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G 16.

expreffions; par lefquelles il femble marquer qu'il regardoit la terre comme fa premiéré origine, où il étoit Herod. 1. 3. jufte qu'on le fît retourner. Et Cambyfe, après avoir fait effuier au cadavre d'Amafis roi d'Egypte mille traitemens indignes, crut y mettre le comble en le faifant confumer par les flammes, ce qui étoit également contraire au ufages des Egyptiens & des Perfes, a Ceux-ci avoient coutume d'enduire & d'environner de cire les corps morts, pour les faire fubfifter plus lontems.

J'ai cru devoir traiter ici avec quel que étendue ce qui regarde les mœurs & les coutumes des Perfes, parce que l'hiftoire de ce peuple doit occuper une grande partie de mon ouvrage, & que je n'y reviendrai plus dans la fuite. Le Livre de Barn. Briffon, Président du Parlement de Paris, fur le Gouvernement des Perfes, m'a été d'un grand fecours. Ces fortes de recueils, quand ils font faits par une

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main habile, épargnent beaucoup de peine, & fournillent à un Ecrivain des traits d'érudition qui lui coutent peu, & qui ne laiffent pas fouvent de lui faire beaucoup d'honneur,

ARTICLE V.

Caufes de la décadence de l'Empire des Perfes,& du changement arrivé dans les mœurs,

QUAND on compare ce qu'étoient les Perfes avant Cyrus & fous le régne de ce Prince, avec ce qu'ils furent depuis fous fes fucceffeurs, on a peine à comprendre que ce fût le même peuple; & l'on touche au doit cette vérité, que dans un Etat la décadence des mœurs entraîne toujours après elle celle de l'Empire.

on

Entre plufieurs caufes du changement arrivé dans celui des Perfes, en peut fur - tout confidérer quatre principales: la magnificence & le luxe portés au dernier excès; l'afferviffement des peuples & des fujets pouflé jufqu'à l'esclavage; la mauvaife éducation des Princes, qui fut la fource de tous les défordres; le manque de Tome II.

V

Plut. in

Atophth. pag.

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bonne foi dans l'exécution des traités & des fermens.

§. I. Magnificence & luxe.

CE QUI fit regarder les Perfes du tems de Cyrus comme des troupes invincibles, étoit la vie fobre & dure à laquelle ils étoient accoutumés dès l'enfance, ne bûvant ordinairement que de l'eau, fe contentant pour leur nourriture de pain & de quelques légumes, couchant fur la dure, s'exerçant aux travaux les plus pénibles, & ne comptant pour rien les plus grands dangers. La température du pays où ils étoient nés, âpre, hérissé de forêts, & rempli de montagnes, pouvoit y avoir contribué; & c'est pourquoi Cyrus ne voulut jamais confentir au deffein qu'on avoit de les transplanter dans un climat plus doux & plus commode. L'excellente éducation qu'on donnoit aux Perfes, dont nous avons parlé ailleurs avec affez d'étendue, qui n'étoit point abandonnée au caprice des parens, mais foumife à l'autorité des Magiftrats, & réglée fur les principes du bien public, les préparoit à garder en tout & par-tout une discipline exacte & sévére. Ajou

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tez à cela l'exemple du Prince, qui fe piquoit de paller tous les autres en régularité; le plus fobre pour le vivre, le plus fimple dans fes vétemens, le plus endurci à la fatigue, le plus brave & le plus intrépide dans l'action. Que ne pouvoit-on point attendre de foldats formés & exercés de la forte! Auffi fut-ce par eux que Cyrus fit la conquête d'une grande partie du

monde.

Quand il s'en fut rendu maître, il les exhorta fort à ne point dégénérer de leur ancienne vertu, pour ne point dégénérer de leur gloire, & à conferver toujours avec foin la fimplicité, la fobriété, la tempérance, l'amour du travail, qui les en avoient mis en poffeffion. Mais je ne fai fi lui-même dès lors ne jetta point les femences du luxe qui gagna & corrompit bientôt toute la nation. Dans cette augufte cérémonie que nous avons décrite ailleurs fort au long, & où il fe montra pour la premiére fois en public à fes fujets nouvellement conquis, il crut devoir étaler avec pompe, pour rehauffer l'éclat de la roiauté, tout ce que la magnificence a de plus brillant, & de plus capable d'éblouir les

yeux.

Entre autres chofes, il changea pour lui-même la maniére de fe vétir, & la fit changer auffi à tous fes Officiers, leur donnant des habits à la Méde, tout éclatans d'or & de pourpre, au lieu de ceux des Perfes qui étoient fort fimples & fort unis.

Ce Prince ne comprit pas combien l'exemple contagieux de la Cour, la pente naturelle qu'ont tous les homines à eftimer & à aimer ce qui frape & qui brille, le defir de se distinguer au deffus des autres par un mérite facile à acquerir à proportion de ce qu'on a plus de bien & de vanité ; combien tout cela enfemble étoit ca

pable de corrompre la pureté des anciennes mœurs, & de rendre le goût du fafte & du luxe bientôt dominant.

Ce fafte & ce luxe furent en effet portés à un excès qui étoit une véritaXenoph. Cy-ble folie. Le Prince menoit avec lui rep. 1. 4. p. toutes fes femmes, & l'on juge aifé91.99. ment de quel attirail cette troupe étoit fuivie. Les Généraux & les Offciers en faifoient autant chacun à proportion. Le prétexte étoit de s'animer à bien combattre par la vûe de ce qu'ils avoient de plus cher au monde:

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