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*La Syrie,

bez les anciens, eft fou

vent prife pour

Affyrie.

vaux de felle de l'écurie du Roi, cha
cun aiant la couverture en broderie
& le frein d'or. Puis marchoit la ca-
valerie Perfane, divifée en quatre.
corps de dix-mille hommes chacun ;
& après elle la cavalerie des Médes
& celle des Alliés. Les chariots, ran-
gés quatre à quatre,
fermoient la
marche.

Quand ils furent arrivés aux champs confacrés aux dieux, on offrit des fa crifices d'abord à Jupiter, puis au foleil. On brula à l'honneur du premier des taureaux, & des chevaux à l'honneur du second. On égorgea auffi quelques victimes à la Terre felon l'ordonnance des Mages, puis aux demi-dieux patrons & protecteurs de la Syrie.

Cyrus, pour égaier un peu les efprits, jugea à propos de terminer cette cérémonie grave & férieufe par des jeux & des courfes de chevaux & de chariots. L'endroit, où l'on s'étoit arrété, étoit large & fpacieux. Il défigna un certain efpace d'environ un quart de lieue, & propofa des prix aux vainqueurs féparément pour chaque nation. Il remporta celui de la courfe parmi les Perfes; car perfonne

n'étoit fi bon homme de cheval que lui. Les chariots coururent auffi feul à feul.

Ces fortes: de cavalcades fe faifoient encore longtems après chez les Perses de la même forte, fi ce n'eft qu'on n'y immoloit pas toujours des victimes. Toutes les cérémonies étant achevées,ils retournérent à la ville dans le même ordre.

Quelques jours après, Cyrus, pour Pag. 1 célébrer la victoire qu'il avoit rem- **4* portée dans la courfe aux chevaux donna un grand repas aux principaux Officiers tant des Perfes & des Médes que des étrangers. On n'avoit encore. rien vû de fi fuperbe & de fi fomptueux. Il le termina par des préfens magnifiques qu'il leur fit à tous. Il les renvoia ainfi comblés de joie, d'admiration, de reconnoiffance; & toutpuiffant qu'il étoit, maître de tout l'orient & de tant de roiaumes, il ne craignit point de dégrader fa majefté en les conduisant tous jufqu'à la porte: de fon appartement. Telles étoient les mœurs de ces tems anciens, où l'on favoit joindre beaucoup de fimplicité à beaucoup de grandeur.

Pag. 227.

ARTICLE III.

Hiftoire de Cyrus depuis la prise de
Babylone jufqu'à fa mort.

CYRUS, fe voiant maître de l'o-
rient par la prise de Babylone, n'imi-
ta pas la plupart des Conquérans,
qui terniffent la gloire de leurs expé-
ditions par une vie molle & volup-
tueufe, à laquelle ils s'imaginent
avoir droit de s'abandonner après les
longs travaux qu'ils ont fupportés ;
mais il crut devoir foutenir fa réputa-
tion par les mêmes moiens qui la lui
avoient acquife, c'eft-à-dire par une
conduite fage, & par une vie labo-
rieuse & toujours occupée de fes de-
voirs.

§. I.

Cyrus fait un voiage en Perfe. A fon
retour il dreffe à Babylone le plan de
toute la monarchie. Pouvoir de Daniel.

QUAND CYRUS crut avoir fuffi-
famment donné ordre aux affaires de
Babylone, il fongea à faire un voiage
en Perfe. Il paffa par la Médie pour y
faluer Cyaxare fon oncle, à qui il fit
de grands préfens, & lui marqua qu'il
trouveroit à Babylone un palais ma-

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par

gnifique tout préparé quand il voudroit y aller, & qu'il devoit regarder cette ville comme lui appartenant en propre. En effet Cyrus, tant que fon oncle vécut, partagea avec lui l'empire, quoique conquis tout entier fa valeur: il porta même la condefcendance jufques à lui déférer le premier rang. C'eft Cyaxare qui eft ap- AN.M.3466. pellé dans l'Ecriture DARIUS LE A. J. C. 538. MEDE: & nous verrons que Daniel fous fon régne, qui ne dura que deux ans, eut plufieurs révélations. Il roit que Cyrus, lorfqu'il fut revenu de Perfe, mena Cyaxare avec lui à Babylone.

pa

Lorfqu'ils y furent arrivés, ils drefférent de concert le plan de toute la

monarchie. Ils la diviférent en fix-Dan. 6. 1.

vingts provinces. Et afin que les or-Cyrop. p. 238. dres du Prince y puffent être portés avec plus de diligence, Cyrus établit d'efpace en efpace des poftes, où les couriers qui marchoient jour & nuit trouvoient des chevaux tout prêts, & par ce moien faifoient une diligence incroiable. Ils donnérent le Crop, p. 23 gouvernement de ces provinces à ceux qui avoient le plus aidé Cyrus à foutenir le faix de cette guerre, &

qui lui avoient rendu de plus grands Dan. 6.2.3. fervices. Ils établirent fur eux trois Surintendans qui devoient toujours réfider à la Cour, & à qui ils devoient rendre compte de tems en tems de ce qui fe pafferoit dans leur Gouvernement, & qui devoient leur faire tenir les ordres du Prince: de

Dan.6. 4-27.

forte que ces trois principaux Minif tres devoient avoir la furintendance & la principale adminiftration des affaires de toute la monarchie. Daniel fut établi le premier des trois. Cette préférence fui étoit dûe, tant à caufe de fa haute fageffe qui étoit renommée dans tout l'orient, & qui avoit éclaté d'une manière particuliére dans le repas de Baltazar, que par fon ancienneté & par fon expé

rience confommée dans les affaires. Car il y avoit alors foixante & huit ans, à compter depuis la quatriéme année de Nabucodonofor, qu'il avoit été emploié en qualité de premier Miniftre des Rois de Babylone,

Comme cette diftinction le rendoit la feconde perfonne de l'Empire, & le mettoit immédiatement au deffous du Roi, les autres courtisans en congurent une fi grande jalousie, qu'ils fe

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