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outre plein de fang, en lui insultant par ces paroles: » Cruel que tu es raffafie-toi après ta mort du fang, » dont tu as eu foif pendant ta vie, » & dont tu as toujours été infatia→ble.

رو

Le récit que fait Hérodote des premiers commencemens de Cyrus, a bien plus l'air d'une fable que d'une hiftoire. Pour ce qui regarde fa mort, quelle apparence qu'un Prince fi expérimenté dans la guerre, & plus recommandable encore par fa prudence que par fon courage, eût donné ainfi dans des embuches qu'une femLib. 1. cap, me lui auroit préparées ? Ce que le même hiftorien raporte du brufque emportement & de la puerile venCynde, geance de Cyrus contre un * fleuve,où l'un de fes chevaux facrés s'étoit noié, & qu'il fit couper fur le champ par fon armée en trois cens foixante canaux combat directement l'idée qu'on a de ce Prince, dont le caractére étoit la Senec. lib. 3. douceur & la modération. D'ailleurs, de Ira sap,21. eft-il vraisemblable que Cyrus, marchant à la conquête de Babylone,perdît ainfi un tems qui lui étoit fi pré

a Satia te, inquit, fan guine quem fitifti, cujuf

que infatiabilis femper fuifti.Justin, lib. 1. cap. 8.

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cieux, confumât l'ardeur de fes troupes dans un travail fi inutile, & manquât l'occafion de furprendre les Babyloniens en s'amufant à faire la guerre à un fleuve, au lieu de la porter contre les ennemis ?

Mais ce qui décide fans réplique en faveur de Xénophon, eft la conformité de fon récit avec l'Ecriture fainte, où l'on voit que, bien loin que Cyrus eût élevé l'empire des Perfes fur la ruine de celui des Médes, comme le marque Hérodote, ces deux peuples de concert attaquérent Babylone, & joignirent leurs forces pour abbattre cette redoutable puiffance. D'où peut donc venir une fi grande différence entre ces deux hiftoriens Hérodote nous l'explique. Dans l'endroit même où il raporte la naiffance de Cyrus, & dans celui où il parle de fa mort, il avertit que dès lors il y avoit différentes maniéres de raconter ces deux grands événemens. Hérodote a fuivi celle qui étoit de fon goût, & l'on voit qu'il aimoit les chofes extraordinaires &. merveilleuses, & qu'il y ajoutoit foi très-facilement. Xénophon étoit plus

férieux, & moins crédule; & il nous avertit dès le commencement de cette hiftoire, qu'il s'étoit informé avec grand foin de la naiffance de Cyrus, de fon caractére, & de fon éducation.

CHAPITRE SECOND. HISTOIRE DE CAMBYS E. cap. 1-3.,5. Dfur le trône, il congea à porter ES QUE Cambyfe fut monté

Herod. lib.3.

AN.M.3475.

134.

A. J. C. 529. la guerre en Egypte, pour une injure particuliére qu'il prétendoit, felon Hérodote, avoir reçue d'Amafis : je Tom. 1 l'ai raportée ailleurs. Il y a plus d'apparence qu'Amafis qui s'étoit foumis à Cyrus, & qui étoit devenu fon tributaire, n'aiant pas voulu après fa mort rendre les mêmes devoirs à fon fucceffeur, & s'étant fouftrait de fon obéiffance, s'attira par là cette guerre.

Cap. 4-9.

Cambyfe, pour la pouffer avec fuccès, fit de grands préparatifs tant par mer que par terre. Il engagea les Cypriots & les Phéniciens à l'affifter de leurs vaiffeaux. Pour fon armée de terre, il joignit à fes propres troupes un grand nombre de Grecs, d'Ioniens, & d'Eoliens, qui en faifoient la prin

cipale force. Mais nul ne lui fut d'un plus grand fecours dans cette guerre que Phanès d'Halicarnaffe, qui étant Chef de quelques Grecs auxiliaires qui étoient au fervice d'Amafis, fe jetta, pour quelque mécontentement qu'il reçut de ce Prince, dans le parti de Cambyfe, & lui donna touchant la nature du pays, les forces de l'ennemi, & l'état de les affaires, toutes les lumiéres dont il avoit befoin pour réuffir dans cette expédition. Ce fut en particulier par fon avis qu'il engagea un Roi Arabe, dont les terres confinoient à la Palestine & à l'Egypte, à fournir de l'eau à fon armée pendant qu'elle traverferoit le défert qui étoit entre ces deux pays: ce que ce Prince exécuta en lui faifant porter cette eau fur le dos des chameaux, fans quoi Cambyfe n'eût pu paffer avec fon armée par ce chemin.

Aiant fait ces préparatifs, il atta- Cap. 10. qua l'Egypte la quatrième année de fon régne. Lorfqu'il fut arrivé für la frontière, il apprit qu'Amafis venoit de mourir, & que Pfamménite fon fils, qui lui avoit fuccédé, étoit occupé à ramaffer toutes fes forces pour l'empêcher de pénétrer dans fon

roiaume. Il ne pouvoit s'en ouvrir l'entrée qu'en fe rendant maître de Pélufe qui étoit la clé de l'Egypte de ce côté-là. Mais cette place étoit fi forte, qu'elle devoit, felon toutes les Polyen. lib. 7.apparences, l'arréter lontems. Pour s'en faciliter la prife, il s'avifa de ce ftratagême, s'il en faut croire Polyéne. Aiant appris que toute la garnifon étoit compofée d'Egyptiens,dans un affaut qu'il donna à la ville il mit au premier rang un grand nombre de chats, de chiens, de brebis, & des autres animaux que les Egyptiens tenoient pour facrés. Ainfi les foldats n'ofant lancer aucun trait ni tirer aucune fléche de ce côté-là, de peur percer quelqu'un de ces animaux, Cambyfe fe rendit maître de la place fans aucune oppofition.

Herod. lib. 3.

cap. 14

de

Dans le tems que Cambyfe venoit de fe rendre maître de cette ville Pfamménite s'avança avec une grande armée pour arréter fes progrès. Il y eut entre eux un grand combat. Mais,avant que d'en venir aux mains, des Grecs qui étoient dans l'armée de Pfamménite, pour fe venger de la revolte de Phanès, prirent les enfans qu'il avoit été obligé de laiffer en

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