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dre ombre de vraisemblance. Le moment précis, & d'où dépend tour le refte des prédictions, eft celui de la naiffance. Et pourquoi pas celui de la conception? Pourquoi les étoiles ne font-elles rien pendant neuf mois de groffeffe? Peut-on même jamais,dans la rapidité incroiable du mouvement des cieux, être fûr d'avoir faifi le moment précis & décifif, fans qu'il y ait eu du plus ou du moins, ce qui fuffit pour tout renverfer? Il y a mille queftions pareilles à faire.

Ils peuvent encore moins fe flater d'avoir pour eux l'expérience. Elle ne pourroit confifter que dans les obfervations qu'on auroit faites d'événemens arrivés toujours de la même forte lorfque les planétes fe feroient

trouvées dans une certaine fituation. Or, du confentement de tous les Aftronomes, il faut plufieurs milliers d'années pour rencontrer seulement deux fois telle conftitution des aftres que l'on voudra s'imaginer; & il est très certain que celle que le ciel doit avoir demain,nes'eft point encore vûe depuis la création du monde. On peut confulter les deux philofophes que j'ai cités, & fur-tout Gaffendi, qui a

traité la matiére plus au long. C'est fur de pareils fondemens qu'eft pofé tout l'édifice de l'Aftrologie judi

ciaire.

Mais ce qui eft étonnant, & qui marque un renversement entier de raifon, c'eft que de prétendus efprits forts, qui fe roidiffent opiniatrement contre les preuves les plus convaincantes de la religion, & qui refusent de croire fur la parole de Dieu méme les prophéties les plus claires & les plus certaines, fe livrent quelquefois totalement aux vaines prédictions de ces aftrologues & de ces impofteurs.

Saint Auguftin, en plufieurs endroits de fes écrits, nous avertit que cette folle & facrilége crédulité a eft un jufte châtiment de Dieu, qui punic fouvent l'aveuglement volontaire des hommes par des tenébres plus épaiffes, & qui permet que les démons, pour les mieux retenir dans leurs filets, leur faffent prédire quelquefois des

a His omnibus confi-xias opiniones de aftralideratis, non immeritò bus fatis in'erere huinacreditur, cùm Aftrologi nis mentibus atque firmirabiliter multa vera mare non horofcopi refpondent, occulto in- notati & infpecti aliqua tinctu fieri fpirituum arte, quæ nulla eft. De non bonorum, quorum Civit. Deil. 5.c. 7. cura eft has falfas & no

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chofes qui arrivent effectivement, mais dont fouvent l'attente ne fert qu'à les tourmenter.

Dieu, qui feul prévoit l'avenir, parce qu'il en difpofe feul avec une fouveraine autorité, a infulte fouvent dans fes Ecritures à l'ignorance des aftrologues de Babylone tant vantés, qu'il traite de fabricateurs de menfonges, fabricatores errorum ; & il donne hautement le défi à tous les faux dieux de prédire quelque chofe, confentant s'ils y réuffiffent, qu'on les révére comme des dieux. Puis, apoftrophant Babylone,il lui annonce dans le dernier détail toutes les circonftances des maux dont il l'accablera plus de deux cens ans après, fans

en tirerez, quelque avanta

la difpofition des aftres. & qui prédifent chaque mois ce qui vous doit arriver, viennent maintenant,

a Le mal vous attaquera, Lans que vous aviez pú lege. Vous vous êtes fatiguée canjelturer par aucun in- à confulter une multitude dice. Vous vous trouverez d'impofteurs. Que vos aftro furprise par des malheurs logues qui contemplent le que vous ne pourrez dé- ciel, qui étudient le cours tourner (par vos maléfices;) &une défo'ation que vous n'aurez jamais prévde viendra fandre tout d'un. cour fur vous. Appellez à ustre fe ours vos enchanteurs, tous les fecrets de la magie, auxquels vous vous étes appliquée avec tant de travail des votre jeuneffe, pour voir si vous

qu'ils vous fauvent.. Le feu les dévorera eux-mêmes, & ils ne pourront délivrer leurs ames flammes ardentes. Ifaï.ch. 47. verf. 1-14.

des

que fes enchanteurs, qui la flatoient d'avoir lu dans les aftres les affurances de fa grandeur éternelle, puiffent en détourner l'effet, ni méme en prévoir l'accompliffement. Mais comment l'auroient-ils fait, puifque dans le tems même de l'exécution, lorfque Baltazar, dernier roi de Babylone, Dan. cap. 1. vit fortir de la muraille une main qui y traçoit des caractéres inconnus, les Mages, les Caldéens, les Augures en un mot tous les prétendus Sages du pays, ne purent venir à bout de lire cette écriture. Voila donc l'aftrologie & la magie convaincues d'ignorance & d'impuiffance dans le lieu même où elles étoient le plus en vogue, & dans une occafion où il étoit certainement de leur intérêt d'étaler toute leur fcience & tout leur pouvoir.

ARTICLE IV.

Religion.

LA PLUS ancienne & la plus générale idolatrie a été celle qui a eu le foleil & la lune pour objets. Elle étoit fondée fur une fauffe reconnoiffance, qui au lieud e remonter jufqu'à Dieu, s'arrétoit au voile qui le cachoit en le

montrant. Avec la moindre réflexion on eut pu difcerner le Maître qui com*Chez les mandoit, du * miniftre qui ne faifoit nom ordinaire que lui obéir.

Hébreux, le

du Soleil fignifie miniftre

On a toujours fenti qu'il devoit y avoir néceffairement un commerce entre Dieu & l'homme; & l'adoration fuppofe que Dieu foit attentif aux defirs de l'homme, & capable de les remplir. Mais la diftance du soleil & de la lune eft un obstacle à ce commerce. Les hommes aveugles ont tâché de remédier à cet inconvénient, a en portant leur main à leur bouche, & en l'élevant enfuite vers ces fauffes divinités, pour leur témoigner qu'ils voudroient s'y unir, mais qu'ils ne peuvent. C'eft de cette coutume impie, ufitée dans tout l'orient, que Job fe trouvoit heureux d'avoir été préfervé Je n'ai point regardé le foeft en forme de leil dans fon grand éclat, ni la lune lorfvidi folem, qu'elle avoit plus de majesté. Mon cœur Fb. 31. 26. n'a point été fednit n'a point été féduit en fecret, ET JE N'AI

* Le texte

ferment:

&c.

27.

fi

Herod. l. I. 0.131.

POINT PORTE' MA MAIN A MA
BOUCHE POUR LA BAISER.

Les Perfes adoroient le Soleil avec

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