pour la décharge du fleuve; les palais & les jardins fufpendus ; enfin le temple de Bel: ouvrages d'une magnificence qu'on a peine à comprendre. M. Prideaux a traité cette matiére avec beaucoup d'étendue & d'érudition: je n'ai prefque fait ici que le copier ou l'abréger.

I. Les murailles.

Diod. lib. 2.

pag. 95. 96.

c. I

BABYLONE étoit fituée dans une Herod. lib. 1. vafte plaine, dont le terroir étoit ex- cap. 178-180. trémement gras & fertile. Ses murailles étoient d'une grandeur prodigieufe. 2. Curt. 1.5. Elles avoient cinquante coudées d'épaiffeur, qui font douze toifes & demie; deux cens de hauteur, qui font so toifes; & quatre cens quatrevingts ftades de circuit, qui font vingt quatre lieues. Elles formoient un

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Je raporte les chofes telles que je les trouve dans les Auteurs anciens & Mr. Prideaux le fait comme moi: mais je ne laiffe |

*

pas de croire qu'il y a beau
coup à rabattre de l'étendue
immenfe qu'ils donnent à
Baby one, aussi bien qu'à
Ninive.

quarré parfait, dont chaque côté étoit de fix vingts ftades, c'est-à-dire de fix lieues. Elles étoient toutes bâties de larges briques, cimentées de bitume, liqueur épaiffe & glutineuse qui fort de terre dans ce pays-là, qui lie plus fortement que le mortier, & qui devient beaucoup plus dur que la brique ou la pierre à qui elle fert de

ciment.

Ces murailles étoient entourées d'un vaste foffé, rempli d'eau, & revétu de briques des deux côtés. La terre qu'on en avoit tirée en le creufant, avoit été emploiée à faire les briques dont les murailles étoient conftruites,

Chaque côté de ce grand quarré avoit vingt-cinq portes d'airain maf fif, ce qui en tout en faifoit cent. D'où vient que lorfque Dieu promit à Cyrus la conquête de Babylone, il Hai. 45. 2. lui dit: Je marcherai devant vous, & je romprai les portes d'airain. Entre ces portes, & aux angles de chaque quarré, il y avoit plufieurs tours, élevées dix piés plus haut que les murailles. Des vingt cinq portes de chaque cô❤ té du quarré partoient autant de rues qui aboutiffoient aux portes du côté

cap. I.

oppofé: de forte qu'il y avoit en tout cinquante rues, qui fe coupoient à angles droits. Elles étoient bordées de maifons qui avoient trois ou quatre étages, & dont le devant étoit orné de toutes fortes d'embelliffemens. Ces 2. Curt. I. 5% maifons n'étoient point contigues, aiant de chaque côté un vuide qui les féparoit les unes des autres ; avoit laiffé auffi une grande distance entre elles & les murs de la ville. Ainfr Babylone étoit plus grande en apparence qu'en réalité, près de la moitié de la ville étant occupée par des jardins, & par des terres qu'on labouroit & qu'on enfemençoit, comme nous l'apprend Quinte-Curfe.

II. Quais & Pont.

c. 180.

UNE BRANCHE de l'Euphrate tra- Herod. l. 1. versoit cette grande ville du nord au 186. Diod.lo midi. On bâtit de chaque côté de la 2. p. 96. riviére, pour lui fervir de quai, unė grande muraille de brique & de bitume, de la même épaiffeur que les murs de la ville. On y mit des portes d'airain vis-à-vis de toutes les rues qui coupoient le fleuve, avec des defcentes qui y conduifoient, & dont les habitans avoient accoutumé de fe pour paffer en bateau d'un bord'

fervir

à l'autre, n'aiant pas d'autre paffage fur le fleuve avant que le pont eût été conftruit. Ces portes étoient ouvertes pendant le jour, mais la nuit on les tenoit fermées.

Le pont ne le cédoit pour la beauté à aucun des autres ouvrages. Il avoit un ftade, c'est-à-dire cent quatre toises de long, fur trente piés de large. Les arches étoient bâties de groffes pierres qu'on avoit liées enfemble avec des chaines de fer & du plomb fondu. Lorfqu'il s'étoit agi de le conftruire, on avoit détourné le cours du fleuve, & mis fon lit à fec, pour d'autres raifons encore, comme je le dirai bientôt : & comme tout étoit préparé de loin, le pont fut conftruit pendant cet intervalle, aussi-bien que les quais dont j'ai parlé.

III. Lac, digues, canaux faits pour la décharge du fleuve.

CES TRAVAUX, objets de l'admiration des plus habiles connoiffeurs, avoient encore plus d'utilité que de Strab. 1. 16. magnificence. A l'approche de l'été,le 740. Plin. foleil venant à fondre les neiges des montagnes d'Arménie, il en naît une

b. 5. c. 26.

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