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du bien, & un Ange de ténébres qui eft l'auteur du mal: Que ces deux Anges ont formé du mélange de la lumiére & des ténébres toutes les chofes qui exiftent; qu'ils font continuellement en guerre l'un contre l'autre ; que lorfque l'Ange de lumiére fe rend le maître, le bien l'emporte fur le mal, & que lorsque l'Ange de ténébres a l'avantage, le mal prévaut fur le bien, & que ce conflict durera jufqu'à la fin du monde: Qu'alors il y aura une réfurrection univerfelle, & un jour de Jugement, où chacun recevra la jufte rétribution de fes œuvres: Qu'après cela l'Ange de ténébres & fes difciples feront relegués dans un lieu, où ils fouffriront les peines dûes à leurs crimes dans une obfcurité éternelle; & l'Ange de lumiére & fes difciples iront auffi dans un lieu où ils recevront la récompenfe de leurs bonnes actions dans une lumiére éternelle: Qu'ils feront féparés pour toujours, & que la lumière & les ténébres ne feront plus jamais mélées & confondues enfemble. Les reftes de cette fecte, qui fubfiftent encore dans la Perfe & dans les Indes retiennent encore aujourd'hui depuis

tant de fiécles tous ces articles, fans aucune variation,

Il n'eft pas néceffaire d'avertir le Lecteur que prefque tous ces dogmes, quoi qu'altérés en plufieurs points, ont en général une grande conformité avec les Saintes Ecritures; & il eft évident qu'elles n'ont point été inconnues aux deux Zoroaftres qui ont pu connoître tous deux le peuple de Dieu, le premier dans la Syrie où les Ifraélites étoient établis depuis lontems, le fecond à Babylone où les mêmes Ifraélites avoient été tranf portés, & où Zoroastre aura pu confulter Daniel qui étoit tout-puiffant dans la Cour du Roi des Perfes.

Une autre réforme que fit Zoroaftre dans l'ancienne religion des Mages, c'eft qu'il fit bâtir des temples, où l'on confervoit avec grand foin le feu facré qu'il prétendoit avoir apporté lui-même du ciel. Les prêtres veilloient jour & nuit pour empêcher qu'il ne s'éteignît.

On trouve tout ce qui regarde les Mages, raporté fort au long & fort favamment dans les deux premiers Tomes de l'hiftoire des Juifs par M. Prideaux, dont je n'ai fait ici qu'extraire une très-petite partie.

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Mariages & Sépulture.

peu

L'ARTICLE de la religion des ples d'orient, que j'ai cru devoir traiter avec quelque étendue, parce que je la regarde comme une partie effentielle de leur hiftoire, m'oblige d'abréger ce qui concerne leurs autres coutumes. Celles des mariages & des noces ne doivent pas être omises.

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Rien n'eft plus horrible, & ne mar- Herod. l. 1. que mieux les profondes ténébres où 199. l'idolatrie avoit plongé le genre humain, que la proftitution publique des femmes à Babylone, non feulement autorisée par les loix, mais commandée par la religion même dans une certaine fête de l'année, que l'on célébroit à l'honneur de la déeffe Vénus fous le nom de Mylitta, dont le temple devenoit par cette infame. cérémonie un lieu de débauche. Elle Barnc. 6, y régnoit encore & y étoit fort commune,lorfque les Ifraélites furent ménés en captivité dans cette ville criminelle, & Jérémie fe crut obligé de les prémunir & de les fortifier contrę un fcandale fi abominable.

La dignité & la fainteté du mariage n'étoient pas plus connues chez les

42.43.

Herod. 1. 1. Perfes. Je
Je ne parle pas feulement de

6.135.

cette multitude incroiable de femmes & de concubines, dont le ferrail des Rois étoit rempli,à l'égard defquelles ils pouffoient la jaloufie auffi loin que s'ils n'en euffent eu qu'une feule, les tenant toutes renfermées chacune dans un appartement féparé fous la févére garde des Eunuques, fans aucune communication entr'elles, & beaucoup moins encore avec les per Philo.lib. de fonnes du dehors. On ne fauroit lire Special. leg. fans horreur jufqu'où ils avoient por Diog. Laert. té l'oubli & le mépris des loix les plus in Proem. P. communes de la nature. L'incefte avec

778.

6.

une fœur étoit permis chez eux par les loix, ou du moins autorisé par les Mages,ces prétendus fages de la Perfe, comme on l'à vu dans l'hiftoire de Cambyfe. Un pere même ne refpec toit pas fa fille, ni une mere fon fils. In Artax. Nous lifons dans Plutarque que Papag. 1013. ryfatis, mere d'Artaxerxe Mnémon, qui cherchoit en tout à complaire au Roi fon fils, s'apercevant qu'il avoit conçu une violente paffion pour une de fes propres filles nommée Atolla, loin de s'y oppofer, lui perfuada de l'épouser, & d'en faire fa femme légitime en fe moquant des opinions

& des loix des Grecs. Car, lui ditelle en pouffant la flaterie à un excès affreux, c'est vous que Dieu a donné aux Perfes comme la feule loi & la feule régle de tout ce qui eft honnête ou deskonnête,

vertueux on vicieux.

Cette coutume abominable duroit encore du tems d'Alexandre le Grand, qui étant devenu maître de la Perfe par la défaite & par la mort de Darius, fit une loi expreffe pour la défendre. Ces excès nous apprennent de quel abyme l'Evangile nous a délivrés, & combien la fageffe humaine eft une foible barriére contre les crimes les plus déteftables.

c. 16.

Je finis, pour abréger, en difant un mot de la fépulture des morts. Ce Herod. l. 3 n'étoit point la coutume dans l'orient, & fur-tout chez les Perfes, d'élever un bucher dans les funérailles pour y confumer par les flammes les corps morts. Auffi voions-nous que Cyrus Cyrop. 1. 9. en mourant recommanda avec grand. 238. foin à fes enfans d'inhumer fon corps, & de le rendre à la terre, ce font fes

a Ac mihi quidem antiquiffimum fepulturæ genus id fuiffe videtur quo apud Xenophontem Cyrus utitur. Redditur

enim terræ corpus, & ita
locatum ac fitum quafi
operimento matris obdu-
citur. Cic. lib. 2. de leg.
2. 56.

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