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palais. Ce qu'il avoit de plus remarquable étoit une tour prodigieufe, qui étoit au centre de cet édifice, bâtie en quarré, laquelle, felon Hérodote, Le ftade avoit un ftade de longueur fur autant a plus de 104 de largeur, &, felon Strabon, un

toifes.

ftade auffi de hauteur. Elle confiftoit en huit tours bâties l'une fur l'autre, qui alloient toujours en diminuant : c'eft pourquoi Strabon lui donne le nom de pyramide. On prétend, & on démontre, que cette tour furpaffoit beaucoup en hauteur la plus grande des pyramides d'Egypte. C'est ce qui donne un jufte lieu de croire, Phaleg part comme Bochart l'affure, que c'eft la 3.lib. 1.cap.9 même qui fut bâtie lors de la confufion des langues: d'autant plus que les Auteurs profanes remarquent qu'elle fut toute bâtie de brique & de bitume, comme l'Ecriture le dit de la tour de Babel. On y montoit par des degrés qui alloient en tournant par le dehors, ce qui fignifie peut-être une rampe douce prife dans l'épaiffeur du mur, laquelle tournoiant huit fois avant que d'arriver au fommet, formoit une apparence de huit tours pofées l'une für l'autre. On y avoit pratiqué plufieurs grandes chambres avec des vou tes foutenues par des pilliers.

Au fommet de la tour il y avoit une efpéce d'obfervatoire, par le fecours duquel les Babyloniens s'étoient rendu habiles en astronomie plus qu'aucune autre nation, & y avoient fait en peu de tems les grands progrès que l'histoire leur attribue.

Mais cette tour étoit principalement destinée au culte du dieu Bel ou Baal, & à celui de plufieurs autres divinités. Il y avoit pour cette raison plufieurs chapelles en différens endroits de la tour. Les richesses de ce temple en statues, tables, encenfoirs, coupes, & autres vafes facrés, le tout d'or maffif, étoient immenfes. Parmi ces statues il y en avoit une de quarante piés de haut, qui feule pefoit mille talens Babyloniens.

Le talent Babylonien, felon Pollux dans fon Onomafticon, vaut 7000 dragmes Attiques; & par conféquent un feptiéme plus que le talent Attique, qui n'en vaut que 6000.

Selon le dénombrement que fait Diodore des richeffes renfermées dans ce temple, la fomme totale eft de 6300 talens d'or Babyloniens.

Le feptiéme de 6300 eft 150. Par conféquent 6300 talens d'or Babylo

Strab. lib. 16.

pag. 738.

7.pag..480.

niens valent 73 5o talens d'or Attique.

Or 7350 talens Attiques d'argent valent 22050000 l. c'est-à-dire vingtdeux millions cinquante mille livres. Comme nous mettons pour les anciens la proportion de l'or à l'argent de dix à un, 7350 talens Attiques d'or doivent valoir 220 500000 livres c'est-à-dire deux cens vingt millions cinq cens mille livres.

Herod.lib.1. Ce temple fubfiftoit encore au tems 4p. 183. de Xerxès. Ce Prince, à son retour de fon expédition contre la Grece, le déArrian. lib. molit entierement, après en avoir enlevé les tréfors immenfes. Alexandre, quand il fut revenu des Indes à Babylone, forma le deffein de le rebâtir: & d'abord il emploia dix mille hommes pour nettoier la place, & en écarter les ruines. Mais étant mort deux mois après, l'entreprise cessa.

Diod. lib. 2. 7.100-108.

Tels étoient les principaux ouvrages qui ont rendu Babylone fi fameufe. Quelques-uns en font attribués par les auteurs profanes à Sémiramis, dont il eft tems que nous reprénions l'hiftoire.

APRE'S qu'elle eut achevé tous ces grands ouvrages, elle crut devoir parcourir toutes les parties de fonempire,

& elle laiffa par tout des marques de fa magnificence par de fuperbes bâtimens qu'elle conftruifit foit pour la commodité, foit pour l'ornement des villes, s'appliquant fur-tout à faire conduire de l'eau par des aqueducs dans les lieux qui en manquoient, & à rendre aifées les grandes routes en perçant des montagnes, & comblant des vallées. Du tems de Diodore on voioit encore en plufieurs endroits des monumens qui portoient fon

nom.

Il paroit qu'elle avoit une grande Val. Max. autorité fur les peuples, puifque fat préfence feule étoit capable d'arréter une fédition. Un jour, pendant qu'elle étoit à fa toilette, on vint lui annoncer qu'il y avoit quelque mouvement dans la ville. Elle partit fur le champ la tête à demi coiffée, & ne revint point que le trouble ne fût entierement appaifé. On lui érigea une statue, où elle paroiffoit dans cette même attitude & cet état négligé, qui ne l'avoit point empêché de voler à fon devoir.

Non contente de la vafte étendue d'Etats que fon mari lui avoit laiffés, elle fit la conquéte d'une grande partie

de l'Ethiopie. Pendant qu'elle étoit dans ce pays, elle eut la curiofité de vifiter le temple de Jupiter Ammon, pour favoir de l'oracle quand fa vie finiroit. Il lui fut répondu, fi l'on en croit Diodore, que ce feroit lorfque fon fils Ninyas lui drefferoit des embuches, & qu'après fa mort une partie de l'Afie lui rendroit des honneurs divins.

Sa grande & derniere expédition fut contre les Indes. Elle amaffa dans cette vûe des troupes innombrables de toutes les provinces de fon empire. Le rendez-vous fut à Bactre. Comme la force des Indiens confiftoit principalement dans le grand nombre d'éléphans qu'ils avoient, elle fit accom

moder des chameaux en forme d'élé

phans dans l'efpérance de tromper ainfi les ennemis. On dit que Perfée, lontems après, en fit autant contre les Romains. Mais cet artifice ne leur réuffit ni à l'un ni à l'autre. Le Roi des Indes, aiant appris qu'elle approchoit, lui envoia des Ambaffadeurs pour lui demander qui elle étoit, & de quel droit, fans avoir reçu de lui aucune injure, elle venoit de gaieté de cœur attaquer les Etats; & il ajoutoit que

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